Patrick Modiano
(1945-...)
Dossier
Le roman selon Patrick Modiano
Patrick Modiano et sa conception du roman toute en métaphores, par Clara Genois, 23 mars 2016 |
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Auteur de plus d'une trentaine de romans publiés entre 1968 et aujourd'hui, Patrick Modiano s'est vu décerner en 2014 le prix Nobel de littérature pour « l'art de la mémoire avec lequel il a évoqué les destinées humaines les plus insaisissables et dévoilé le monde de l'Occupation ». Cette honorable distinction de l'Académie suédoise a non seulement permis au romancier de se ranger du côté des plus grands tels que Beckett, Faulkner et Le Clézio, mais a également considérablement enrichi ma recherche sur sa poétique romanesque. L'art, Modiano sait le manier sous pratiquement toutes ses formes. Sous sa plume, des romans, des récits, des essais, du théâtre, des chansons, des films et même des livres jeunesse ont vu le jour et ces modes d'expression littéraire ont permis à l'écrivain d'expérimenter de nombreuses facettes de l'écriture. De ce parcours remarquable du point de vue de la diversité, mais aussi de la durée, le public et la critique ne retiennent toutefois qu'une seule chose : ses romans. Pourtant, Patrick Modiano n'a jamais jugé pertinent de publier un essai sur sa conception du roman et le fait que « la littérature pour la littérature, les recherches sur l'écriture, tout ce byzantinisme pour chaires et colloques, ça ne [l']'intéresse pas » a sans doute influencé ce choix. Les citations de ce texte proviennent donc majoritairement des quelques entretiens que Modiano a accordés au cours de sa carrière, entretiens qui se font plutôt rares avant 2014, mais qui vont se multiplier depuis l'obtention du Nobel. L'Histoire et plus particulièrement celle du Paris de l'Occupation se trouve au coeur des romans de Modiano et nombre d'entretiens sont à l'image de ses oeuvres : c'est avant tout le contexte historique et le rapport de l'écrivain face à cette période trouble qu'a été la Seconde Guerre mondiale qui intéressent les journalistes et les auteurs d'ouvrages sur l'oeuvre modianesque. Devant cette réalité, il a été difficile de dégager une poétique romanesque complètement détachée du traitement de l'Histoire, mais les différentes entrevues ainsi que le discours prononcé devant l'Académie suédoise en 2014 m'ont tout de même permis de tirer quelques conclusions sur la pensée du roman de Modiano. Après ces recherches, il me semble que c'est peut-être justement ce lien étroit entre mémoire et roman qui distingue la pratique de ce romancier de celle de ses contemporains. Rêverie plutôt qu'autobiographie. L'intérêt évident du public à discerner le vrai du faux dans les oeuvres de Modiano qui, il faut le dire, semblent parfois être un compte-rendu de la réalité, amène bien souvent au cours des entretiens la question du genre. Alors que ses romans sont presque inévitablement comparés à l'autobiographie ou à l'autofiction, Modiano émet des réserves quant à ces genres. Même pour Un pedigree, livre qui décrit froidement les faits marquants de son enfance, le terme autobiographie ne semble pas aller de soi pour Patrick Modiano. Dans une entrevue accordée en 2010, l'écrivain explique les raisons de cette hésitation :
Pour Modiano, est autobiographie ce qui raconte l'intime, le personnel. Le roman, ou le récit pour reprendre les termes du romancier, adviendrait alors lorsque l'auteur ne se sent pas impliqué émotionnellement par les évènements qu'il raconte. Certes, c'est sa vie qui est exposée, mais comme il y est étranger, les évènements deviennent des faits divers dont il se sert pour créer. Le « je » narrateur, même s'il est celui de Modiano, se montre neutre, dépouillé de tout sentiment qui le rattacherait aux épisodes marquants de sa vie. Le romancier dit même avoir toujours été « perturbé » par le style autobiographique. Dans un entretien accordé en 2014, il explique les raisons de la méfiance qu'il ressent envers ce genre :
