Un insecte pour le traitement de l’acné?
Une équipe de scientifiques a mis au point un dispositif intelligent permettant de prodiguer des soins de la peau personnalisés. Inspiré de la nature – plus précisément d’un insecte appelé « dytique mâle » – cet outil s’agrippe à la surface de la peau, puis recueille et analyse les liquides biologiques, ce qui pourrait conduire à des diagnostics plus exacts et à des traitements mieux adaptés des maladies cutanées, notamment l’acné. L’équipe de recherche internationale compte dans ses rangs Bo‑yong Park, auparavant chercheur postdoctoral au Neuro de l’Université McGill.
Entretien avec Bo-yong Park
Quel problème souhaitiez-vous régler exactement?
Les dispositifs diagnostiques classiques et non effractifs utilisés dans les soins de la peau ont plusieurs lacunes. En règle générale, ils manquent de précision et sont difficiles d’emploi, sans compter que l’analyse des résultats requiert du matériel onéreux. De plus, ces dispositifs font appel à des adhésifs chimiques qui peuvent causer des irritations et parfois des lésions cutanées, si bien qu’on peut difficilement en faire un usage répété ou prolongé. Enfin, il peut être très difficile d’assurer une bonne adhésion dans certaines conditions, par exemple sur une peau humide ou une surface courbe.
Pourquoi vous êtes-vous tournés vers la nature pour trouver une solution?
Le dytique, ou Hydaticus pacificus, est un insecte aquatique. Le mâle est doté de poils adhésifs particuliers, les soies, qui lui permettent de s’accrocher à la femelle pendant l’accouplement sous l’eau. Disposées sur les pattes antérieures, les soies sont munies de ventouses et de cavités grâce auxquelles le mâle peut s’agripper solidement à des surfaces humides et irrégulières. Nous nous sommes donc inspirés de ces soies pour mettre au point un dispositif intelligent qui, bien accroché à la surface irrégulière de la peau, assure un suivi en temps réel de la santé cutanée.
Comment le dispositif fonctionne-t-il?
Nous avons fabriqué des microventouses qui adhèrent à la peau, puis recueillent et analysent les liquides corporels. Dans ces microventouses sont enchâssés des hydrogels qui captent les liquides et réagissent au pH. Plus précisément, l’hydrogel change de couleur selon l’acidité du liquide. Ensuite, nous avons mis à profit des techniques d’apprentissage automatique pour concevoir un logiciel capable de quantifier le pH d’après la couleur de l’hydrogel. Ce dispositif pourrait être utilisé dans des timbres thérapeutiques personnalisés, des adhésifs à usage médical et des instruments diagnostiques. Par ailleurs, les résultats de nos travaux nous amènent à penser qu’il pourrait également servir à la détection rapide de biomarqueurs de maladies cutanées.
³¢'é³Ù³Ü»å±ð L’article « Diving beetle-like miniaturized plungers with reversible, rapid biofluid capturing for machine learning–based care of skin disease », par Sangyul Baik, Jihyun Lee, Eun Je Jeon, Bo-yong Park, Da Wan Kim, Jin Ho Song, Heon Joon Lee, Seung Yeop Han, Seung-Woo Cho et Changhyun Pang, a été publié dans Science Advances. Les auteurs remercient les organismes suivants pour leur soutien : la National Research Foundation of Korea, le Korea Health Technology R&D Project, le Korea Evaluation Institute of Industrial Technology – organisme affilié au gouvernement coréen – et l’Institute for Basic Science. DOI : |
L’Université McGill
Fondée en 1821 à Montréal, au Québec, l’Université McGill figure au premier rang des universités canadiennes offrant des programmes de médecine et de doctorat. Année après année, elle se classe parmi les meilleures universités au Canada et dans le monde. Établissement d’enseignement supérieur renommé partout dans le monde, l’Université McGill exerce ses activités de recherche dans deux campus, 11 facultés et 13 écoles professionnelles; elle compte 300 programmes d’études et au-delà de 40 000 étudiants, dont plus de 10 200 aux cycles supérieurs. Elle accueille des étudiants originaires de plus de 150 pays, ses 12 800 étudiants internationaux représentant 31 % de sa population étudiante. Au-delà de la moitié des étudiants de l’Université McGill ont une langue maternelle autre que l’anglais, et environ 19 % sont francophones.