Un nouveau traitement offre un espoir de rémission chez les patients présentant une récidive d’un lymphome diffus à grandes cellules B
Un essai clinique de phase 2 portant sur un nouveau traitement pour les patients ayant présenté une récidive d’un lymphome diffus à grandes cellules B (LDGCB) s’est traduit par une rémission prolongée, avoisinant 14,5 mois, et supérieure à trois ans chez des cas exceptionnels. Le médicament, qui cible les enzymes modifiant les histones (EMH), s’est avéré efficace contre un type particulier de mutation génétique. L’essai a été lancé, conçu et coordonné par la docteure Sarit Assouline, hémato-oncologue au Centre du cancer Segal de l’Hôpital général juif et clinicienne-chercheuse à l’Institut Lady Davis. Ces résultats ont été publiés dans la revue Blood.
« Le LDGCB est l’une des formes de lymphome les plus courantes et est très agressif », a souligné la docteure Assouline, professeure agrégée en médecine et en oncologie à l’Université McGill. « Après une rechute, il n’y a pas de normes de traitement efficaces et l’espérance de vie est de six mois en moyenne. Notre défi consiste à découvrir de nouveaux biomarqueurs et cibler des mutations spécifiques afin d’améliorer le pronostic. Alors que plusieurs essais cliniques rapportent seulement la façon dont les patients répondent au traitement, nous avons conçu cette étude de façon à révéler les mécanismes qui font en sorte que ce traitement fonctionne afin de mieux comprendre quels patients en bénéficieraient. »
Jusqu’à 40 % des patients atteints de lymphome diffus à grandes cellules B ne peuvent pas guérir avec le traitement de chimio-immunothérapie standard ou des combinaisons de traitements actuels avec la greffe de cellules souches. Par conséquent, de nouvelles stratégies qui fouillent plus loin dans la structure moléculaire de leur maladie sont nécessaires. Puisque la plupart des tumeurs LDGCB contiennent des mutations dans les enzymes modifiant les histones, des médicaments de la catégorie des inhibiteurs de l’histone désacétylase constituaient une voie potentielle pour améliorer de façon importante l’évolution des patients. Les participants dans l’essai ont reçu le panobinostat par voie orale en doses de 30 mg trois fois par semaine.
Des analyses génomiques sophistiquées des mutations présentes dans la tumeur de chaque patient ont démontré quels patients étaient les plus susceptibles de répondre au traitement et déterminer ceux qui ne l’étaient pas. En général, 28 % des patients de l’essai ont présenté une réponse positive au traitement. Une mutation dans le gène MEF2B s’est avérée significativement associée à cet effet (environ 11 % des patients atteints de LDGCB possèdent cette mutation). Par ailleurs, les patients qui ont répondu au traitement sont demeurés en rémission après la fin du traitement. Au même moment, des taux élevés d’ADN de cellules tumorales circulantes (ADNtc) observés dans des échantillons de plasma étaient fortement associés à un échec du traitement.
Cette étude a démontré que le panobinostat semblait agir sur différentes protéines, ce qui suggère que la collecte de biopsies et d’échantillons de sang à intervalles à des fins d’analyse constituait un moyen efficace de suivre l’évolution du cancer au fil du temps. Cela renforcit l’importance de la médecine de précision en oncologie.
Un commentaire du docteur Mark Roschewski, du National Cancer Institute, qui accompagnait l’article dans la revue Blood soulignait « l’ensemble exhaustif de biomarqueurs moléculaires prédictifs utilisé dans cette étude ». Il a ensuite fait l’éloge de la docteure Assouline et de ses collaborateurs pour « avoir mené un essai clinique qui intègre des études translationnelles informatives et fournit donc un résultat beaucoup plus nuancé que les taux de réponse seulement ».
L’essai a été mené auprès de 42 patients dans quatre centres canadiens, y compris le Centre du cancer Segal de l’Hôpital général juif de Montréal, entre décembre 2010 et décembre 2013.
« Cet essai a produit une quantité considérable de données relatives à la méthode de traitement des échantillons dans le cadre d’une étude clinique, aux mutations génétiques associées au LDGCB et à la façon dont elles évoluent au fil du temps, à l’ADNtc et aux mécanismes associés à la résistance aux inhibiteurs de l’histone désacétylase » a déclaré la docteure Assouline. « Notre succès est attribuable à l’énorme synergie qui existe entre les installations cliniques et les installations de recherche de l’HGJ et du Centre du cancer Segal. Posséder toutes les installations et avoir accès à des collaborateurs ayant différentes expertises, y compris le Centre de pathologie moléculaire, est ce qui nous permet de tirer le plus grand profit des possibilités de recherches cliniques et translationnelles. »