Nouvel expert sur les m茅dias de l'universit茅 McGill
Marc Raboy nomm茅 titulaire de la Chaire Beaverbrook en 茅thique, m茅dia et communication.
La concentration, la convergence et la mondialisation continuent de bombarder la sc猫ne m茅diatique mondiale. Qui plus est, la popularit茅 grandissante d'Internet pose de nouvelles questions aux entreprises des m茅dias et 脿 la population concernant l'acc猫s 脿 l'information.
脌 titre de titulaire de la Chaire Beaverbrook en 茅thique, m茅dia et communication de l'universit茅 McGill, Marc Raboy est bien plac茅 pour faire la lumi猫re sur ces questions vitales. Voici donc des questions et des r茅ponses de la part du professeur Raboy qui enseigne au D茅partement d'histoire de l'art et d'茅tudes en communications de McGill.
Les nouvelles technologies posent-elles des probl猫mes? L'av猫nement d'Internet, par exemple, a consid茅rablement modifi茅 notre fa莽on de communiquer. Ce moyen de communication relativement r茅cent a suscit茅 l'urgence de sensibiliser la population. Nous devons 茅tudier, de fa莽on critique, comment nous utilisons Internet et comment nous sommes utilis茅s par Internet. La soci茅t茅 est aux prises avec des choix cruciaux concernant les m茅dias et la communication.
Proposez-vous la r茅glementation d'Internet? Le fait de reconna卯tre l'importance sociale et culturelle des m茅dias et de la communication justifie de les situer dans le domaine public 鈥� tout comme les secteurs d'茅ducation, des soins de sant茅 et des services sociaux. La nature et le r么le particuliers des m茅dias exigent qu'ils demeurent 茅galement ind茅pendants et cr茅ateurs. L'administration des m茅dias est au c艙ur de l'茅thique des m茅dias. Disons simplement que le domaine de l'茅thique des m茅dias doit permettre de d茅terminer un juste 茅quilibre entre la libert茅 et la surveillance de l'activit茅 m茅diatique par le public.
Quelles sont les limites appropri茅es, s'il en est, de la libert茅 des m茅dias dans une soci茅t茅 d茅mocratique? Les soci茅t茅s d茅mocratiques ont toujours r茅pugn茅 脿 r茅glementer la presse en raison de ses origines d'instrument de lutte contre le pouvoir autoritaire. Par cons茅quent, nous assistons actuellement 脿 une concentration sans pr茅c茅dent de la propri茅t茅 qui, selon de nombreuses personnes, menace l'ind茅pendance de la presse. En radiodiffusion et en t茅l茅diffusion, un autre mod猫le a 茅merg茅, soit la presse 茅lectronique d'int茅r锚t public, subventionn茅e par l'脡tat et n茅anmoins exploit茅e sans lien de d茅pendance. Parce que la radiodiffusion sonore et visuelle a 茅t茅 reconnue comme ayant une valeur sociale, 茅ducative et culturelle, nous avons accept茅 l'instauration de certaines contraintes 脿 l'茅gard des activit茅s des entreprises de radiodiffusion et de t茅l茅diffusion. La r茅cente perte de confiance dans les solutions gouvernementales et r茅glementaires a min茅 la perception de la radiodiffusion comme service public. Actuellement, en pr茅sence de la convergence en mati猫re de technologie, on assiste 脿 la fusion des mod猫les conventionnels qui se transforment en m茅dias d'un nouveau type. R茅sultat? L'administration des m茅dias traverse une nouvelle crise : certains affirment qu'il faut r茅diger de nouvelles r猫gles tandis que d'autres font valoir avec force qu'il ne devrait exister aucune r猫gle.
Comment les citoyens peuvent-ils participer plus efficacement 脿 l'administration des m茅dias? Les questions relatives aux m茅dias doivent 锚tre exprim茅es et reconnues dans le discours public. Les types et les pratiques des m茅dias ont jou茅 un r么le qui a 茅t茅 sous-茅valu茅 et insuffisamment 茅tudi茅. Il y a trente ans, par exemple, la pr茅occupation concernant l'environnement physique de la plan猫te constituait un sujet tr猫s sp茅cialis茅 et politiquement marginal. Aujourd'hui, la conscience des questions environnementales s'est g茅n茅ralis茅e 脿 tel point qu'aucune initiative publique ou priv茅e d'importance n'est possible sans tenir compte de ces questions. La conscience des questions concernant les m茅dias et la communication doit se g茅n茅raliser dans la m锚me mesure et globalement.
