Les vers parasites : menace cachée pour la santé mondiale
Une chercheuse en maladies parasitaires du CUSM/McGill remporte le Prix en santé publique internationale.
Près du tiers de la population mondiale est infectée par des vers parasites et la chercheuse Dre Theresa Gyorkos du CUSM a des solutions de taille quand il s'agit de s'attaquer à ce défi mondial en santé publique. Travaillant au sein d'une équipe internationale de chercheurs et de responsables politiques, elle contribue à l'élaboration d'un plan d'action stratégique que l'OMS publiera prochainement. Ce plan a pour but de contrôler les infestations par les vers intestinaux dans plus de 100 pays. La Dre Gyorkos a remporté le Prix international de l'Association canadienne de santé publique (ACSP) pour son apport à la santé publique lors de la conférence annuelle de l'ACSP tenue cette semaine à Montréal.
« Je suis très fière qu'à la fois ma recherche et mes contributions de mentorat soient reconnues par l'ACSP », livre la Dre Gyorkos, chercheuse en épidémiologie clinique à l'Institut de recherche du CUSM et professeure en épidémiologie, en biostatistiques et en sécurité au travail à l'Université McGill. « Les travaux réalisés par mon équipe de recherche au Canada en collaboration avec des partenaires d'autres pays, en terme de prévention et de contrôle des helminthes transmis par le sol, visent à améliorer la vie de beaucoup de personnes dans le monde. »
Les helminthes transmis par le sol, connus sous le nom de vers intestinaux, incluent les vers ronds, les vers en forme de fouet (trichuroses) et les vers accrochés (ankylostomes) qui pénètrent dans le corps humain de diverses façons. Cela peut se faire en ingérant des aliments infectés par des fèces, en buvant de l'eau, par les doigts et les objets, et même en marchant sur le sol contaminé par des œufs de parasites invisibles à l'œil nu. Une fois à l'intérieur de l'organisme, les vers se nourrissent de leur hôte et se reproduisent à profusion.
« Les vers parasites aggravent l'état de malnutrition coexistant et affaibli le système immunitaire, causant fatigue, anémie, troubles cognitifs, et ayant des répercussions négatives importantes sur l'espérance de vie », explique la Dre Gyorkos. « Les enfants sont particulièrement vulnérables à l'infestation par des vers intestinaux, qui influent sur leur alimentation, sur leur éducation et, ultimement, sur leur productivité économique en tant qu'adulte. »
La plupart des deux milliards de personnes estimées porteuses de vers parasites vivent dans des pays en développement où il n'y a pas d'eau potable ni de systèmes d'assainissement. Le programme de recherche de la Dre Gyorkos, qui se déroule au Pérou, porte particulièrement sur trois groupes de population à haut risque de morbidité associée aux vers : les enfants d'âge scolaire, les enfants d'âge préscolaire et les femmes enceintes.
« Le défi consiste à faire en sorte que les gouvernements mettent sur pied des plans d'action et des politiques de santé afin de s'assurer que des traitements antihelminthiques - gratuits et administrés en une seule dose - puissent être distribués de manière convenable et efficace dans leur pays », livre la Dre Gyorkos. « Nous travaillons avec les enseignants, les directeurs d'école et les parents à améliorer les programmes d'éducation sanitaire et à ce que ces médicaments soient administrés dans les écoles afin d'atteindre le plus grand nombre d'enfants possible. »
Le Prix international de l'ACSP rend hommage aux personnes ou aux organismes qui ont contribué à promouvoir la santé publique dans les sociétés dépourvues de ressources par l'élaboration de politiques publiques saines, le renforcement des services de soins de santé primaires, la promotion d'un accès égal aux milieux qui favorisent la santé et/ou l'accroissement de la participation communautaire.