Un important progrès technologique ouvre la porte à un diagnostic précoce de la maladie d'Alzheimer
Une nouvelle technique permet de détecter un biomarqueur sanguin potentiel de la maladie d’Alzheimer.
Des chercheurs de l’Université McGill et de l’Institut Lady Davis pour la recherche médicale associé à l’Hôpital général juif (HGJ) de Montréal ont découvert une nouvelle technique de diagnostic qui pourrait considérablement simplifier la détection de la maladie d’Alzheimer. Leurs résultats ont été publiés le 8 juin dans le Journal of Alzheimer’s Disease. Il n’existe présentement aucun test accepté pour détecter la maladie d’Alzheimer, et le diagnostic dépend habituellement d’évaluations coûteuses et intensives en neurologie, neuropsychologie et neuroimagerie.
Le Dr Hyman Schipper et ses collègues de l’Institut Lady Davis et de l’Université McGill ont utilisé une nouvelle technique minimalement invasive appelée biospectroscopie proche infrarouge pour identifier les modifications dans le plasma sanguin des patients atteints de la maladie d’Alzheimer. Ces modifications sont détectables très tôt après qu’elles se soient produites, peut-être même pendant les phases précliniques de la maladie.
La biospectroscopie est l’équivalent médical de la spectroscopie, la science de la détection de la composition des substances qui utilise la lumière ou d’autres formes d’énergie. Lors d’une spectroscopie proche infrarouge, différentes substances émettent ou réfléchissent de la lumière selon des longueurs d’ondes spécifiques détectables.
Lors de cette étude, le Dr Schipper et son collègue, le Dr David Burns, chef du laboratoire biomédical de l’Université McGill pour l’informatique, l’imagerie et la spectroscopie au Département de chimie, ont appliqué une lumière proche infrarouge à des échantillons de plasma sanguin prélevés sur des patients souffrant de démence précoce et de déclin cognitif léger, un état intermédiaire entre la cognition normale et la démence, et sur des sujets de contrôle âgés, en bonne santé. Les tests se sont déroulés à la Clinique de la mémoire de l’Hôpital général juif et de l’Université McGill. En utilisant cette technique, les chercheurs ont pu différencier les cas d’Alzheimer des sujets de contrôle en santé avec une sensibilité de 80 pour cent (identification juste des patients atteints de la maladie) et une spécificité de 77 pour cent (identification juste des personnes non atteintes). Un nombre significatif de sujets atteints de déclin cognitif léger ont été testés positivement au sein du groupe de personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer, ce qui indique que le test pourrait être capable de détecter la maladie d’Alzheimer avant même que les symptômes des patients n’atteignent les critères cliniques de la démence.
« Nous sommes très encouragées par ces données et nous avons hâte de tester cet éventuel outil de diagnostic par des études à plus grande échelle », a déclaré le Dr Schipper, directeur du Centre de recherche en neurologie traductionnelle de l’Hôpital général juif et professeur de neurologie et de médecine à l’Université McGill. Depuis des décennies, des chercheurs tentent de découvrir un marqueur biologique minimalement invasif qui pourrait différencier la maladie d’Alzheimer de l’état de vieillissement normal et d’autres conditions neurodégénératives.
« L’avènement d’un test sanguin simple pour le diagnostic précoce de la maladie d’Alzheimer représenterait un accomplissement important dans le traitement de ce désordre », a noté le Dr Schipper.
Le Dr Schipper est un expert reconnu du vieillissement du cerveau et de la neurodégénérescence. Il est aussi le directeur médical (neurosciences) de Molecular Biometrics Inc., une entreprise issue d’un transfert technologique de l’Université McGill qui a breveté la démarche innovatrice en biospectroscopie utilisée dans cette étude. En plus de la maladie d’Alzheimer, Molecular Biometrics travaille présentement à élaborer une plateforme diagnostique applicable à la maladie de Parkinson, à la fertilisation in vitro et à la santé maternelle-fœtale.