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Nouvelles

Une piste inattendue pour traiter les cancers chez l’adulte

Des chercheurs de I’R-CUSM font une découverte qui pourrait améliorer la prise en charge d’environ 15 % des patients atteints d’un cancer de la gorge lié à l’alcool et au tabac
±ĘłÜ˛ú±ôľ±Ă©: 11 January 2017

Une Ă©quipe de chercheurs de l’Institut de recherche du Centre universitaire de santĂ© McGill (IR-CUSM) dĂ©couvre qu’une modification Ă©pigĂ©nĂ©tique pourrait ĂŞtre Ă  l’origine de 15Ěý% des cancers de la gorge liĂ©s Ă  l’alcool et au tabac chez l’adulte. Ceci est une première dans le domaine de l’épigĂ©nĂ©tique et les chercheurs estiment que cette dĂ©couverte ouvre la voie au dĂ©veloppement de nouveaux traitements ciblĂ©s et plus efficaces qui pourraient ĂŞtre disponibles d’ici quelques annĂ©es.

Ěý« Cette dĂ©couverte est totalement inattendue. Nous avions dĂ©couvert antĂ©rieurement que ce type d’altĂ©rations de l’épigĂ©nome dans d’autres types de tumeurs chez l’enfant et les jeunes adultes, mais il semblait très peu probable qu’il puisse Ěýaussi cibler une tumeur Ă©pithĂ©liale comme le cancer de la gorge qui atteint exclusivement l’adulte » explique la Dre Nada Jabado, chercheuse Ă  IR-CUSM et un des auteurs principaux de l’étude publiĂ©e dans Nature Genetics.

Les cancers de la gorge, aussi appelĂ©s cancers de l’oropharynx ou cancers ORL, sont des cancers souvent très dĂ©vastateurs. Ils sont traitĂ©s par la chirurgie, la radiothĂ©rapie ou la chimiothĂ©rapie. Malheureusement, les effets secondaires de ces traitements sont importants et les rechutes trop frĂ©quentes, c’est pourquoi les oncologues cherchent Ă  dĂ©velopper des traitements plus efficaces, moins nocifs et causant moins d’effets secondaires.Ěý L’identification de cette modification Ă©pigĂ©nĂ©tique ouvre de nouvelles perspectives de traitements. En effet, certaines molĂ©cules prometteuses sont dĂ©jĂ  sur le marchĂ© pour d’autres maladies et pourraient possiblement ĂŞtre testĂ©es dans ces cancers ORL et d’autres cancers comme le myĂ©lome multiple et le cancer du poumon.

La Dre Jabado, qui est aussi hémato-oncologue pédiatre, a bon espoir que cette découverte aura aussi des répercussions positives pour les cancers pédiatriques. « Maintenant que nous avons identifié ce groupe de patients, tout peut aller assez rapidement, car chez les adultes, contrairement aux enfants, il y a plus de patients et beaucoup d’essais cliniques. Les médicaments pourront être testés chez les enfants par la suite. »

Au sujet de cette découverte

Les travaux de la Dre Jabado portent sur l’épigĂ©nĂ©tique chez les cancers pĂ©diatriques, plus prĂ©cisĂ©ment sur les mutations de l’histone-3. Les histones sont des protĂ©ines qui permettent de compacter notre ADN et qui rĂ©gulent l’expression de nos gènes. Pour cette Ă©quipe de chercheurs, la collaboration entre scientifiques est essentielle ainsi que l’accès aux bases de donnĂ©es de gĂ©nomique internationale. Ils ont Ă©tĂ© particulièrement intriguĂ©s par une publication de 2015 du Tumor Cancer Genome Atlas Consortium (TCGA) sur les cancers ORL qui mentionnait un des gènes qui rĂ©gule l’histoneĚý3.

