L’innocuité du plastifiant DINCH à l’étude
Le DINCH, un plastifiant couramment utilisé que l’on retrouve dans différents articles en contact avec le public, tels que les dispositifs médicaux, les jouets pour enfants ou encore l’emballage alimentaire, a été placé « sous la loupe » d’une équipe de chercheurs montréalais.Ìý
Selon une nouvelle étude publiée par l’Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill (IR-CUSM), les métabolites du DINCH auraient des effets biologiques sur les processus métaboliques de modèles animaux lors d'expériences réaliséesÌýin vitro. Ces résultats, publiés dans la revueÌý, pourraient avoir d’importantes répercussions compte tenu de l'utilisation croissante et élargie du DINCH présentée ces dernières années comme une alternative sécuritaire de substitution aux phtalates.
«ÌýC’est la première étude, basée sur des données obtenuesÌýin vitro,Ìýqui démontre l’effet biologique perturbateur de MINCH, un métabolite duÌý plastifiant DINCH, sur le métabolisme des mammifères, affirme l’auteur principal de l’étude, le DrÌýVassilios Papadopoulos, chercheur du programme de Thérapeutique expérimentale et de métabolisme de l’IR-CUSM et professeur de médecine à l’Université McGill.ÌýD’autres recherches doivent être menées, en particulier pour évaluer l’effet de plus faibles doses de MINCH que celles utilisées dans les études existantes et pour conduire d’autres études sur différents tissus. »Ìý
Les inquiétudes en santé publique au sujet des plastifiants ont suscité de vifs débats dans les milieux scientifiques, juridiques et médiatiques ces dernières années. Depuis dix ans, certains phtalates, qui font partie des plastifiants les plus connus, sont limités ou même interdits dans les produits pour enfants en Amérique du Nord et dans de nombreux pays d’Europe, en raison de leurs effets sur la santé reproductive. Le DINCH (1,2-cyclohexanedicarboxylic acid, diisononyl ester), qui a été développé comme substitut des phtalates interdits ou fortement limités dans de nombreux usages, est approuvé et certifié par de nombreuses autorités et institutions à travers le monde. Comparativement à la quantité de littérature disponible sur les phtalates, il n’y a eu aucune étude révisée par des pairs sur les effets possibles du DINCH et de ses métabolites sur le métabolisme, à part une revue critiqueÌýÌýet des rapports des organismes de régulations.Ìý
En l'absence de données biologiques et biochimiques disponibles dans la littérature scientifique, l’équipe de chercheurs qui travaille sur les phtalates depuis des années, a décidé d’évaluer les effets du DINCH et de deux de ses métabolites (le CHDA et le MINCH) dans des expériencesÌýin vitroÌýsur des cellules du tissu adipeux chez le rat. En fait, les chercheurs ont d’abord utilisé le DINCH comme produit témoin, car il était présenté comme étant un produit sécuritaire. Ils ont constaté que l’action du metabolite MINCH était similaire à celle du phtalate MEHP.
L’étude révèle que le MINCH agit comme un perturbateur métabolique, car il nuit à la différenciation des tissus adipeux, c’est-à -dire le mode de fabrication des graisses dans l’organisme. Les chercheurs ont également observé que l’effet du MINCH sur des modèlesÌýin vitroÌýest médié par un récepteur qui intervient dans le système métabolique, comme c’est le cas pour les phtalates. Les chercheurs ont ainsi pu déduire que le MINCH pourrait potentiellement nuire au système métabolique des mammifères.Ìý
«ÌýIl est actuellement difficile de déterminer si l’exposition au DINCH représente un risque pour la santé humaine; nous devons mener plus de recherches sur des modèlesÌýin vivo. »Ìý
« Nous savons que l'industrie respecte la réglementation stricte pour ses produits, qui sont imposées par les gouvernements, ajoute-t-il. Cependant la science évolue à mesure que de nouvelles technologies deviennent disponibles, conduisant à des changements de réglementations. Ce processus d’évolution basé une science éclairée qui vise la sécurité deÌý la population, a conduit à la réévaluation de composés autrefois jugés sans danger (tels que les phtalates, le biphénol A, et de nombreux autres médicaments), et leur utilisation limitée ou interdite.»Ìý
Selon les chercheurs, puisque nous sommes exposés aux plastiques tout au long de notre vie et que nous y sommes plus sensibles à certaines périodes, notamment pendant la vie fœtale, il faudrait procéder à une évaluation plus approfondie des effets de ce plastifiant.
Note pour les journalistes:Ìýdes copies de l’article sont disponibles pour les journalistes accrédités qui en feront la demande. Merci de contacter la salle de presse d’Elsevier par courriel à Ìýnewsroom [at] elsevier.comÌýou +31 204853564.
Financement
Cette recherche a été rendue possible grâce à une subvention des Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC) et une chaire de recherche du Canada en pharmacologie biochimique. L’Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill est soutenu par le Fonds de recherche du Québec – Santé (FRQS).
IMPORTANT: NOTE AUX LECTEURS
À la suite de la publicationÌýpar Enrico Campioli, Tam B. Duong, François Deschamps et Vassilios Papadopoulos, dansÌýEnvironmental Research 140(2015), p 145–156, le groupe chimique BASF a remis en question l'application des données scientifiques et a émis ses commentaires dans une lettre au rédacteur (). Les auteurs ont répondu en publiant une autre lettre au rédacteur () avec unÌýÌý par la suite. Les deux lettres ont été rendues publiques et sont disponibles en ligne sur le site du journal scientifique.Ìý