Repères @ McGill : Brian Ward, microbiologiste à McGill, sur la grippe aviaire
Le spécialiste des maladies infectieuses et des pandémies de grippe, Brian Ward, était le premier conférencier d'un nouveau cycle de conférences pour médias intitulé : Repères @ McGill. Le sujet? La grippe aviaire.
Expertise
Brian Ward est un immunologiste et un spécialiste de l'étude des vaccins et maladies infectieuses. À titre de directeur de la Division des maladies infectieuses de l'Université McGill et chercheur du Centre universitaire de santé McGill, il étudie les effets de la vaccination sur la rougeole, le charbon (anthrax), la variole et la grippe.
L'équipe du Dr Ward s'intéresse à l'évaluation immunologique et l'innocuité des vaccins, l'évaluation des interactions entre micronutriments et microbes, et l'élaboration de stratégies thérapeutiques novatrices contre les pathogènes microbiens. Elle met l'accent sur l'élaboration et la mise en application de solutions pratiques aux défis posés par les microbes.
Bien que le Dr Ward effectue une bonne partie de ses travaux à Montréal, il compte parmi ses collaborateurs des chercheurs des États-Unis, du Zimbabwe, d'Haïti, du Soudan et du Brésil. À l'heure actuelle, il s'affaire à explorer de nouveaux agents thérapeutiques contre les infections protozoaires, fongiques et bactériennes.
Qu'est que la grippe aviaire? (Gracieuseté des Centers for Disease Control and Prevention des États-Unis)
La grippe de type A peut infecter plusieurs espèces animales, notamment les oiseaux, porcs, chevaux, phoques et baleines. On désigne collectivement les virus de la grippe qui s'attaquent aux oiseaux du nom de « virus grippaux aviaires ». Tous les sous-types connus de la grippe A se transmettent entre les oiseaux sauvages, considérés comme les hôtes naturels des virus de la grippe A.
Si les virus grippaux aviaires ne sont généralement pas cause de morbidité chez les oiseaux sauvages, ils peuvent entraîner la maladie, voire la mort chez les oiseaux domestiqués. D'autre part, s'ils ne s'attaquent généralement pas aux humains ni ne se propagent entre eux, plusieurs cas d'infection et d'éclosion humaines ont été rapportés depuis 1997.
Caractéristiques de la grippe aviaire chez les oiseaux
Certains oiseaux aquatiques portent les virus de la grippe dans leurs intestins. Les oiseaux infectés excrètent les virus par leur salive, leurs sécrétions nasales et leur matières fécales. Les virus de la grippe aviaires se propagent parmi les oiseaux sensibles quand ceux-ci entre en contact avec les matières nasales, respiratoires ou fécales contaminées d'oiseaux infectés. L'absorption orale de matières fécales est le mode de transmission le plus répandu.
La majorité des virus de la grippe ne causent aucun symptôme, ou tout au plus des symptômes très légers, chez les oiseaux sauvages. Cependant, la gamme de symptômes touchant les oiseaux varie fortement selon la souche du virus et l'espèce d'oiseau. Certains types de virus de la grippe A peuvent engendrer une importante morbidité chez certaines espèces d'oiseaux sauvages, mais plus particulièrement chez les oiseaux domestiqués comme le poulet et la dinde.
Symptômes de la grippe aviaire chez l'humain
Les symptômes répertoriés de la grippe aviaire chez l'humain vont des symptômes typiques de la grippe (fièvre, toux, mal de gorge, douleurs musculaires, etc.) à des complications graves pouvant entraîner la mort, en passant par l'infection oculaire, la pneumonie, la pneumonie virale et la détresse respiratoire aigüe.
Antiviraux contre la grippe
Les études réalisées à ce jour suggèrent que les médicaments de prescription approuvés pour le traitement des différentes souches de la grippe humaine pourraient prévenir la grippe aviaire chez l'humain. Toutefois, les souches de la grippe aviaire peuvent parfois développer une résistance à ces médicaments, les rendant alors inefficaces.
Éventualité d'une pandémie de grippe
Tout les virus de la grippe peuvent muter. Ainsi, il est possible qu'un virus de la grippe aviaire subisse des mutations l'amenant à pouvoir infecter les humains et à se propager aisément d'une personne à l'autre. Puisque ces virus n'infectent généralement pas les humains, la population humaine n'est pas dotée d'une protection immunitaire adéquate contre eux. S'il advenait qu'un virus de la grippe aviaire infecte les humains et se propager aisément d'une personne à l'autre, cela pourrait donc marquer le début d'une « pandémie » de grippe.
Pandémies : qu'en est-il?
Une fois déclenchée, une nouvelle pandémie de grippe apparaîtra chez l'Homme et se propagera pendant de nombreuses années. Les Centers for Disease Control and Prevention (centres pour le contrôle et la prévention des maladies) des États-Unis et l'Organisation mondiale de la santé (WHO) ont mis sur pied des programmes exhaustifs de suivi visant à surveiller la survenue de la grippe à l'échelle mondiale, y compris l'émergence de souches pandémiques éventuelles de virus de la grippe.
Une pandémie de grippe signifie une éclosion généralisée de cette maladie et se produit lorsqu'un nouveau virus de la grippe émerge, se propage et entraîne la maladie à une échelle globale. Par le passé, les pandémies de grippe ont entraîné de fortes incidences de la maladie, des mortalités élevées, des perturbations sociales et des pertes économiques. Le XXe siècle a connu trois pandémies qui toutes s'étaient propagées à l'échelle mondiale moins d'un an après avoir été détectées. Il s'agit de :
1918-1919, la grippe espagnole, qui a causée la plus importante mortalité. Plus d'un demi-million de personnes en sont mortes aux États-Unis seulement, et elle aurait fait de 20 à 50 millions de victimes de par le monde. De nombreuses victimes sont mortes quelques jours seulement après avoir contracter le virus et de nombreuses autres ont succombés à des complications peu de temps après.
1957-1958, la grippe asiatique, qui a fait environ 70 000 morts aux États-Unis. Signalée pour la première fois en Chine en février 1957, elle s'était déjà propagée aux États-Unis en juin de la même année.
1968-1969, la grippe de Hong Kong, qui a causé environ 34 000 décès aux États-Unis. Le virus a d'abord été signalé à Hong Kong en 1968 et il a rejoint les États-Unis plus tard cette même année. Ces virus, de type A (H3N2), sont toujours en circulation.