Des chercheurs montréalais sondent les gènes de la mémoire
Montréal — Une équipe de chercheurs montréalais a découvert que la protéine cellulaire GCN2, qui inhibe le stockage de nouvelles informations dans la mémoire à long terme, pourrait bien jouer un rôle régulateur essentiel dans le transfert des informations de la mémoire à court terme à la mémoire à long terme. L'article intitulé Translational control of hippocampal synaptic plasticity and memory by the eIF2α kinase GCN2, publié dans le numéro du 25 août de la revue Nature, apporte la première évidence génétique du rôle essentiel de la synthèse des protéines dans la régulation de la formation de la mémoire.
Cette découverte est le fruit d'une collaboration internationale à laquelle ont pris part Nahum Sonenberg, Karim Nader, Wayne Sossin et Claudio Cuello de l'Université McGill, ainsi que Jean-Claude Lacaille et Nabil Seidah du Département de physiologie de l'Université de Montréal, et David Ron de l'Université de New York. Leurs travaux éclairent d'un jour nouveau le rôle mystérieux de l'hippocampe, le centre cérébral de l'apprentissage et de la mémoire.
« Les nouvelles informations ne sont pas toutes stockées dans la mémoire à long terme », explique Mauro Costa-Mattioli, chercheur postdoctoral au laboratoire du professeur Sonenberg, qui est à l'origine de ce projet de recherche. « La plupart du temps, il faut plusieurs tentatives pour apprendre quelque chose, comme mémoriser un passage de livre. Les premières fois, on peut réussir à mémoriser ce passage, mais il est possible que notre mémoire ne l'enregistre pas complètement et il faut alors le réapprendre. »
À l'aide d'une série d'expériences, les chercheurs ont démontré que les souris privées de la protéine GCN2 (ou souris transgéniques) assimilaient plus durablement les informations nouvelles que des souris normales et que ces informations étaient plus souvent stockées dans la mémoire à long terme. Ils en ont donc déduit que la protéine GCN2 pouvait inhiber le stockage de nouvelles informations dans la mémoire à long terme.
Selon le professeur Jean-Claude Lacaille : « Le processus de transfert des informations de la mémoire à court terme à la mémoire à long terme dans le cerveau fait intervenir l'activation de molécules qui facilitent le stockage des informations et le blocage de protéines qui l'inhibent, telles que la GCN2. »
Bien que la possibilité de mener des recherches sur des sujets humains soit encore éloignée, les chercheurs pensent que cette découverte pourra être utile au traitement de divers troubles liés à la mémoire. « La découverte du rôle de la protéine GCN2 dans la mémoire à long terme pourra nous aider à concevoir des médicaments ciblés conçus pour pallier la perte de mémoire dont souffrent notamment les patients atteints de la maladie d'Alzheimer, qui se caractérise précisément par une altération de la synthèse des protéines et de la mémoire », conclut Karim Nader.
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