Sondage sur l’approvisionnement alimentaire pendant la pandémie de COVID-19 : les Canadiens veulent de meilleurs systèmes alimentaires
L’anxiété liée à la fréquentation des magasins, à la hausse des prix des produits et aux contraintes budgétaires individuelles figurent parmi les facteurs qui complexifient l’approvisionnement alimentaire des Canadiens durant la pandémie de COVID-19, selon une nouvelle étude.
Les chercheuses ont mené un sondage interprovincial en ligne auprès de résidents de la Colombie-Britannique, de l’Alberta, de l’Ontario, du Québec et des provinces atlantiques durant la première vague de COVID-19. Le sondage évaluait les effets de la pandémie sur l’approvisionnement alimentaire et les comportements associés dans chaque région, ainsi que la modification potentielle des perceptions à l’égard des systèmes alimentaires.
Si l’étude révèle que la plupart des Canadiens n’ont pas eu de difficulté à trouver des produits d’alimentation durant la pandémie, elle montre néanmoins que beaucoup de consommateurs sont inquiets de s’approvisionner dans les épiceries. Au Québec, environ un répondant sur cinq a indiqué que son revenu était trop limité et la nourriture trop chère, et 15 % des répondants se sont dits trop inquiets ou trop anxieux pour sortir se procurer des produits d’alimentation. Chez les répondants de l’Ontario et de l’Alberta, l’anxiété associée au fait de sortir pour se procurer de la nourriture était le facteur le plus contraignant (28 %); le revenu limité ou le coût élevé des produits étaient problématiques pour 21 % des Albertains et pour 18 % des Ontariens.
Les taux élevés d’infection et les soucis financiers poussent les Québécois à acheter en ligne
« Au Québec, où l’on avait enregistré le plus grand nombre de cas au pays au moment du sondage, 27 % des répondants ont indiqué qu’ils commandaient leur épicerie en ligne durant la pandémie; un pourcentage trois fois plus élevé qu’en 2019, alors que 9 % se procuraient leur nourriture de cette manière », explique Daiva Nielsen, professeure adjointe à l’École de nutrition humaine de l’Université McGill.
« Cette observation est associée à une diminution de 11 % chez les répondants qui ont indiqué faire leur épicerie en magasin durant la pandémie; ils étaient 85 % à le faire durant la pandémie, et 96 % en 2019. »
« La plupart des répondants du Québec n’ont pas trouvé difficile de s’approvisionner en produits d’alimentation durant la première vague de la pandémie. Toutefois, pour ceux ayant rapporté des difficultés, les principaux facteurs soulevés étaient les considérations liées au revenu ou aux coûts, les inquiétudes quant à la fréquentation des magasins et le transport. L’auto-isolement et la quarantaine ont aussi été rapportés par 7 % des répondants. »
« Près de la moitié des répondants du Québec, soit 44 %, ont indiqué que leur alimentation a changé depuis le début de la pandémie, précisant qu’ils consomment notamment moins de viande. Nos observations laissent croire que les effets de la pandémie sur les produits d’alimentation pourraient être attribuables à différents facteurs. Cela dit, l’anxiété liée à la fréquentation des magasins et l’auto-isolement sont des facteurs nouveaux, propres à la crise sanitaire. L’intérêt croissant pour l’approvisionnement alimentaire en ligne durant la pandémie est un phénomène qu’il faudrait étudier davantage pour veiller à ce que l’offre en ligne réponde à la demande. »
La pandémie a modifié les habitudes de consommation des Canadiens
Les résultats révèlent par ailleurs que les Canadiens ont modifié leurs habitudes de consommation durant la pandémie. Le pourcentage de répondants ayant indiqué utiliser les services de ramassage ou de livraison des épiceries a triplé au Québec, pour grimper à 27 %. En Colombie-Britannique, 20 % des répondants qui ne faisaient pas leur épicerie en ligne en 2019 ont adopté cette façon de faire durant la pandémie.
Les répondants ont rapporté des changements dans leur alimentation durant la pandémie : beaucoup de Canadiens ont choisi des collations plus sucrées ou salées et ont consommé davantage de fruits et de légumes. En Ontario, parmi les répondants qui ont indiqué un changement dans leur alimentation, 43 % ont mentionné consommer plus de collations sucrées ou salées, et 30 % ont dit manger davantage de fruits et de légumes. En Colombie-Britannique, les pourcentages pour ces deux catégories étaient de 40 et de 36 % respectivement.
Le sondage Food access, Concerns and Perceptions during the COVID-19 First Wave est le fruit d’une collaboration de cinq organismes canadiens : l’Institute of Sustainable Food Systems (ISFS) de l’Université polytechnique Kwantlen, la School of Public Health et la Faculty of Extension de l’Université de l’Alberta, la School of Journalism and Communication de l’Université Carleton, l’École de nutrition humaine de l’Université McGill et le Food Policy Lab de l’Université Dalhousie.
Au Québec, en Ontario, en Alberta et en Colombie-Britannique, au moins 89 % des répondants de chaque province étaient d’accord ou fortement d’accord pour dire que des systèmes alimentaires locaux et régionaux durables seraient plus fiables dans un contexte de pandémie.
« L’incertitude entourant la pandémie de COVID-19 a fait ressortir l’importance de créer des systèmes alimentaires locaux et régionaux », souligne le directeur de l’ISFS, Kent Mullinix. « Si nos collectivités ont besoin de systèmes alimentaires qui offrent des aliments sains et nutritifs, elles requièrent également un accès équitable pour tous. »
Ă€ propos du sondage Food access, Concerns and Perceptions during the COVID-19 First Wave
Cinq sondages quasi identiques ont été menés séparément en Colombie-Britannique, en Alberta, en Ontario, au Québec et dans le Canada atlantique (Nouveau-Brunswick, Île-du-Prince-Édouard, Nouvelle-Écosse et Terre-Neuve-et-Labrador) d’avril à août 2020. Au total, 4 928 réponses ont été consignées.
L’information recueillie a fait ressortir l’incidence de la géographie et de l’agriculture régionale sur le comportement des gens, la façon dont ces questions contribuent aux discussions sur l’équité alimentaire, de même que l’importance et l’urgence de créer des systèmes alimentaires régionaux fiables et résilients. Bien que le sondage fournisse des données nouvelles sur les expériences de consommation alimentaire des Canadiens durant la crise sanitaire, il importe de préciser les limites de l’étude, notamment le recrutement ouvert en ligne qui pourrait limiter la généralisation des données à l’ensemble de la population canadienne, ainsi que la nature autodéclarée des données.
Le projet de recherche est soutenu par VanCity Credit Union, la Faculty of Extension de l’UniversitĂ© de l’Alberta, le programme Rapid Response Research de l’UniversitĂ© Carleton, le Fonds d’urgence dĂ©diĂ© Ă la recherche sur la COVID-19 dans le cadre de l’Initiative interdisciplinaire en infection et immunitĂ© de l’UniversitĂ© McGill, le Programme des chaires de recherche du Canada et le Conseil de recherches en sciences humaines. Pour en savoir plus, cliquez .Ěý