Une oeuvre autobiographique ne serait ainsi jamais totalement véridique puisque le ton et la mise en scène de soi empruntés lors du récit de l'intime empêcherait d'en faire un objet « littéraire », au sens où Modiano l'entend. Pour arriver à écrire un roman, il propose plutôt une formule imagée qui semble simple au premier abord : rêver sa vie. La mémoire n'a donc de valeur littéraire que si elle est combinée avec l'imagination. C'est d'ailleurs « bizarrement » dans l'écriture fictionnelle que le romancier a l'impression de se rapprocher le plus de sa vie. Frontière entre fiction et réel. Si l'imaginaire est ce qui permet à Patrick Modiano de se connecter avec les évènements qu'il a vécus, l'origine de ses romans se trouve chaque fois dans un élément du réel : « Le point de départ est toujours quelque chose de très précis qui ne relève pas de la fiction. Un détail. Ou une scène. Quelque chose qui a véritablement eu lieu. Un morceau de réalité ». La base du roman modianesque est bien ancrée dans le réel et ces petits détails, aperçus ou vécus, se frayent un chemin dans l'imaginaire de l'écrivain pour amorcer une rêverie qui le poussera à l'écriture. Ce bout de réalité n'est cependant que le début de l'entreprise romanesque et c'est tout le travail de romancier qui reste à faire une fois qu'il a trouvé cette inspiration :
Le romancier doit donc « apprendre à mentir », amplifier les faits, non pour qu'ils paraissent invraisemblables, mais pour qu'ils se rapprochent le plus de ce que pourrait être la réalité. L'analogie avec l'acteur est à cet effet très bien choisie : le réel a lui aussi besoin d'être « maquillé » pour faire ressortir le caractère vraisemblable et pour qu'ainsi de simples faits qui pourraient demeurer anecdotiques puissent devenir romanesques. En déformant la réalité, le romancier réussit à « trouver une sorte de surréalité à des choses banales » et Modiano est d'avis que « la vraie réalité de ce[s] chose[s] se trouve dans cette surréalité. Il y a une sorte de phosphorescence qui ne vient pas forcément de [lui] mais qui vient de la chose elle-même ». Certes, c'est le travail du romancier de trouver ce qu'est la « surréalité » des choses, mais il n'a pas besoin de l'inventer puisque tous les éléments sont déjà présents dans les choses ordinaires, banales qui peuplent le quotidien. Il ne suffit que d'aller chercher chaque petit détail pour qu'elles perdent leur caractère insignifiant et qu'elles passent du factuel au littéraire. Donner « du mystère aux êtres qui semblent submergés par la vie quotidienne, aux choses en apparence banales, – et cela à force de les observer avec une attention soutenue et de façon presque hypnotique » est, selon Modiano, l'une des vocations principales de l'écrivain. Ce faisant, le romancier est considéré comme un visionnaire, puisqu'il réussit à pénétrer la réalité tellement en profondeur, qu'il est en mesure de voir au-delà des apparences et de prendre comme matière pour ses romans ce que les autres ne peuvent voir à l'oeil nu : « Et je ne serais pas loin de croire que dans le meilleur des cas le romancier est une sorte de voyant et même de visionnaire. Et aussi un sismographe, prêt à enregistrer les mouvements les plus imperceptibles ». Si le romancier est un visionnaire et qu'il est attentif à tous les mouvements, aussi imperceptibles soient-ils, le choix des éléments du réel dont il se servira dans ses oeuvres n'est pas aléatoire. En effet, il est tout de même orienté par ce qu'il a vécu au cours de sa vie et par les évènements qui l'ont marqué. L'enfance semble être une période particulièrement riche en « morceaux de réalité » dont le romancier peut s'inspirer pour l'écriture de ses romans : « [I]l y a souvent dans une vie un épisode, dans l'enfance, qui vous marque et qui sert de matrice à l'imaginaire et à la fiction. Même si cet épisode semble anodin, il vous poursuit et vous fait écrire souvent les mêmes textes ». Pour le romancier, l'enfance est une période qui s'inscrit dans l'imaginaire puisqu'elle est en quelque sorte le milieu où la fiction pourra prendre racine et se développer. Modiano insiste sur l'impossibilité d'arriver à s'en détacher : peu importe la