Mettre au jour les services cachés de la nature
Une équipe internationale en recherche sur les écosystèmes
met au point un nouvel outil de gestion des compromis écologiques
À la suite d’une vaste enquête des écosystèmes agricoles en périphérie de Montréal, un nouvel outil permettant l’analyse simultanée et la gestion d’un grand nombre de services écologiques a été mis au point par Ciara Raudsepp-Hearne, du Département de géographie de l’Université McGill, Elena Bennett, de l’École d’environnement de l’Université McGill, et Garry Peterson, du Stockholm Resilience Centre de l’Université de Stockholm. La gestion environnementale met généralement l’accent sur les ressources naturelles telles que la nourriture, la faune et les matières ligneuses, mais peut omettre certains services écosystémiques comme l’épuration des eaux, l’effet modérateur sur les conditions climatologiques ainsi que la réglementation du cycle des substances nutritives.
Les chercheurs ont démontré que les écosystèmes qui maximisent l’exploitation agricole offrent moins de services écosystémiques cachés que les paysages plus diversifiés sur le plan de l’agriculture. Selon Ciara Raudsepp-Hearne, « les paysages misant sur une exploitation unique, telle que la production porcine, peuvent se révéler coûteux, étant donné qu’ils comptent moins de services cachés, dont la réglementation de la pollution par les nutriments – un enjeu d’importance pour le public ». Les travaux menés ont également démontré que, dans certains secteurs, une production agricole élevée peut être liée à la production d’autres services écosystémiques. Le cadre utilisé par les chercheurs peut être utilisé pour cerner les meilleures pratiques à employer et ainsi ouvrir la voie à l’élaboration de politiques efficaces en matière de ressources.Â
De l’avis d’Elena Bennett, les questions environnementales québécoises sont gérées de manière relativement efficace, mais compromis et coûts doivent néanmoins être pris en compte. La chercheuse précise que « le principal message à véhiculer est qu’en matière de paysages, l’on doit considérer plusieurs aspects. Si l’on pense au maïs par exemple, l’on peut également miser sur la chasse au cerf, sur les substances nutritives et sur le tourisme ».
La région montréalaise environnante a été choisie en raison des aspects qui la lient à plusieurs paysages agricoles dans le monde. « J’espère que l’outil mis au point pourra être utilisé ailleurs et que les décideurs l’utiliseront pour établir un équilibre entre les objectifs des fermiers, des villageois et des banlieusards », a indiqué Garry Peterson.
Les données ont été publiées dans le numéro du 1er mars 2001 de Proceedings of the National Academy of Science.