« Nous avons repris ces mĂŞmes donnĂ©es, mais avec des approches complètement diffĂ©rentes. Au lieu de nous concentrer sur les mutations gĂ©nĂ©tiques, nous avons regardĂ© l’effet de ces mutations sur les protĂ©ines de l’histoneĚý3. Nous avons ainsi dĂ©couvert que la protĂ©ine de l’histoneĚý3 Ă©tait anormale ou incorrectement modifiĂ©e chez environ 15Ěý% des patients atteints d’un cancer ORL. Les donnĂ©es Ă©taient lĂ , mais c’était passĂ© complètement inaperçu. » explique le Dr Jacek Majewski, chercheur Ă  l’UniversitĂ© McGill et un des auteurs principaux de l’étude.

« Il faut avoir accès à des données publiques, car ça permet d’avancer plus vite et d’aller plus loin dans les analyses. Dans notre cas, cette découverte a révélé un sous-groupe qui pourrait bénéficier d’une thérapie qui cible l’épigénome. Cela améliorera la prise en charge de plus d’un patient sur cinq avec un cancer ORL dévastateur, insiste la Dre Jabado. Nous collaborons maintenant avec deux gros groupes spécialisés dans les cancers ORL dans le but de trouver des traitements. »

L’épigĂ©nĂ©tique Ěý(encadrĂ©Ěý explicatif)

Le corps est composé d’un grand nombre de types de cellules différentes (neurones, cellules de la peau, cellules graisseuses, cellules immunitaires, etc.). Bien que différentes, toutes ces cellules possèdent le même ADN ou génome. Les scientifiques ont découvert assez récemment que ces différences s’expliquent grâce à l’épigénétique, c’est-à-dire ce qui orchestre l’activité des gènes dans chaque cellule.

Pour illustrer ses recherches, la Dre Jabado compare notre gĂ©nome Ă  des notes de musique et notre Ă©pigĂ©nĂ©tique Ă  une partitionĚý: « Avec une mĂŞme gamme, il est possible de faire plusieurs mĂ©lodies diffĂ©rentes. Telle une feuille de musique qui dicte quelles notes jouer et dans quel ordre, l’épigĂ©nĂ©tique permet d’organiser et de donner du sens Ă  nos gènes. Si des erreurs se glissent dans la partition, il va y avoir un problème avec la musique. »

L’épigénétique permettrait d’expliquer pourquoi des facteurs environnementaux, comme le tabac ou l’alcool, induisent des changements sur l’expression de nos gènes sans toutefois modifier notre ADN.

À propos de l’étude

ł˘â€™Ă©tłÜ»ĺ±đ ImpairedĚýH3K36 methylation defines a subset of head and neck squamous cell carcinomas a Ă©tĂ© coĂ©crite par Simon Papillon-Cavanagh, Chao Lu, Tenzin Gayden, Leonie G. Mikael, Denise Bechet, Christina Karamboulas, Laurie Ailles, Jason Karamchandani, Dylan M. Marchione, Benjamin A. Garcia, Ilan Weinreb, David Goldstein, Peter W. Lewis, Octavia Maria Dancu, Sandeep Dhaliwal, WilliamĚýStecho12, Christopher J.ĚýHowlett12, Joe S.ĚýMymryk13, 14, John W.ĚýBarrett11, 14 Anthony C. Nichols, C. DavidĚýAllis2, Jacek Majewski, Nada Jabado

À propos de l’IR-CUSM

L’Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill (IR-CUSM) est un centre de recherche de réputation mondiale dans le domaine des sciences biomédicales et de la santé. Établi à Montréal, au Canada, l’Institut, qui est affilié à la faculté de médecine de l’Université McGill, est l’organe de recherche du Centre universitaire de santé McGill (CUSM) — dont le mandat consiste à se concentrer sur les soins complexes au sein de sa communauté. L’IR-CUSM compte plus de 460 chercheurs et près de 1 300 étudiants et stagiaires qui se consacrent à divers secteurs de la recherche fondamentale, de la recherche clinique et de la recherche en santé évaluative aux sites Glen et à l’Hôpital général de Montréal du CUSM. Ses installations de recherche offrent un environnement multidisciplinaire dynamique qui favorise la collaboration entre chercheurs et tire profit des découvertes destinées à améliorer la santé des patients tout au long de leur vie. L’IR-CUSM est soutenu en partie par le Fonds de recherche du Québec — Santé (FRQS).

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