Lien entre le traitement de l’¾±²Ô´Ú±ð°ù³Ù¾±±ô¾±³Ùé et un risque légèrement plus élevé de complications pendant la grossesse
Les femmes qui tombent enceintes pendant des traitements de l’¾±²Ô´Ú±ð°ù³Ù¾±±ô¾±³Ùé, comme la fécondation in vitro (ou FIV), courent un risque légèrement plus élevé d’avoir des complications pendant leur grossesse – comme des saignements, des infections graves et des risques d’hospitalisation aux soins intensifs au moment de l’accouchement – selon une menée par des chercheurs de l’ICES, de l’Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill (IR-CUSM) et de l’hôpital St. Michael’s.
Au Canada, le taux de complications graves est d’environ de 10 à 15 cas pour 1 000 naissances. Les décès à l’accouchement sont encore plus rares, puisqu’il en survient 10 ou moins pour 100 000 naissances. Pendant la grossesse, les complications se manifestent souvent de façon soudaine et sont difficiles à prédire. En conséquence, il est important d’identifier les femmes susceptibles d’être à risque pour ce qui est de ces complications, afin d’éviter de graves conséquences, y compris le décès.
« Nous avons découvert que, parmi le groupe de participantes à notre étude ayant reçu un traitement de l’¾±²Ô´Ú±ð°ù³Ù¾±±ô¾±³Ùé, plus particulièrement une fécondation in vitro, 30,8 femmes sur 1 000 avaient vécu une complication grave pendant leur grossesse, comparativement à 22,2 femmes sur 1 000 qui avaient donné naissance à un enfant sans avoir reçu quelque traitement », explique l’auteure principale de l'étude, la Dre Natalie Dayan, clinicienne-chercheuse à l’IR-CUSM et Directrice de médecine obstétricale à la division de médecine interne générale du Centre universitaire de santé McGill.
« Il est important de se rappeler que le nombre absolu de patientes qui développent ces complications demeure très faible, ce qui signifie que, pour la plupart des femmes qui ne peuvent concevoir d’enfant naturellement, un traitement de l’¾±²Ô´Ú±ð°ù³Ù¾±±ô¾±³Ùé constitue un moyen très sécuritaire et très efficace de tomber enceinte et d’avoir un enfant », ajoute la Dre Dayan, qui est également professeure adjointe au Département de médecine, Division de médecine interne générale de la Faculté de médecine de l’Université McGill.
Au Canada, un couple sur six est touché par l’¾±²Ô´Ú±ð°ù³Ù¾±±ô¾±³Ùé, et bon nombre de ces couples ont recours à la technologie de procréation assistée. En conséquence, ces traitements entraînent environ 18 000 naissances au Canada chaque année. Des experts en matière de fertilité en Ontario ont généré des données, non seulement dans le but d’évaluer le taux de succès de ces traitements, mais aussi afin de procéder à une évaluation adéquate de la santé de la mère après le traitement.
Les chercheurs ont analysé les données provenant de 813 719 naissances dans les hôpitaux ontariens entre 2006 et 2012. Ils ont identifié 11 546 femmes ayant conçu un enfant après avoir reçu un traitement de l’¾±²Ô´Ú±ð°ù³Ù¾±±ô¾±³Ùé et les ont jumelées avec 47 553 femmes présentant des caractéristiques similaires et ayant conçu un enfant sans aide médicale. Les femmes qui conçoivent un enfant après avoir reçu un traitement de l’¾±²Ô´Ú±ð°ù³Ù¾±±ô¾±³Ùé sont généralement plus âgées, sont plus souvent mères pour la première fois, primipares et portent plus d’un fÅ“tus, que les femmes qui conçoivent « naturellement », et ces caractéristiques impliquent souvent une grossesse à haut risque.
