Les secrets du dard d'amour de l'escargot
Comment se déroule la saison des amours chez les escargots? Lentement, brutalement, avec un dard couvert de mucus. Sans savoir exactement comment, Ronald Chase savait cependant que le « dard d'amour » — un aiguillon acéré et visqueux projeté vers un partenaire sexuel potentiel — servait à rehausser la fécondation. Le professeur de biologie de l'Université McGill sait désormais que la clé de ce rite amoureux ne réside pas dans l'aiguillon, mais plutôt dans le mucus qui le recouvre et qui peut doubler les chances de fécondation.
Parue dans la revue bimensuelle Proceedings of the Royal Society of London B, Biological Sciences, la découverte du Pr Chase et de Katrina Blanchard, étudiante aux cycles supérieurs, explique en quoi ce dard d'amour occupe, chez certaines espèces d'escargots, un rôle clé sur le plan de l'évolution.
Les escargots sont hermaphrodites. Dans le cadre de l'expérience, les chercheurs ont injecté le mucus du dard à un groupe d'escargots en période d'accouplement. Une semaine plus tard, ils ont injecté une simple solution saline aux escargots du même groupe, jumelés cette fois avec d'autres escargots qui sécrètent du sperme. Parmi ces derniers, ceux qui ont été accouplés avec des partenaires qui ont reçu une injection de mucus ont engendré deux fois plus de bébés que ceux jumelés à des partenaires ayant reçu la solution saline. Préalablement à l'expérience, les dards de l'ensemble des escargots avaient été retirés chirurgicalement.
Lors de travaux précédents, le Pr Chase a démontré que le mucus semblait entraîner des contractions dans certains conduits chez l'escargot. Selon le chercheur, il est possible que ces contractions suppriment les enzymes qui assimilent le sperme, lesquelles éliminent la majeure partie des 5,5 millions de spermatozoïdes sécrétés lors de l'accouplement. La nouvelle expérience semble valider ces données, en confirmant qu'une réaction chimique produite par le mucus — et non une réaction mécanique provoquée par le dard — soit responsable du taux de fécondation accru.