Les éducateurs ont le devoir de protéger les étudiants gais de l'intimidation.
Une étudiante au doctorat de McGill présente les données d'une recherche devant les membres de l'American Educational Research Association
Selon une recherche menée par Elizabeth Meyer, chercheuse de l'Université McGill, les termes « pédé » et « lesbienne » figurent parmi les armes ayant été utilisées à plusieurs reprises dans le cas de harcèlement auprès d'homosexuels au sein d'établissements scolaires au Canada et aux États-Unis.
« Les étudiants homosexuels sont régulièrement victimes de harcèlement, et ce, de manière violente, dans les établissements où ils poursuivent leurs études », a mis en garde Mme Meyer, étudiante au doctorat au Département d'études intégrées en éducation de l'Université McGill. La chercheuse figure parmi les 80 scientifiques de l'Université invités à présenter leurs découvertes dans le cadre de l'assemblée annuelle de l'American Educational Research Association qui se tient à Montréal du 11 au 15 avril.
Lorsque des étudiants homosexuels sont victimes de harcèlement dans les écoles où ils font leurs études, il incombe aux éducateurs de les protéger de toute forme d'abus physique ou verbal. « Il doit y avoir un effort concerté au sein du milieu de l'éducation afin de mettre sur pied une formation à l'intention des professeurs sur les situations vécues par les étudiants homosexuels et les problèmes dont ils sont victimes. Les éducateurs doivent faire fi de leurs préjugés et vaincre leurs peurs pour offrir un véritable soutien aux étudiants et faire en sorte que l'ensemble d'entre eux reçoivent l'enseignement auquel ils ont droit », a indiqué Mme Meyer.
Toutefois, certains éducateurs font la sourde oreille aux dénonciations de harcèlement dont sont victimes les étudiants homosexuels. « Dans bon nombre de cas, les professeurs n'interviennent pas et cela fait en sorte que de tels comportements se répètent. Ce sont tous les étudiants qui souffrent lorsque les préjugés persistent. En acceptant que perdurent de tels comportement antisociaux, les éducateurs transmettent le message selon lequel l'entretien de préjugés est toléré dans notre culture », a précisé la chercheuse.
Les résultats des recherches menées par Elizabeth Meyer sont fondés sur des causes sans précédent, dont deux ont été jugées aux États-Unis et une au Canada, et à l'issue desquelles des étudiants ont intenté un procès à leur commission scolaire respective, arguant ne pas avoir été protégés alors qu'ils étaient la cible de harcèlement injustifié. Deux des étudiants ont remporté leur cause. « C'est le prix élevé de ces règlements qui a forcé les commissions scolaires à tenir compte des droits des membres de minorités sexuelles de leurs écoles », a précisé Mme Meyer.
« Seuls 10 États américains se sont dotés de politiques non discriminatoires parmi lesquelles figure le respect de l'orientation sexuelle. Dans l'ensemble des provinces canadiennes, à l'exception de l'Alberta et du Nunavut, le respect de l'orientation sexuelle est inscrit clairement à la charte des droits humains de même qu'à la Charte canadienne des droits et libertés », a souligné la chercheuse.
Pour qu'elles soient efficaces, les lois fédérales, au même titre que les politiques contre le harcèlement dont se sont dotées les écoles, doivent être respectées. « Toute politique est inutile si elle n'est pas appliquée. Le harcèlement homophobe cause d'importants dommages sur le plan émotionnel aux gais et lesbiennes, aux bisexuels et personnes transgenres ou à tout étudiant perçu comme différent », a précisé Elizabeth Meyer.
Malgré le fait qu'il semble y avoir une meilleure acceptation des homosexuels en Amérique du Nord, les recherches menées par Mme Meyer ont permis de constater que les garçons demeurent deux fois plus susceptibles que les filles d'être victimes de harcèlement en raison de leur orientation sexuelle qu'ils ne l'étaient il y a dix ans. À la lumière de données publiées dans l'édition 2003 du National School Climate Survey, préparé par le Gay, Lesbian and Straight Education Network (GLSEN), la chercheuse a également découvert que :
- 84 pour cent des étudiants homosexuels disent avoir été victimes de harcèlement verbal;
- 64,3 pour cent disent ne pas se sentir en sécurité à l'école;
- 39,1 pour cent disent avoir été victimes de harcèlement physique.
Les membres des médias souhaitant obtenir une entrevue avec Elizabeth Meyer doivent téléphoner au (514) 398-6752. Vous pouvez consulter le National School Climate Survey, édition 2003, du GLSEN, .