nature des souvenirs que l'on en garde, qu'ils soient heureux, poignants ou qu'ils nous paraissent tout simplement étrangers, « [o]n est à jamais marqué par ce qu'on a éprouvé entre six et vingt ans. On retourne toujours à la case départ de l'enfance ». Si l'auteur a souvent eu à répondre à ceux qui lui reprochaient d'écrire sans cesse le même roman, cette matrice qu'est l'enfance pourrait être la cause des ressemblances et parfois même des séquences entières qui se répètent d'un livre à l'autre. Pour sa défense, Modiano, dans un entretien accordé en 2014, compare son art à celui du photographe qui essaie de voir une même chose sous des angles différents :
Dans ce même entretien, Modiano explique qu'il écrit pour se « débarrasser » de vieux souvenirs qui le hantent depuis son jeune âge. La satisfaction rêvée ne semble toutefois jamais gagner le romancier et c'est ce qui le replonge dans un autre roman qui, traitant de thèmes semblables, pourrait le soulager du fardeau qu'il porte depuis toutes ces années. L'écriture est pour lui « comme une fuite en avant » et les souvenirs de jeunesse sont des pans de réel propices à la créativité et à l'écriture fictionnelle. « J'ai […] une activité parallèle en dehors des livres que je publie ». À son activité principale de romancier, s'ajoute la passion pour les faits divers que Patrick Modiano entretient depuis de nombreuses années. Il accumule dans des cahiers des noms, des dates de naissance, des adresses, des numéros de téléphone, des données spécifiques sur des gens qui ont réellement existé. Comme ces individus sont la plupart du temps des inconnus, ces petits détails précis de leur vie plongent l'écrivain dans une rêverie et le poussent à mener des enquêtes ou à convoquer son imaginaire pour combler les lacunes, les manques. Cette « activité parallèle » pourrait être seulement anecdotique dans le parcours de l'écrivain si elle n'était pas étroitement liée à la poétique romanesque du romancier du fait que « tous les livres qu['il] écri[t] ne sont qu'une contraction de cette masse de renseignements qu['il]accumule ». Ce serait d'ailleurs le dépouillement de vieux annuaires parisiens qui aurait poussé le jeune Modiano à écrire ses premiers romans : « Oui, il me semble que c'est en consultant ces anciens annuaires de Paris que j'ai eu envie d'écrire mes premiers livres. Il suffisait de souligner au crayon le nom d'un inconnu, son adresse et son numéro de téléphone et d'imaginer quelle avait été sa vie, parmi ces centaines et ces centaines de milliers de noms ». Si les souvenirs personnels de l'écrivain et son enfance sont le fondement de son écriture romanesque, Modiano imbrique également certains détails de la vie de personnes inconnues à son récit afin que ses romans servent à « retrouver des traces ». Ces « traces », le romancier les découvre la plupart du temps dans la ville qui l'a marqué depuis son enfance, en l'occurrence Paris. En choisissant de cadrer pratiquement tous ses récits dans la Ville Lumière, il s'inscrit dans la lignée des romanciers qui ont eux aussi trouvé leur inspiration dans la peuplade des villes : « C'est ainsi que l'on fait l'apprentissage de la ville et, en cela, j'ai suivi l'exemple de la plupart des romanciers que j'admirais et pour lesquels, depuis le XIXe siècle, la grande ville – qu'elle se nomme Paris, Londres, Saint-Pétersbourg, Stockholm – a été le décor et l'un des thèmes principaux de leurs livres ». Les villes, « gigantesques croisements d'anonymes », sont une source intarissable d'éléments du réel qui vont s'immiscer dans l'imaginaire et amorcer la rêverie du romancier. Modiano confie aussi que cette multitude de visages inconnus provoque chez lui « une sorte de désir d'essayer d'identifier les gens et de rendre compte de ce foisonnement d'existences : une envie de ramener à la surface ce qui s'est perdu dans cet anonymat, les visages et les gestes entrevus ». À ce titre, la lecture du Mémorial de la déportation des juifs de France de Serge Klarsfeld est pour l'écrivain une sorte de révélation. Cet ouvrage, construit à la manière d'un annuaire