De la recherche de pointe au nouveau
La création du Complexe des sciences de la vie de l’Université McGill annonce l’avènement d’une ère prometteuse et exaltante pour la recherche en sciences de la vie, une ère ponctuée de nouvelles percées scientifiques et destinée à changer la théorie et la pratique de la médecine, et à améliorer la vie humaine pour les générations futures. Les projets de recherche du complexe seront axés sur cinq domaines biomédicaux : cancer, caractéristiques complexes, biologie chimique, biologie du développement et systèmes d’information cellulaire.
Le cancer
La recherche sur la nature biologique du cancer requiert une approche interdisciplinaire et polyvalente. Pour mieux comprendre cette maladie trop répandue, la solution repose sur une étroite collaboration entre chercheurs fondamentaux et cliniciens. Les scientifiques concentreront leurs efforts sur cinq grands axes de recherche : cancer du sein, développement embryonnaire et cancer, cellules souches et signalisation, métabolisme et cancer, et altérations et instabilité de l’ADN.
Le nouveau pavillon de recherche sur le cancer accueillera des scientifiques de renommée mondiale issus à la fois du Centre de recherche sur le cancer de McGill et du Groupe d'oncologie moléculaire, suite à la fusion de ces deux établissements sous une même appellation : le Centre de recherche sur le cancer Rosalind et Morris Goodman. Ceci permettra de réunir pour la première fois sous un même toit des chercheurs mondialement connus afin d’examiner les interactions entre les gènes et les protéines, et de déterminer leurs rôles dans le processus cancéreux.
« Ce ne sont pas des salles individuelles, mais des espaces ouverts où les chercheurs travaillent en collaboration côte à côte et partagent les produits chimiques, le matériel et les installations », déclare le Dr Michel Tremblay, cancérologue accompli dont la carrière s’échelonne sur 25 ans, qui dirige le Centre de recherche sur le cancer Rosalind et Morris Goodman. « C’est une façon d’effectuer la recherche qui est beaucoup plus efficace, économe et scientifiquement stimulante, et qui accélère le rythme des découvertes scientifiques et améliore la qualité de vie des patients atteints du cancer. »
La biologie chimique
La biologie chimique utilise de petites molécules pour étudier et manipuler les systèmes biologiques. À la croisée de la chimie et de la biologie, ces scientifiques identifient des protéines ou des voies névralgiques déterminantes dans le processus pathogénique. En outre, la biochimie explore la fonction des protéines et le mécanisme moléculaire des maladies, ce qui en fait un volet central des autres axes thématiques du Complexe. Le nouveau Complexe des sciences de la vie met à la disposition des scientifiques des ressources modernes et un milieu de recherche dynamisant pour faire évoluer les connaissances et optimiser leurs découvertes.
« La biologie chimique fait office de lien important entre la recherche en laboratoire et les essais cliniques », déclare le Dr David Thomas, titulaire de la Chaire de recherche du Canada en génétique moléculaire. « Désormais, faire une découverte n’est plus suffisant. Aujourd’hui, les gens demandent où mènera cette découverte : vous avez guéri ceci hier, mais qu’avez-vous guéri aujourd’hui et que guérirez-vous demain ? »
Les caractéristiques complexes
Oeuvrant dans un domaine de recherche relativement nouveau, le Groupe des caractéristiques complexes étudie la façon dont plusieurs gènes interagissent pour provoquer une maladie et le rôle que jouent les facteurs environnementaux. Équipés d’une séquence de notre génome, de puissants outils bioinformatiques et de la capacité d’observer la façon dont les protéines interagissent entre elles et avec les cellules, les chercheurs peuvent explorer les causes fondamentales de la maladie chez l’homme. Mais surtout, ces découvertes permettront de mettre au point de nouveaux outils pour mieux prévenir et traiter ces maladies.
« Ce domaine de recherche est capital pour comprendre les variations de la susceptibilité aux maladies et le succès thérapeutique », souligne le Dr Philippe Gros, professeur de biochimie et membre de la Société royale du Canada. « Ceci constitue un principe directeur pour l’avenir de la prestation des soins de santé. »
L’utilité de ce pilier au sein du Complexe des sciences de la vie s’est démontrée l’année dernière lorsqu’une équipe de chercheurs dirigée par le Dr Gros a identifié le gène responsable du spina bifida, qui figure au deuxième rang des anomalies congénitales les plus répandues.
La biologie du développement
La biologie du développement est une discipline relativement nouvelle qui devrait révolutionner les découvertes thérapeutiques en permettant aux chercheurs d’étudier de quelle façon et dans quelles conditions les gènes exercent leur influence sur les organismes. Les découvertes réalisées ici auront un impact sur la vie de millions de personnes dans le monde. Les anomalies dans la croissance et le développement naturels au commencement de la vie causent souvent des avortements spontanés ou des malformations congénitales. Plus tard, lorsque la régulation normale du développement se dérègle, des maladies comme le cancer ou la neurodégénérescence se manifestent. Les progrès en biologie du développement sont essentiels pour nous aider à comprendre les causes fondamentales des principales affections qui finissent par toucher une grande proportion de l’humanité.
McGill a remporté de nombreux succès scientifiques au fil des ans, dont notamment la découverte du mécanisme utilisé par la protéine bicaudale-C pour contrôler la synthèse d’autres protéines par l'ARN. Les bâtiments ultra modernes du Complexe des sciences de la vie et la philosophie collaborative permettront de passer à un niveau supérieur.
« Nous encouragerons les chercheurs du Complexe à travailler beaucoup plus étroitement que par le passé », a déclaré le Dr Paul Lasko, titulaire de la chaire du Département de biologie de McGill. « Les sciences de la vie nécessitent ce degré de coopération de nos jours. »
Les systèmes d’information cellulaire
Les systèmes d’information cellulaire constituent également un autre domaine en plein essor, auquel les avancées révolutionnaires de la génomique ont ouvert la voie. Les chercheurs du Groupe des systèmes de l’information cellulaire étudient la façon dont les cellules se transmettent l’information entre elles, comme dans les molécules d’ADN ou les protéines messagères. Ces connaissances importantes sont cruciales pour nous aider à comprendre le développement de la maladie et les façons de mieux la contrôler.
Dirigé par le Dr Alvin Shrier, professeur titulaire de la chaire Hosmer en physiologie, qui a identifié en 2007 une protéine importante pour la compréhension d’une affection mystérieuse et souvent mortelle de l’activité électrique du cœur, le Groupe des systèmes de l’information cellulaire du Complexe des sciences de la vie explorera divers sujets de recherche axés sur plus de 1000 types de cellules différentes du corps humain. Le fonctionnement de ces cellules, leur division, leurs mécanismes de communication et leur réaction aux stimuli externes sont l’essence même de la vie.