Les m茅dias sont-ils jamais neutres? Les moyens d'information ne sont pas neutres et ils peuvent servir 脿 cr茅er la solidarit茅 et 脿 promouvoir la compr茅hension. Les m茅dias peuvent 茅galement accentuer les in茅galit茅s, promouvoir la passivit茅 et exalter la haine.
Quels d茅fis confrontent le Canada dans les communications? Le Canada est aux prises avec une s茅rie de changements de politiques dans l'administration des m茅dias. Le gouvernement f茅d茅ral doit aborder la n茅cessit茅 de renouveler les structures de r茅glementaires et institutionnelles actuelles, comme le Conseil de la radiodiffusion et des t茅l茅communications canadiennes (CRTC) et Radio-Canada/CBC, tout en prenant en compte les pressions visant 脿 lib茅raliser les r猫gles concernant la propri茅t茅 des m茅dias. Dans cette foul茅e, le gouvernement f茅d茅ral doit trouver des fa莽ons de collaborer avec des partenaires internationaux afin de faire contrepoids aux contraintes des accords commerciaux bilat茅raux et multilat茅raux sur la politique culturelle en g茅n茅ral et les m茅dias en particulier.
Dans un march茅 global, le Canada peut-il demeurer souverain 脿 l'茅gard de ses communications? La convention internationale sur la diversit茅 culturelle propos茅e par l'Organisation des Nations Unies pour l'茅ducation, la science et la culture (UNESCO) est d'une importance vitale pour le Canada tandis que le Sommet mondial sur la soci茅t茅 de l'information a permis de d茅terminer nombre de questions allant des droits en mati猫re de communication 脿 la r茅gie d'Internet, lesquels domineront la discussion g茅n茅rale des questions sur la politique concernant les m茅dias au cours des prochaines ann茅es.
Qu'est-ce qui rend les communications canadiennes distinctes? Le Canada dispose d'un des syst猫mes de m茅dias et de communications de masse les plus perfectionn茅s. Notre pays a souvent cr茅茅 de nouvelles structures et ententes institutionnelles pour la production et la distribution des contenus m茅diatiques et d'autres formes de communication point 脿 point et de communication g茅n茅rale. Comment? Gr芒ce 脿 un syst猫me 茅labor茅 de m茅canismes de r茅glementation 鈥� depuis la radiodiffusion publique en passant par des programmes de financement au profit des arts et de la culture jusqu'au CRTC 鈥� lesquels sont 茅tudi茅s et repris par les d茅cideurs du monde entier en mati猫re publique.
La toile de fond de la Chaire Beaverbrook
La Chaire Beaverbrook en 茅thique, m茅dia et communication a 茅t茅 茅tablie 脿 l'universit茅 McGill gr芒ce aux fonds de la Beaverbrook Canadian Foundation. Elle est ainsi nomm茅e en l'honneur du Lord Beaverbrook qui a grandi au Nouveau-Brunswick sous le nom de William Maxwell Aitken. Le Lord Beaverbrook a fait une lucrative carri猫re dans les affaires 脿 Montr茅al avant d'aller vivre plus tard en Grande-Bretagne et d'y devenir membre du Parlement. Fait chevalier en 1911 et pair du Royaume en 1917, il s'est dirig茅 vers les entreprises de presse et a fait l'acquisition du Daily Express et de l'Evening Standard. Il a 茅galement lanc茅 le Sunday Express. 脌 titre de ministre de la production d'a茅ronefs au cours de la Seconde Guerre mondiale, il a galvanis茅 le secteur de l'aviation. Pendant la guerre, Lord Beaverbrook a 茅t茅 un des membres influents du cabinet de Winston Churchill avec qui il a nou茅 des relations personnelles 茅troites. Apr猫s la guerre, il a abandonn茅 la politique pour r茅diger ses m茅moires et la biographie de ses amis influents et pour superviser ses journaux. 脌 son d茅c猫s, en 1964, la diffusion du Daily Express 茅tait l'une des plus importantes du monde 鈥� rejoignant 4,5 millions de personnes chaque jour. La Beaverbrook Canadian Foundation a 茅t茅 cr茅茅e par Lord Beaverbrook en 1960 en vertu d'une loi du Parlement canadien.
