De Boston 脿 Bombay : La mondialisation et les familles qui travaillent
Qu'ont en commun une infirmi猫re de Baltimore, un employ茅 d'un atelier de mis猫re du Honduras et un ouvrier d'une fabrique de chaussures du Vietnam? S'ils sont parents, ils doivent tous r茅pondre aux exigences, souvent impossibles 脿 satisfaire, d'un rythme de vie qui combine emploi et obligations li茅es au fait d'茅lever des enfants et de prendre soin d'eux afin qu'ils grandissent en sant茅. La Dre Jody Heymann, fondatrice du Projet mondial sur les familles qui travaillent de l'Universit茅 Harvard, directrice de l'Institut de recherche sur les politiques sociales et de sant茅 de l'Universit茅 McGill et professeure agr茅g茅e adjointe de soci茅t茅, d茅veloppement humain et sant茅 脿 l'脡cole de sant茅 publique de l'Universit茅 Harvard, a r茅alis茅 une 茅tude r茅volutionnaire qui tente de comprendre de quelle fa莽on la mondialisation touche les familles qui travaillent, aux quatre coins du monde.
La Dre Heymann a mis sur pied le Projet mondial sur les familles qui travaillent, le tout premier programme destin茅 脿 d茅finir et 脿 am茅liorer la relation entre les conditions de travail et la qualit茅 de vie au sein de diff茅rentes populations mondiales. Les donn茅es issues du Projet mondial, conjugu茅s aux travaux men茅s par la Dre Heymann et son 茅quipe de l'Universit茅 McGill, ont donn茅 lieu 脿 la publication d'un nouveau livre intitul茅 Forgotten Families paru aux Presses de l'Universit茅 d'Oxford. L'ouvrage recueille des analyses de sondages men茅s aupr猫s de 55 000 personnes des quatre coins du monde, des entrevues exhaustives r茅alis茅es avec au-del脿 de 1 000 familles, ainsi que des donn茅es associ茅es aux politiques en vigueur dans plus de 160 pays. Forgotten Families fait office de pionnier en d茅voilant les r茅percussions de la mondialisation v茅cues par les familles au sein desquelles les deux conjoints occupent un emploi. Par le biais d'anecdotes saisissantes et d茅taill茅es et d'exp茅riences communes v茅cues notamment par des Botswanais, des Vietnamiens et des Am茅ricains, l'ouvrage fait la lumi猫re sur des probl猫mes que l'on croyait 脿 tort uniquement v茅cus 脿 l'茅chelle locale et qui risquent de s'茅tendre et de menacer la durabilit茅 茅conomique mondiale, si rien n'est fait pour les 茅radiquer.
Forgotten Families r茅v猫le de dures r茅alit茅s. On y apprend qu'il est plus probable que des parents qui habitent Baltimore laissent un enfant malade seul 脿 la maison durant une journ茅e de travail que des parents qui vivent au Vietnam, o霉 une politique progressiste de cong茅 parental a 茅t茅 instaur茅e. 脌 l'茅chelle mondiale, le manque de soutien aux familles entra卯ne des cons茅quences d茅sastreuses pour les enfants et aggrave les in茅galit茅s entre les sexes et les revenus. Quarante-neuf pour cent des femmes interview茅es ont indiqu茅 avoir subi une perte salariale, ne pas avoir eu la possibilit茅 d'锚tre promue ou avoir perdu leur emploi parce qu'elles avaient d没 s'absenter pour prendre soin d'un enfant malade. Cette situation n'a 茅t茅 signal茅e que par vingt-huit pour cent des hommes.
L'ouvrage de la Dre Heymann va plus loin que la seule description de situations probl茅matiques; il attire l'attention sur les mesures 脿 mettre en place afin de trouver des solutions viables et tirer profit des possibilit茅s r茅sultant de la mondialisation pour les familles, les entreprises et les pays. Forgotten Families met l'accent sur les solutions prises par des pays qui disposent de ressources infiniment plus limit茅es que les 脡tats-Unis, mais qui, en revanche, ont instaur茅 des politiques destin茅es 脿 am茅liorer les conditions de vie des familles o霉 les deux parents travaillent. L'ouvrage soutient que l'am茅lioration de la qualit茅 de vie de ces familles n'est possible que si les pays se dotent de moyens qui ont une v茅ritable port茅e mondiale.
Donn茅es cl茅s
- Plus de 930 millions d'enfants 芒g茅s de moins de quinze ans vivent au sein de m茅nages o霉 les deux parents travaillent.
- Trente-six pour cent des familles interview茅es ont laiss茅, 脿 un moment ou un autre, un jeune enfant seul 脿 la maison. Trente-neuf pour cent ont laiss茅 un enfant malade seul 脿 la maison ou l'ont envoy茅 脿 l'茅cole ou 脿 la garderie. Vingt-sept pour cent ont laiss茅 un enfant aux soins d'un autre, r茅mun茅r茅 ou non.
- Soixante-sept pour cent des parents ayant un revenu quotidien inf茅rieur 脿 dix dollars ont d没 choisir entre perdre une journ茅e de salaire ou laisser un enfant malade seul 脿 la maison.
