Selon une étude de McGill, le langage est « entendu » par les oreilles et le visage
Le traitement neural de la voix prend en compte des données somatosensorielles
Selon une étude menée par l’Université McGill, la perception du son conversationnel est modifiée par l’étirement de la peau du visage en différentes directions. Lafaçon dont les sujets de l’étude percevaient les mots était assujettie aux différents mouvements faciaux auxquels ils étaient soumis. Les chercheurs ont fait appel à un dispositif robotisé afin de manipuler l’épiderme facial, comme on le fait normalement lorsque nous parlons. Ils ont alors découvert que le fait d’étirer les muscles du visage en écoutant les mots prononcés par leur interlocuteur modifiait les sons entendus par les sujets.
Dans un article publié dans l’édition courante du magazine Proceedings of the National Academy of Sciences , le neuroscientifique David Ostry du Département de psychologie de l’Université McGill fait part des résultats issus d’une étude menée auprès de 75 sujets dont la langue maternelle est l’anglais américain.
De concert avec ses collègues des Laboratoires Haskins et des Laboratoires de recherche en électronique de l’Institut de technologie du Massachusetts, M. Ostry a évalué des sujets à qui l’on faisait entendre un mot à la fois. Ces mots étaient sélectionnés à partir d’un continuum généré par ordinateur, duquel ressortait les mots «head» (tête) et «had» (avait). Lorsque leur peau était étirée vers le haut, le mot ressemblait davantage à head, alors que lorsque leur peau était étirée vers le bas, le mot entendu ressemblait plutôt à had. Par ailleurs, un étirement vers l’arrière n’entraînait pas d’incidence sur la perception. Les chercheurs ont constaté que le choix des sujets de l’étude étaient visiblement influencé par la manipulation de l’épiderme facial.
«Notre étude fournit des indices quant au traitement cérébral de la voix. Laperception de la parole est largement assujettie à des facteurs qui ne sont pas de nature auditive. Cette étude indique que la perception a des liens neuraux en ce qui a trait aux mécanismes de la production de la parole», a indiqué David Ostry.