téléphonique répertoriant les noms et les dates de naissances de tous les juifs français qui ont été déportés dans les camps de la mort, rejoint une des motivations principales et essentielles du romancier : « retrouver quelque chose de très précis, mais un seul élément, tout le reste étant nimbé d'incertitude ». C'est dans les incertitudes, dans les lacunes de la mémoire, dans les pans oubliés de l'Histoire que le romanesque peut advenir chez Modiano. Il ne cherche cependant pas à tout dévoiler, mais plutôt à éclairer la réalité par le biais de son imagination : « Le génie de Proust, c'est d'arriver à retrouver le passé, alors que moi, je n'arrive qu'à retrouver de traces. Je n'ai pas cette force qui permet de ressusciter les évènements ou les gens, j'arrive juste un peu à éclaircir ce qui est obscur ». Le roman n'a donc pas comme nécessité de révéler tous les mystères, puisqu'il doit conserver le caractère énigmatique des faits racontés. Le côté suggestif des choses prend alors toute son importance. Patrick Modiano explique l'impossibilité actuelle à retrouver le passé par le fait « qu'aujourd'hui la mémoire est beaucoup moins sûre d'elle-même et qu'elle doit lutter sans cesse contre l'amnésie et contre l'oubli ». Ce combat constant contre l'oubli condamnerait le romancier à ne retrouver que des traces des évènements passés, sans pouvoir les reconstituer en entier, comme le faisait Proust dans ses romans par exemple. C'est dans ce travail d'enquête sur un passé oublié que les objectifs du romancier sont exprimés le plus clairement : « Mais c'est sans doute la vocation du romancier, devant cette grande page blanche de l'oubli, de faire ressurgir quelques mots à moitié effacés, comme ces icebergs perdus qui dérivent à la surface de l'océan ». Le temps particulier du romancier. Pour Patrick Modiano, le temps qui passe est le principal responsable de cette masse d'oubli qui recouvre pratiquement tout au fil des années. Cependant, le romancier bénéficierait d'un rapport particulier au temps et c'est cette singularité qui lui permettrait de retrouver le passé sous forme de traces, en retirant une à une les couches d'amnésie qui le tapissent. D'une part, Modiano a la conviction « qu'un écrivain est marqué d'une manière indélébile par sa date de naissance et par son temps, même s'il n'a pas participé d'une manière directe à l'action politique, même s'il donne l'impression d'être un solitaire, replié dans ce qu'on appelle « sa tour d'ivoire ». Le romancier, même s'il essaie de s'en détacher, est prisonnier de l'époque qui l'a vu naître et ses romans seront nécessairement teintés de l'atmosphère régnante au moment de sa naissance. Il explique d'ailleurs la différence entre les grandes fresques romanesques qui ont marqué le XIXe siècle et les oeuvres contemporaines, morcelées et discontinues, par le temps qui s'est accéléré et qui semble avancer par saccades. Pourtant, alors que le romancier ne peut que laisser transparaître son temps dans ses oeuvres, ce n'est que le passé qui intéresse Modiano. Déjà en 1972, le jeune écrivain s'exprimait au sujet du traitement du passé dans ses romans et déclarait que l'avenir et le présent n'apparaissent pas sous des couleurs très intéressantes du point de vue romanesque, puisqu'on ne peut en parler qu'en termes de document . Le passé est donc la principale préoccupation de Modiano, qui voit en lui comme « un espèce d'éclat un peu voilé » garantissant le caractère intéressant du texte. C'est avant tout la perception contemporaine des temps désormais révolus que le romancier doit exploiter dans son oeuvre. Modiano croit cependant qu' « un écrivain, comme tout autre artiste, a beau être lié à son époque de manière si étroite qu'il n'y échappe pas et que le seul air qu'il respire, c'est ce qu'on appelle « l'air du temps », il exprime toujours dans ses oeuvres quelque chose d'intemporel ». C'est ce rapport particulier du romancier, qui se situe entre l'attachement qu'il porte à son temps et le caractère intemporel de ses écrits, qui explique que certains écrivains comme Edgar Allan Poe ou Stendhal « sont mieux compris deux cents ans après leur mort que par ceux qui étaient leurs contemporains ». Un roman n'est donc pas figé dans une époque. Bien qu'il raconte des faits d'une période bien précise dans l'Histoire, il s'agit toujours d'une rêverie subjective sur les temps qui hantent le romancier. Et la rêverie, selon Patrick Modiano, est intemporelle. En définitive, ce rapport au temps placerait le romancier « en marge de la vie ». Cette légère distance lui permet de garder une image plus claire de la réalité que s'il n'était plongé dans l'action, mais elle « n'empêche pas le pouvoir d'identification qui est le sien vis-à -vis de ses personnages et celles et ceux qui les ont inspirés dans la vie réelle ». Bien qu'il se tienne à l'écart, le romancier peut tout de même s'identifier à des gens ou à des évènements au point de ne plus pouvoir se dissocier de ces personnes lorsqu'elles deviennent ses personnages, comme Flaubert avec Madame Bovary ou Tolstoï avec Anna Karénine. La marginalité qui caractérise l'écrivain comporte cependant deux tranchants: elle lui permet de créer, mais elle « suppose aussi une certaine solitude ». Cette solitude, Modiano ne la voit pas comme étant négative, comme un repli sur soimême, mais plutôt comme un état qui lui « permet d'atteindre un degré d'attention et d'hyperlucidité vis-à -vis du monde extérieur pour le transposer dans un roman ». En d'autres mots, cette mise à l'écart s'avère nécessaire pour que puissent être traduits en poésie romanesque les objets précis de la réalité. « Un romancier ne peut jamais être son lecteur ». De la même manière, il est impossible pour un romancier d'être un lecteur de ses livres. Plongé dans son oeuvre, il n'a pas la distance nécessaire pour être un lecteur critique de ses écrits. Il n'a donc « qu'une représentation confuse et partielle de ses livres, comme un peintre occupé à faire une fresque au plafond et qui, allongé sur un échafaudage, travaille dans les détails, de trop près, sans vision d'ensemble ». Pour Modiano, le lecteur en sait donc plus long sur le roman que l'auteur lui-même, puisque contrairement à ce dernier, il a la capacité de percevoir l'ensemble, la totalité de la réalité que le romancier a voulu exposer. Pour illustrer cette relation particulière entre un roman et son lecteur, Modiano emploie l'image de la photographie qu'on développe :
Bien que le romancier fasse la majeure partie du travail, celui de faire de la fiction à partir d'éléments du réel, de traces retrouvées, de faire sortir de l'oubli des personnes ou des évènements que le temps aurait fini par recouvrir entièrement, c'est le lecteur qui apporte la touche finale en rendant peu à peu le récit cohérent. Le roman appartient donc à son auteur seulement jusqu'au moment où il est achevé. Par la suite, il devient tel un enfant désormais capable de voler de ses propres ailes et de faire son chemin dans la pensée des lecteurs :
Alors que, comme nous l'avons vu, beaucoup d'éléments propres à chaque romancier influencent la manière d'écrire un roman, selon Patrick Modiano, le lecteur est en définitive la clé de sa poétique romanesque. Sans forcer son destinataire, le romancier doit l'entraîner dans sa rêverie qui ne prendra de sens qu'au moment de la lecture. Tout comme l'écrivain, qui a la capacité de voir dans la réalité ce que les autres ne voient pas et de transposer cette vision dans les romans, le lecteur a un rôle important à jouer. Il doit étudier le texte comme le romancier examine la réalité, c'est-à -dire lire le texte en essayant d'aller plus loin que les apparences pour qu'ainsi, les choses se révèlent à elles-mêmes. Entretiens et ouvrages cités :
Articles sans mention du nom de l'auteur :
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Bibliographie
Ouvrages cités |
