Percée majeure dans le diagnostic des maladies parasitaires
Une équipe de chercheurs du CUSM/McGill valide un outil de dépistage novateur dans la lutte contre la maladie de Chagas
La maladie de Chagas est une des maladies parasitaires les plus mortelles du monde. Elle touche 10 millions de personnes, principalement en Amérique. En Amérique du Sud seulement, 50 000 personnes en meurent chaque année. Un dépistage fiable et rapide constitue la clé dans la lutte contre l'infection, mais jusqu'à présent, cela semblait pratiquement impossible. Le Dr Momar Ndao et son équipe de l'Institut de recherche (IR) du CUSM ont élaboré une nouvelle approche de diagnostic qui facilitera la lutte contre la maladie de Chagas. Leurs résultats ont récemment été publiés dans le Journal of Clinical Microbiology.
Maladie parasitaire endémique en Amérique du Sud, la trypanosomiase américaine ou maladie de Chagas est transmise aux humains par le parasite Trypanosoma cruzi. La transmission se fait généralement par la piqure d'un insecte infecté ou « kissing bug ». Si la maladie présente des symptômes variables, au fil de son évolution peuvent se manifester des symptômes chroniques graves, comme des cardiopathies et des malformations du système intestinal. La plupart des personnes infectées peuvent rester sans symptômes durant des années, ce qui rend le diagnostic de la maladie difficile.
La maladie de Chagas peut également se transmettre de la mère à l'enfant durant la grossesse, sur une période maximale de quatre générations et ce, sans manifestation de symptômes. « En d'autres termes, une personne née en Amérique du Nord d'une mère qui a été infectée peut transmettre à sa descendance la maladie sans qu'elle n'ait elle-même voyagé », souligne
Dr Momar Ndao, directeur du laboratoire du Centre national de référence en parasitologie (CNRP) de l'IR du CUSM. Il y a un besoin urgent d'agir à l'égard de cette maladie car elle est sous-diagnostiquée et il n'existe aucun traitement efficace.
Cette situation pose également un problème de santé publique majeur à l'égard des transfusions sanguines et des greffes d'organes puisque plusieurs personnes pourraient être porteuses de la maladie, sans le savoir. « Le but de notre étude était de trouver de nouvelles approches pour améliorer la fiabilité du diagnostic et de dépistage des banques de sang », livre Dr Ndao, également chercheur au Centre de recherche sur les interactions hôte-parasite de l'Université McGill.
Les chercheurs ont validé une technique de dépistage fiable faisant appel à la spectrométrie de masse qui permet de relever des marqueurs biologiques communs - ou biomarqueurs - entre l'hôte (l'humain) et le parasite. Ils ont constaté que dans 99 % des cas, le parasite laissait des marqueurs très spécifiques. « C'est comme si le parasite laissait sa propre signature chez la personne infectée. Cela pourrait aider à diagnostiquer la maladie de Chagas », explique Dr Ndao.
« L'utilisation de ces biomarqueurs est révolutionnaire dans la fiabilité du diagnostic et de la protection contre de possibles contaminations des banques de sang. De plus, ces biomarqueurs ont des effets thérapeutiques potentiels, ce qui ouvre la voie au développement de vaccins pour la maladie de Chagas et pourrait éventuellement s'appliquer à d'autres maladies parasitaires.»
Financement
Cette étude a pu être réalisée grâce à des subventions des Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC) et de l'Université McGill.
Au sujet de l'étude
L'article intitulé « Identification of Novel Diagnostic Serum Biomarkers for Chagas' Disease in Asymptomatic Subjects by Mass Spectrometric Profiling » publié dans The Journal of Clinical Microbiology, a été coécrit par Momar Ndao et Brian J. Ward de l'IR du CUSM et de l'Université McGill; Terry W. Spithill de l'Université McGill et de Charles Stuart University et Cynthia Santamaria de l'Université McGill; Rebecca Caffrey de l'Université de Californie, Berkeley; Hongshan Li de High School of Business, Californie; Vladimir N. Podust de Vermillion Inc., Californie, Regis Perichon de Diagnostic Biomarker Evaluation Group Ortho-Clinical Diagnostics, New Jersey; Alberto Ache de Ministerio de Salud y Desarrollo Social, Cara
cas, Venezuela; Mark Duncan, University of Colorado and Malcolm R. Powell de Western Carolina University et Universidad del Valle Guatemala.
Sur le Web :
· Institut de recherche du CUSM :
· Centre universitaire de santé McGill (CUSM) :
· Université McGill : www.mcgill.ca
· Journal of Clinical Microbiology:
Ìý