Bien que l’étude ici, publiée dans le Canadian Medical Association Journal (CMAJ), suggère un risque légèrement plus élevé lié au traitement lui-même, les chercheurs notent que « on ne peut pas encore conclure si ce sont les composantes précises du traitement ayant recours à la fécondation in vitro qui contribuent aux complications chez la mère, comme la dose d’hyperstimulation ovarienne ou bien le transfert d’embryons ‘‘frais’’ ou congelés, ou bien si ce sont les caractéristiques des femmes qui optent pour cette forme de traitement, comme leur âge ou leur état de santé. »
Un autre point intéressant qui a été soulevé dans l'étude est que le risque plus élevé de développer l'une de ces complications de grossesse a été observé chez les femmes qui avaient eu une fécondation in vitro, mais pas chez celles ayant reçu d'autres types de traitement de l'¾±²Ô´Ú±ð°ù³Ù¾±±ô¾±³Ùé, tels que l'insémination intra-utérine ou l'induction de l'ovulation par la prise de médicaments.
Au cours des dernières années, la communauté scientifique et médicale a plaidé en faveur de la santé optimale de la mère avant d’entreprendre des traitements de l’¾±²Ô´Ú±ð°ù³Ù¾±±ô¾±³Ùé. De plus, les spécialistes de la fertilité consultent souvent d’autres experts pour assurer un bon contrôle de toutes les conditions de santé avant la grossesse et choisissent souvent d’implanter un seul embryon par mère afin d’éviter les risques associés aux grossesses multiples.
« La première étape consiste à surveiller de près les femmes afin de déceler les effets secondaires susmentionnés. Des équipes multidisciplinaires sont déjà à pied d’œuvre pour optimiser la santé maternelle et le bien-être des mères avant la grossesse et même avant le traitement de l’¾±²Ô´Ú±ð°ù³Ù¾±±ô¾±³Ùé. Les femmes considérées comme étant à risque plus élevé devraient être informées de l’existence de ces faibles, mais importants risques pour la santé et pourraient avoir besoin d’un suivi plus serré de la part d’obstétriciens et de médecins spécialistes ayant de l’expérience en matière de grossesses à risque élevé », ajoute le Dr Joel Ray, auteur senior de l’étude et chercheur à l’ICES ainsi qu’au Li Ka Shing Knowledge Institute de l’hôpital St. Michael's.
Les chercheurs ajoutent que des recherches ultérieures permettront d’examiner de plus près les facteurs qui ont conduit à ces complications de grossesse, l'objectif étant de permettre aux médecins de personnaliser davantage les traitements en fonction de chaque femme qui nécessite une assistance en matière de procréation, afin d'optimiser les chances de succès d’une grossesse en santé.
« Infertility treatment and risk of severe maternal morbidity: a propensity score matched cohort study », par Natalie Dayan et coll., est publié dans le numéro du CMAJ du 4 février 2019.Â
Ces travaux de recherche ont été financés par les Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC).
À propos de l’Institut de recherche du CUSM
³¢â€™ (IR-CUSM) est un centre de recherche de réputation mondiale dans le domaine des sciences biomédicales et de la santé. Établi à Montréal, au Canada, l’Institut, qui est affilié à la faculté de médecine de l’Université McGill, est l’organe de recherche du Centre universitaire de santé McGill (CUSM) – dont le mandat consiste à se concentrer sur les soins complexes au sein de sa communauté. ³¢â€™IR-CUSM compte plus de 420 chercheurs et près de 1 200 étudiants et stagiaires qui se consacrent à divers secteurs de la recherche fondamentale, de la recherche clinique et de la recherche en santé évaluative aux sites Glen et à l’Hôpital général de Montréal du CUSM. Ses installations de recherche offrent un environnement multidisciplinaire dynamique qui favorise la collaboration entre chercheurs et tire profit des découvertes destinées à améliorer la santé des patients tout au long de leur vie. ³¢â€™IR-CUSM est soutenu en partie par le Fonds de recherche du Québec – Santé (FRQS).