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Patrick Modiano n'a jamais jugé pertinent de publier un essai sur sa conception du roman et le fait que « la littérature pour la littérature, les recherches sur l'écriture, tout ce byzantinisme pour chaires et colloques, ça ne [l']'intéresse pas » a sans doute influencé ce choix. Les citations de ce texte proviennent donc majoritairement des quelques entretiens que Modiano a accordés au cours de sa carrière, entretiens qui se font plutôt rares avant 2014, mais qui vont se multiplier depuis l'obtention du Nobel. Le discours de réception du prix Nobel est aussi une des sources importantes de cette recherche. |
« Verbatim : le discours de réception du prix Nobel de Patrick Modiano » ,ÌýLemonde.fr, 7 décembre 2014, , page consultée le [10 mars 2016]. « Modiano : ʺJe ne m'attendais pas du tout à remporter le Nobelʺ » ,ÌýLes inRocks, 15 octobre 2014,Ìý, page consultée le [14 mars 2016]. CROM, Nathalie. « Patrick Modiano, prix Nobel de littérature »,Ìý°Õé±ôé°ù²¹³¾²¹.´Ú°ù,Ìý4 octobre 2014,Ìý, page consultée le [12 mars 2016] «ÌýPour que tu ne te perdes pas dans le quartier de Patrick Modiano »,ÌýEntretien réalisé à l'occasion de la parution du livre en 2014,ÌýGallimard, , page consultée le [9 mars 2016]. «ÌýL'Herbe des nuits de Patrick Modiano », Entretien réalisé à l'occasion de la parution du livre en octobre 2012,ÌýGallimard, , page consultée le [9 mars 2016]. BUSNEL, François. « Modiano : ʺ Mon Paris n'est pas un Paris de nostalgie mais un Paris rêvé ʺ »,ÌýL'express, 4 mars 2010,Ìý, page consultée le [13 mars 2016]. BUTAUD, Nadia. Patrick Modiano, Paris, Textuel, coll. « Auteurs », 2008, 141 p. |
Citations
« Verbatim : le discours de réception du prix Nobel de Patrick Modiano » ,ÌýLemonde.fr, 7 décembre 2014,Ìý, page consultée le 10 mars 2016. |
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« Un romancier ne peut jamais être son lecteur, sauf pour corriger dans son manuscrit des fautes de syntaxe, des répétitions ou supprimer un paragraphe de trop. Il n'a qu'une représentation confuse et partielle de ses livres, comme un peintre occupé à faire une fresque au plafond et qui, allongé sur un échafaudage, travaille dans les détails, de trop près, sans vision d'ensemble ». |
« Modiano : ʺJe ne m'attendais pas du tout à remporter le Nobelʺ » ,ÌýLes inRocks, 15 octobre 2014,Ìý, page consultée le 14 mars 2016. |
« Les inRocks: Votre dernier roman, Pour que tu ne te perdes pas dans le quartier,commence de nos jours, mais plonge vite dans un épisode de votre enfance : quand votre mère vous avait confié, avec votre frère, à une autre femme, dans une maison étrange… |
CROM, Nathalie. « Patrick Modiano, prix Nobel de littérature »,Ìý°Õé±ôé°ù²¹³¾²¹.´Ú°ù,Ìý4 octobre 2014,Ìý, page consultée le 12 mars 2016. |
« N. C.: Vous avez confié parfois que vous auriez aimé écrire des romans policiers. Ce nouveau livre en est un, ou presque... |
«ÌýPour que tu ne te perdes pas dans le quartier de Patrick Modiano »,ÌýEntretien réalisé à l'occasion de la parution du livre en 2014,ÌýGallimard,Ìý, page consultée le 9 mars 2016. |
«ÌýOui, je crois qu'il est difficile d'être son propre biographe. L'entreprise autobiographique entraîne de grandes inexactitudes puisque l'on pèche souvent par omission, volontairement ou non. Et même si l'on cherche à être exact et sincère, on est condamné à une «posture» et un ton «autobiographique» qui risquent de vous entraver. Je crois que pour en faire une oeuvre littéraire, il faut tout simplement rêver sa vie – un rêve où la mémoire et l'imagination se confondent ». |
«ÌýL'Herbe des nuits de Patrick Modiano », Entretien réalisé à l'occasion de la parution du livre en octobre 2012,ÌýGallimard,Ìý, page consultée le 9 mars 2016. |
«ÌýLe roman est traversé d'allusions à des livres trouvés par hasard, à des auteurs peu ou mal connus — Anthony Hope, Oser Warszawski, Tristan Corbière. Rappeler ainsi, même fugitivement, leur existence est-il une manière de dire que l'oubli n'existe pas ? |
BUSNEL, François. « Modiano : ʺ Mon Paris n'est pas un Paris de nostalgie mais un Paris rêvé ʺ »,ÌýL'express, 4 mars 2010,Ìý, page consultée le 13 mars 2016. |
« F. B.: Où situez-vous la frontière entre la fiction et le récit ? |
BUTAUD, Nadia. Patrick Modiano, Paris, Textuel, coll. « Auteurs », 2008, 141 p. |
Toutes les citations de ce livres sont de Patrick Modiano lui-même. |