- Soixante-six pour cent des parents ayant d没 laisser un enfant seul 脿 la maison, ou sous la supervision d'un autre enfant non r茅mun茅r茅, ont indiqu茅 qu'un accident ou qu'une urgence avait eu lieu durant leur absence.
- De ce nombre, trente-cinq pour cent des enfants ont souffert de probl猫me de d茅veloppement ou de comportement 脿 la suite des situations survenues.
- Vingt-trois pour cent des parents ayant pris part 脿 l'茅tude ont dit emmener leurs enfants avec eux au travail, souvent malgr茅 des conditions dangereuses.
- Parmi les parents interview茅s, cinquante et un pour cent de ceux occupant un emploi dans le secteur non structur茅 doivent r茅guli猫rement emmener leurs enfants au travail avec eux.
- Les parents ayant acc猫s 脿 des services de garde r茅gis 茅taient les moins susceptibles de laisser un enfant malade seul 脿 la maison. Parmi ces derniers, six pour cent ont laiss茅 un enfant malade seul 脿 la maison, comparativement 脿 vingt-deux pour cent chez ceux faisant appel 脿 un service de garde non r茅gi.
- Soixante-seize pour cent des parents ayant un enfant atteint d'une maladie chronique ont indiqu茅 avoir connu des difficult茅s dans le cadre de leur travail, avoir subi une perte salariale ou d'emploi, ou n'avoir pu acc茅der 脿 une promotion en raison d'absences motiv茅es par la maladie de leur enfant.
- Quarante-neuf pour cent des femmes interview茅es ont indiqu茅 avoir subi une perte salariale, avoir 茅t茅 priv茅e d'une promotion, ou avoir de la difficult茅 脿 conserver un emploi car elles devaient rester 脿 la maison lorsque leur enfant 茅tait malade. Cette situation n'a 茅t茅 signal茅e que par vingt-huit pour cent des hommes.
- Cinquante-cinq pour cent des parents d茅tenant au moins un dipl么me d'茅tudes secondaires envoyaient leurs enfants 脿 un service de garde r茅gi, comparativement 脿 vingt-huit pour cent de ceux ayant l'茅quivalent d'un secondaire trois ou un nombre d'ann茅es d'茅tudes inf茅rieur.
- Les conditions de travail autorisant les parents 脿 s'absenter 鈥� gr芒ce 脿 un cong茅 pay茅 ou 脿 un horaire flexible 鈥� r茅duisent de moiti茅 le risque que ces derniers laissent un enfant malade seul 脿 la maison. Parmi les parents admissibles 脿 un cong茅 pay茅 ou ayant un horaire flexible leur permettant de prendre soin de leurs enfants, quinze pour cent ont d没 laisser un enfant seul 脿 la maison, comparativement 脿 vingt-neuf pour cent chez ceux qui ne b茅n茅ficiaient d'aucune de ces conditions.
脌 Propos de l'auteure
Mme Jody Heymann, MD, PhD, est la fondatrice du Projet mondial sur les familles qui travaillent. Membre du corps professoral de l'Universit茅 Harvard depuis dix ans, elle est titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur la sant茅 et les politiques sociales dans le monde 脿 l'Universit茅 McGill. La Dre Heymann est professeure aux facult茅s de m茅decine et des arts de McGill et est la directrice fondatrice de l'Institut de recherche sur les politiques sociales et de sant茅 de McGill.
脌 propos de l'Universit茅 McGill
Fond茅e en 1821, McGill est la principale universit茅 canadienne 脿 forte intensit茅 de recherche. L'Universit茅 compte 21 facult茅s et 茅coles professionnelles qui offrent plus de 300 programmes, du baccalaur茅at au doctorat. Environ 23 000 茅tudiants de 1er cycle et 7 000 茅tudiants de 2e et 3e cycles sont inscrits 脿 l'un de ses deux campus situ茅s 脿 Montr茅al, au Canada. McGill est l'une des deux seules universit茅s canadiennes 脿 faire partie de l'Association am茅ricaine des universit茅s.
脌 propos de l'脡cole de sant茅 publique de l'Universit茅 Harvard
L'脡cole de sant茅 publique de l'Universit茅 Harvard se consacre 脿 l'am茅lioration de la sant茅 publique par le biais de l'enseignement, de la recherche et de la communication. Au-del脿 de 300 professeurs y 艙uvrent et se consacrent 脿 l'enseignement et 脿 la formation de plus de 900 茅tudiants dans un large 茅ventail de disciplines essentielles 脿 la sant茅 et au bien-锚tre des individus et des populations du monde entier. Les projets et les programmes qui y sont r茅alis茅s portent notamment sur la biologie mol茅culaire des vaccins contre le sida, l'茅pid茅miologie du cancer, l'analyse de risques, la pr茅vention de la violence, la sant茅 de la m猫re et de l'enfant, la mesure de la qualit茅 des soins, la gestion des soins m茅dicaux, les services de sant茅 internationaux et les droits de la personne.
Pour plus d'informations sur Forgotten Families et l'Institut de recherche sur les politiques sociales et de sant茅, cliquez sur le lien ci-dessous.
