Les médicaments contre les brûlures d'estomac sont un facteur de risque à l'égard du C. difficile acquis dans la communauté
Des chercheurs ont découvert que certains médicaments, notamment les médicaments contre les brûlures d'estomac, qui réduisent l'acidité gastrique sont des facteurs de risque potentiels de l'infection à Clostridium difficile acquise dans la communauté. Cette nouvelle étude de recherche, qui sera publiée demain dans le Journal of the American Medical Association (JAMA), porte sur le C. difficile communautaire et constitue un suivi de travaux antérieurs du même groupe de recherche, qui avaient établi une hausse du risque provenant de ces médicaments en milieu hospitalier.
" Nous sommes persuadés que les médicaments qui réduisent l'acidité gastrique fournissent un milieu plus propice à la colonisation par la bactérie C. difficile ", dit la Dre Sandra Dial, chercheuse au CUSM et auteure principale de la nouvelle étude. De nombreuses études menées dans le monde ont documenté une augmentation de la maladie associée à C. difficile en milieu hospitalier, mais la présente étude est la première à indiquer que la tendance s'observe aussi dans la communauté en général. La Dre Sandra Dial est médecin titulaire au département des soins intensifs du CUSM et à celui de l'Hôpital général juif (HGJ) et professeure adjointe de médecine à l'Université McGill.
À l'aide de données extraites de la Base de données de recherche sur la pratique générale (General Practice Research Database) du Royaume-Uni, les chercheurs ont suivi l'évolution de la maladie associée à C. difficile dans la communauté sur une période de dix ans. " En 1994, on relevait dans la base de données moins de un cas de C. difficile pour 100 000 personnes ", dit la Dre Dial. " En 2004, ce chiffre avait connu une croissance exponentielle pour atteindre 22 cas pour 100 000. " Il est important de noter, toutefois, que les taux communautaires demeurent globalement très inférieurs aux taux observés dans les hôpitaux.
Découverte étonnante de l'étude, plus de 70 % des patients qui avaient développé la maladie associée à C. difficile n'avaient pas été hospitalisés dans l'année précédente et moins de 50 % avaient pris des antibiotiques dans les trois mois précédant l'apparition de la maladie. " C'est un fait qui mérite d'être souligné, car contrairement à ce qu'on croyait jusqu'ici, il est désormais évident que la maladie associée à C. difficile ne se cantonne plus au milieu hospitalier mais atteint la communauté et que les antibiotiques ne sont pas les seuls responsables ", dit Samy Suissa, Ph. D., premier auteur de l'étude et directeur du Programme d'épidémiologie clinique de l'Université McGill au CUSM.
Cette découverte s'inscrit dans la foulée de l'annonce faite la semaine dernière du séquençage du génome de la souche québécoise de C. difficile par des chercheurs du CUSM et de l'HGJ. L'Université McGill et ses hôpitaux affiliés entendent continuer d'être des chefs de file de la recherche sur le C. difficile pour améliorer les traitements et les méthodes préventives ainsi que pour développer un diagnostic plus rapide de cette infection, qui devient une grave préoccupation de santé publique, non seulement au Québec mais dans le monde.
Cette recherche a été financée par les Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC), la Fondation canadienne pour l'innovation (FCI) et le Fonds de la recherche en santé du Québec (FRSQ). Samy Suissa, Ph. D., est lauréat d'un Prix de chercheur émérite des IRSC.
À propos de Clostridium difficile
Le Clostridium difficile, ou C. difficile, est un microbe bactérien qui peut causer une infection intestinale. Les symptômes les plus fréquents sont la diarrhée, la fièvre et les douleurs abdominales. Des recherches menées au Québec indiquent que la souche prévalente de C. difficile au Québec ressemble aux autres souches observées aux États-Unis et en Europe. La souche québécoise est résistante à un groupe d'antibiotiques, les quinolones fluorées, ce qui pourrait avoir contribué à la propagation de la bactérie au Québec. Le lavage régulier des mains à l'eau et au savon est la mesure préventive de base de l'infection à C. difficile.
À propos du Centre universitaire de santé McGill (CUSM)
Le Centre universitaire de santé McGill (CUSM) est un centre hospitalier universitaire intégré, reconnu à l'échelle internationale pour l'excellence de ses programmes cliniques, de sa recherche et de son enseignement. Il est issu de la fusion de cinq hôpitaux d'enseignement affiliés à la Faculté de médecine de l'Université McGill : l'Hôpital de Montréal pour enfants, l'Hôpital général de Montréal, l'Hôpital Royal Victoria, l'Hôpital et l'Institut neurologiques de Montréal et l'Institut thoracique de Montréal. Misant sur le leadership médical acquis des hôpitaux fondateurs, le CUSM a pour objectif d'assurer aux patients des soins fondés sur les connaissances les plus avancées dans le domaine de la santé et de contribuer au progrès des connaissances.
À propos de l'Université McGill
Fondée en 1821, McGill est la principale université canadienne à forte intensité de recherche. L'Université compte 21 facultés et écoles professionnelles qui offrent plus de 300 programmes, du baccalauréat au doctorat. Environ 23 000 étudiants de 1er cycle et 7 000 étudiants de 2e et 3e cycles sont inscrits à l'un de ses deux campus situés à Montréal, au Canada. Elle est l'une des deux seules universités canadiennes à faire partie de l'Association américaine des universités.