Un vaccin pour le traitement des Lésions de la moelle épinière
Une équipe de scientifiques du Centre universitaire de santé McGill (CUSM), de l’Université McGill et de l’Université de Montréal a annoncé aujourd’hui qu’une percée avait été réalisée en vue du traitement des lésions médullaires (lésions de la moelle épinière).
« Nous avons testé avec succès un nouveau vaccin permettant de bloquer les molécules qui font obstacle à la régénération nerveuse dans la moelle épinière », a déclaré le Dr Samuel David de l’Institut de recherche de l’Hôpital général de Montréal (CUSM) et chercheur principal du projet. « Au plan de la régénération, cette technique nous a permis d’obtenir des résultats bien supérieurs à tout ce qui a été présenté jusqu’à maintenant. Cette importante découverte vient changer notre approche et notre méthode de travail en vue d’élaborer des stratégies qui nous permettront de traiter les lésions médullaires chez l’être humain. »
« Ce sont souvent de jeunes adultes qui subissent des lésions médullaires qui les rendent à jamais invalides », a fait remarquer le Dr Peter Braun, du département de biochimie de l’Université McGill. « Comme on ne peut pas réparer les fibres nerveuses atteintes de la moelle épinière, les effets (paralysie, perte sensorielle et incontinence urinaire et fécale) sont permanents. Les travaux de recherche que nous avons réalisés révèlent que plusieurs molécules peuvent inhiber ou empêcher la régénération nerveuse. La myéline, une membrane riche en gras qui forme un manchon isolant autour des fibres nerveuses, renferme ces molécules inhibitrices. Le vaccin que nous avons testé permet de bloquer ces inhibiteurs sans provoquer de réactions indésirables. »
Le Dr Lisa McKerracher, du département de pathologie et biologie cellulaire de l’Université de Montréal, qualifie cette percée de « méthode relativement peu invasive que l’on peut utiliser afin de stimuler le système immunitaire de l’animal pour produire des anticorps qui neutraliseront les protéines inhibant la régénération des axones ou des fibres nerveuses. » « Ce vaccin nous a également permis de cibler de nombreux types d’inhibiteur, alors que, auparavant, nous devions nous contenter d’un seul », a-t-elle ajouté.
La découverte annoncée aujourd’hui par les Drs David, McKerracher et Braun a été publiée dans l’édition de novembre du Neuron, le journal international des neurosciences. De plus, leur étude comptait parmi les trois communications scientifiques sur la régénération nerveuse qui ont fait l’objet d’une attention particulière lors de la réunion internationale de la Society for Neuroscience, qui a eu lieu à Miami le mois dernier.
Selon le Dr David, il convient maintenant de cerner d’autres inhibiteurs afin que cette découverte puisse avoir une utilisation clinique. Ils pourront ensuite tester en laboratoire un cocktail d’inhibiteurs épurés à titre de vaccin qui pourrait être administré aux humains. « Mais avant de passer à cette étape, nous avons encore beaucoup de travaux de recherche fondamentale et d’essais sur la planche », a-t-il ajouté. « Nous avons néanmoins franchi un jalon important en vue de mettre au point un traitement des lésions médullaires. »