L'Université McGill réclame des incitatifs pour les dons privés et des mesures pour alléger le sous-financement chronique des universités
Lors de sa présentation dans le cadre du processus de consultation en vue de la préparation du budget, l'Université McGill a invité le gouvernement du Québec à mettre en oeuvre des mesures qui favorisent la diversification des sources de revenus des universités et des établissements d'enseignement supérieur.
« Le gouvernement du Québec affirme sans cesse que la santé et l'éducation sont ses deux priorités, a souligné Dr Heather Munroe-Blum, Principale et vice-chancelière de l'Université McGill. Le système universitaire du Québec est fragilisé par un sous-financement chronique qui doit faire l'objet d'un examen urgent et prioritaire. »
Les universités du Québec sont financées bien en deçà de la moyenne canadienne : le manque à gagner pour le seul exercice 2002-2003 est de 375 millions de dollars. Et ce manque à gagner s'accroît depuis plus d'une décennie. Pourtant, une étude récente effectuée par Montréal International rapporte que les universités « sont devenues des actifs stratégiques de premier plan dont dépend une part importante du développement futur de Montréal ». Grâce à la recherche, à l'innovation et à la formation, les universités constituent l'assise sur laquelle reposent les grappes industrielles de Montréal des domaines de l'information et des technologies de communication, des sciences de la vie et de l'aérospatiale. Par ailleurs, les universités de Montréal contribuent 4,21 milliards de dollars au PIB du Québec et 5,98 milliards de dollars au PIB du Canada.
« Dans son budget, le gouvernement devrait avant tout s'engager à fournir un financement pluriannuel aux universités, a ajouté Dr Munroe-Blum. Mais le gouvernement ne peut seul pallier le manque à gagner. Les universités ont besoin d'un cadre fiscal et stratégique qui privilégie la diversification de leurs sources de financement. Les universités devraient pouvoir compléter les investissements fondamentaux du gouvernement par des dons privés, par l'amélioration des réussites en recherche, notamment les partenariats, par une hausse des droits de scolarité conjuguée à celle de l'aide financière destinée aux étudiants, et par le soutien du gouvernement fédéral à la recherche et aux étudiants diplômés. »
Les mesures spécifiques proposées par l'Université McGill englobent :
- L'accroissement du soutien des organismes subventionnaires de la recherche du Québec, dont le budget global a été diminué pour la première fois en vingt ans;
- La maximisation de la contribution du gouvernement fédéral à la recherche et aux étudiants diplômés;
- La mise en oeuvre de programmes de dons de contrepartie, y compris d'un programme paritaire d'aide aux étudiants;
- L'élimination de l'impôt sur les gains en capital pour les dons sous forme d'instruments de capitaux propres;
- L'élimination de la T.V.P. sur les achats effectués par les universités, notamment pour la recherche;
- La dispense de droits de scolarité, l'élimination des droits différentiels et l'accès aux bourses de recherche et aux permis de travail spéciaux pour les étudiants étrangers, étant donné la mondialisation de la concurrence pour attirer d'excellents étudiants diplômés;
- La simplification de la réglementation des universités en vue de leur donner plus de latitude par rapport aux droits de scolarité et au développement de programmes. Il en découlera des possibilités de financement qui sont présentement entravées par des rigidités contre- productives, des mesures dissuasives et des pénalités fiscales. Les droits de scolarité devraient être déterminés établissement par établissement et être conjugués à l'obligation de fournir une aide financière qui est fonction des besoins ainsi qu'à l'imputabilité des établissements quant à la qualité des programmes.
« En ce qui a trait aux droits de scolarité, a poursuivi Dr Munroe-Blum, notre position est qu'aucun étudiant qualifié et doué ne devrait se voir refuser la possibilité d'étudier à l'université en raison d'un manque de moyens financiers. Rien ne prouve que le gel des droits de scolarité profite aux défavorisés. Au contraire, il existe un effet inverse à la Robin des bois. Les étudiants dont les parents ont des revenus élevés sont beaucoup plus susceptibles de fréquenter l'université que ceux dont les parents sont dans les tranches inférieures de revenu. »
La hausse des droits de scolarité doit s'accompagner de celle de l'aide financière et doit être échelonnée de manière raisonnable et prévisible, a poursuivi la Principale. Dans l'immédiat, les droits de scolarité devraient être indexés en fonction du coût de la vie.
Située à Montréal, Québec, Canada, l'Université McGill jouit d'une renommée mondiale au titre de ses travaux savants et de ses découvertes scientifiques. Fondée en 1821, McGill est l'un des deux membres canadiens de l'American Association of Universities. Les 21 facultés et écoles professionnelles de McGill dispensent plus de 300 programmes, du baccalauréat au doctorat. Les professeurs de l'institution sont des diplômés formés dans les grandes universités du monde entier. McGill attire des étudiants de plus de 150 pays, ce qui lui donne l'un des effectifs étudiants les plus dynamiques et les plus diversifiés en Amérique du Nord. L'Université McGill accueille environ 18 000 étudiants à temps plein au premier cycle et 5 000 étudiants de 2e et 3e cycles.