Aux membres de la communauté mcgilloise,
Au cours des derniers mois, des membres de plus en plus nombreux de notre communauté universitaire ont signalé avoir fait l’objet, ou craindre de faire l’objet, d’une pratique appelée en anglais doxxing. Cette pratique désigne généralement la divulgation non souhaitée de données personnelles, mais au sein de notre communauté, elle décrit aussi l’action de braquer importunément les projecteurs sur l’activité d’une personne dans les médias sociaux.
Les personnes menant des actions militantes sur le campus craignent d’être menacées ou intimidées en raison de leur militantisme, de leurs allégeances politiques ou de leur adhésion à certaines idéologies. Elles redoutent, en effet, qu’on s’en serve pour nuire à leur réputation, ou alors pour faire obstacle à leur progression professionnelle ou à leurs études supérieures. Par ailleurs, certaines personnes craignent d’être victimes de cette pratique en raison de leurs opinions politiques ou de leur identité.
Il se pourrait que certains comportements relevant de cette pratique soient illégaux ou tombent sous le coup de politiques actuelles de l’Université. Cependant, ce dossier soulève des questions de première importance qui, pour notre bien à tous et toutes, commandent un sérieux travail de réflexion. C’est pourquoi j’ai confié à Fabrice Labeau, premier vice-provost aux études et à la vie étudiante, et à Angela Campbell, vice-provost à l’équité et aux politiques académiques, le mandat que voici :
- définir les pratiques constituant une « divulgation de données personnelles » (doxxing) dans le contexte mcgillois;
- déterminer si la divulgation de données personnelles et les pratiques apparentées ont véritablement cours à l’Université et, si oui, quelle est leur étendue;
- déterminer si ces comportements tombent sous le coup des politiques actuelles de l’Université et, si oui, dans quelles conditions;
- si certains cas de divulgation échappent aux politiques actuelles, déterminer si l’Université doit réviser ses politiques ou en rédiger une portant précisément sur la divulgation de données personnelles;
- déterminer s’il y a lieu d’améliorer les voies pour le signalement confidentiel des incidents d’intimidation – harcèlement, divulgation de données personnelles, discrimination, etc. – se produisant sur le campus et de mieux renseigner la communauté universitaire sur ces voies de communication; dans l’affirmative, recommander des façons de faire;
- se renseigner sur la conduite que tiennent d’autres universités devant cette pratique.
Les Prs Campbell et Labeau se pencheront également sur toute autre question pertinente soulevée pendant l’exécution de leur mandat.
Les deux mandataires devront mener de vastes consultations auprès de la communauté mcgilloise et recourir à divers modes de communication, parfois confidentiels, afin que tous et toutes puissent parler de leur vécu et faire entendre leur point de vue. En outre, ils collaboreront étroitement avec toutes les instances mcgilloises intéressées, notamment le Bureau de la médiation et du signalement, le Décanat à la vie étudiante et le Service des affaires juridiques.
J’ai demandé aux mandataires de me remettre un rapport écrit faisant état de leurs constats et de leurs recommandations d’ici au 15 décembre 2024, et de produire un rapport provisoire d’ici au 1er juin prochain. La communauté mcgilloise pourra prendre connaissance de ces deux rapports.
À l’instar du harcèlement et de l’intimidation sous toutes leurs formes, la divulgation de données personnelles heurte de front les valeurs et les engagements de l’Université McGill. Si cette pratique inquiétante a bel et bien cours sur nos campus, il faut agir pour la faire cesser immédiatement. Je pense que l’examen décrit ci-dessus va dans le sens de cet objectif.
En terminant, je réitère mon engagement à faire de notre campus un lieu respectueux et inclusif et vous invite toutes et tous à incarner ces valeurs par votre façon d’agir ainsi que dans vos rapports les uns avec les autres.
Ěý
Cordiales salutations,
Christopher Manfredi
Provost et vice-recteur principal aux Ă©tudes