Miroir tendu à l'humanité
Les statisticiens des caractéristiques biologiques arrivent à McGill
La passion de Jim Hanley pour les statistiques remonte au séjour de quelques semaines qu'il a fait en 1970, à Waterloo, en Ontario, au cours duquel il a analysé des centaines de mégots malodorants. Tout juste arrivé de Cork, sa ville natale d'Irlande, M. Hanley effectuait des recherches pour un professeur de statistiques de l'Université de Waterloo qui dirigeait une étude destinée aux sociétés canadiennes productrices de tabac sur les effets des cigarettes faibles en goudron et en nicotine sur l'inhalation des fumeurs. « Je devais aller frapper à leur porte à la fin de chaque semaine pour ramasser le sac de mégots qu'ils gardaient au réfrigérateur », se rappelle M. Hanley, maintenant professeur de biostatistique, d'épidémiologie et de santé au travail à l'Université McGill. « C'était une façon fascinante de découvrir qu'il existe des gens derrière les chiffres. »
Le 16 juillet prochain, M. Hanley accueillera 750 collègues statisticiens de partout dans le monde pour la XXIIIe Conférence internationale sur la biométrie, une rencontre biennale de cinq jours sur la science et la technologie des mesures et de l'analyse statistique des données biologiques en relation avec la biomédecine, l'environnement, l'agriculture et l'écologie. Organisée par le Conseil national de recherches du Canada, la Conférence se tiendra sur le campus de l'Université McGill au centre-ville de Montréal. L'événement comprend 14 sessions invitées, 12 sessions thématiques, 58 sessions régulières et 3 présentations sous forme d'affiches sur une variété presque incalculable de sujets liés aux domaines de la santé, de l'environnement, de l'agriculture et de la faune.
Contrairement à la fameuse citation de Benjamin Disraeli qui affirmait que les trois sortes de mensonges sont « les mensonges, les mensonges éhontés et les statistiques », M. Hanley, président du comité organisateur local, affirme que, si ce n'était des statisticiens, le monde serait carrément pire, ou du moins que nous serions beaucoup moins bien informés. « Toutes les études médicales dont nous entendons parler, tous les essais cliniques sur les médicaments contre le sida, toutes les recherches contre le cancer, tous les rapports sur les maladies infectieuses et toutes les analyses effectuées sur la protéomique et la génomique seraient impossibles sans la contribution des statisticiens », soutient-il, en ajoutant : « Nous tendons un miroir à l'humanité et lui disons "Regardez, voici qui nous sommes" ».
Les sujets abordés lors de la Conférence incluent notamment la controverse entourant les études pharmaceutiques financées par l'industrie, les progrès accomplis dans l'analyse de données environnementales, la flambée des maladies infectieuses et le thème dominant de l'impact de la technologie dans le domaine des statistiques.