Position de l'université McGill sur la protestation étudiante
Selon la principale de l'Université McGill, Mme Heather Munroe-Blum, l'offre du gouvernement visant à rehausser le programme d'aide financière aux étudiants est un pas dans la bonne direction et les dirigeants de regroupements étudiants devraient prendre le temps d'en étudier les aspects.
« L'offre présentée par le gouvernement envoie un signal favorable et démontre une réelle volonté de remédier aux failles du programme de prêts et bourses », a indiqué la principale Munroe-Blum.
« Cette offre devrait être perçue comme une démarche qui va dans le bon sens et qui permet de créer un cadre de financement progressif pour les universités du Québec. Nous devons faire en sorte que l'ensemble des étudiants qui possèdent les qualifications nécessaires pour être admis à l'université puissent y accéder, et ce, sans égard à leur situation financière. Par ailleurs, nous devons nous assurer que les établissements universitaires québécois soient compétitifs, tout en proposant une éducation de qualité supérieure. »
« Nous invitons les dirigeants des regroupements étudiants à poursuivre le dialogue avec le gouvernement et à saisir l'occasion qui leur est offerte d'engager des discussions fructueuses afin de permettre une meilleure accessibilité à l'éducation et d'en rehausser le niveau de qualité. »
Réinvestir les 103 millions de dollars dans le régime des prêts et bourses ne suffira pas à garantir l'accessibilité et la qualité auxquelles les Québécois ont droit. Malgré le fait que le Québec maintenait les frais de scolarité les moins élevés au pays, le taux de participation universitaire y est depuis longtemps inférieur à la moyenne canadienne.
« La position de l'Université McGill quant à la nécessité d'assurer à la fois l'accessibilité et la qualité est très claire », a indiqué Mme Munroe-Blum. L'Université avait fait connaître son point de vue à cet égard de manière détaillée dans un mémoire qu'elle a déposé auprès de la Commission parlementaire sur la qualité, l'accessibilité et le financement des universités en février 2004. L'Université McGill croit que tout étudiant qualifié ne devrait pas se voir refuser le droit à un enseignement universitaire en raison de moyens financiers inadéquats, ce qui est actuellement le cas. McGill croit également que les établissements universitaires doivent pouvoir compter sur un financement leur permettant d'assurer un enseignement de qualité.
Le cadre de financement actuellement en vigueur au Québec ne permet ni l'un ni l'autre de ces principes. D'une part, il ne permet pas aux étudiants qualifiés issus de familles à revenu modeste d'avoir droit à un enseignement universitaire-ce qui était d'ailleurs le cas avant les coupures de 103 millions de dollars. D'autre part, les niveaux de financement accordés ne suffisent pas à assurer le maintien de la qualité. Remettre en place le régime de prêts et bourses, comme le demandent les étudiants, ne suffira pas à respecter les principes d'accessibilité et de qualité.
La principale Munroe-Blum a souligné que le système universitaire québécois souffrait d'un sous-financement chronique et que le cadre de financement doit être revu afin d'assurer accès et qualité.
Le Québec subventionne les universités selon un niveau très élevé par étudiant. Cependant, étant donné que les droits de scolarité sont gelés et n'ont donc pas augmenté au même rythme que le coût de la vie, les universités demeurent sous-financées. Le système dans sa forme actuelle bénéficie principalement aux familles de classe moyenne et aisées mais ne garantit pas aux étudiants issus de familles à faible revenu l'accessibilité à l'enseignement supérieur.
Consacrer une partie des sommes découlant d'une hausse des droits de scolarité à un programme de prêts et bourses destiné aux étudiants dans le besoin contribuerait largement à résoudre bon nombre des problèmes auxquels les universités québécoises et leur population étudiante sont confrontés. Et, à ce titre, le gouvernement doit quant à lui assumer les responsabilités qui lui incombent.
« En tant que société, cette situation est pour nous l'occasion d'aborder véritablement la question du faible taux de participation chez les Québécois et de faire tomber le mythe selon lequel un gel des droits de scolarité se traduit par l'accessibilité. Nous devons entamer les démarches qui s'imposent afin d'entreprendre une profonde réforme du cadre de financement au Québec. »
Une grève étudiante arrive à un moment critique au cours de l'année universitaire.
« Pour bon nombre des étudiants de McGill, il essentiel que le déroulement de l'année universitaire ne soit pas mis en péril. Ils ont travaillé fort et ont investi temps et argent dans leur éducation. Pour eux, l'enjeu est trop élevé pour qu'ils prennent un tel risque », a mentionné la principale de l'Université McGill.
Aujourd'hui, les étudiants de McGill ont voté en faveur d'une protestation volontaire d'une durée d'une journée qui se tiendra vendredi. Les étudiants se sont entendus pour respecter la libre décision de ceux en faveur du déclenchement de la grève et de ceux souhaitant poursuivre leurs cours. Mme Munroe-Blum a précisé que les cours seront maintenus dans l'ensemble de l'Université et a prié les étudiants de respecter ceux qui faisaient le choix de ne pas interrompre leurs études.