Les bioaérosols : une solution possible aux mystères du climat
La professeure Parisa Ariya a découvert fortuitement que les bioaérosols pouvaient provoquer des réactions chimiques aussi impressionnantes que rapides, ce qui ne manquera certainement pas d'influer sur les sciences du climat.
Madame Ariya, qui est professeure au Département des sciences atmosphériques et océaniques de l'Université McGill, a réalisé ses premières observations du phénomène en août 2001, après qu'un boursier de recherches post-doctorales ait oublié de fermer la valve d'étanchéité de la chambre de réaction entre un composé organique (comprenant un mélange de carbone et d'oxygène ou d'hydrogène) et de l'ozone (sous forme de l'oxygène de la stratosphère qui nous protège contre les rayons ultraviolets).
Le lundi suivant, le composé organique avait disparu et la professeure Ariya enregistrait plusieurs nouveaux pics dans les zones de fréquence des glucides et des protéines. Les parois de verre de la chambre de réaction étaient recouvertes d'un dépôt. Mais de quelle nature? La professeure Ariya en a déduit que des micro-organismes aéroportés s'étaient frayé un chemin du laboratoire jusque dans la chambre de réaction, pour y absorber le composé organique et produire de nouveaux aérosols par réaction avec le composé et l'ozone.
Partant de là , la professeure Ariya a compris qu'une telle réaction ne manquerait pas contribuer à la connaissance du climat et des changements climatiques, étant donné qu'elle se produit en tout temps dans la nature, compte tenu de la présence constante des bioaérosols et des composés organiques morts ou vivants (poussière, bactéries, pollen, débris végétaux, virus). « J'ai bien fait de ne pas jeter le contenu de la chambre de réaction. Et encore davantage de réaliser d'autres expériences du genre. Il faut dire que la rapidité et l'efficacité des réactions chimiques avaient de quoi étonner le plus imperturbable des chercheurs. »
Depuis qu'elle a entrepris sa recherche, la professeure Ariya a constaté que les bioaérosols peuvent former des nuages, à la manière des aérosols inorganiques (comme la poussière volcanique). Elle étudie maintenant le rôle que jouent les bioaérosols sur les interfaces entre la neige et l'air, la neige et l'eau, et le brouillard et les nuages. Bien que l'on suppose depuis longtemps la fonction glaçogène des bioaérosols pour la formation des nuages, on ignore totalement leur incidence sur la chimie pilote, ainsi que les effets des réactions chimiques sur la physique de l'atmosphère.
Mais ce qui relève vraiment du fantastique, c'est qu'aucun chercheur avant Parisa Ariya n'avait intégré les bioaérosols à ses recherches sur le climat, tout simplement parce qu'ils restent numériquement dans l'ombre des aérosols inorganiques.