Découverte d’un mécanisme de défense des bactéries
Un chercheur de McGill parvient à voir comment une bactérie résiste aux antibiotiques
Un chercheur de McGill, Albert Berghuis, a découvert l’une des façons dont le staphylocoque doré (Staphylococcus aureus), une bactérie à résistance multiple aux antibiotiques, s’y prend pour déjouer l’un des plus récents médicaments de dernier recours conçus pour la combattre.
L’équipe de chercheurs du professeur Berghuis, rattachée aux départements de biochimie et de microbiologie et immunologie à McGill, a pu observer le mécanisme qu’utilise le staphylocoque doré pour résister à l’antibiotique Synercid, en attaquant l’un des ingrédients du médicament avec une enzyme, la lyase Virginiamycine B (Vgb). Les conclusions de cette étude paraissent dans l’édition en ligne de la revue Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS).
« Nous avons d’abord étudié la structure tridimensionnelle de l’enzyme pour visualiser son interaction avec Synercid », explique le professeur Berghuis, titulaire de la chaire de recherche du Canada en biologie structurelle. « Nous avons ainsi pu voir pour la première fois comment S. aureus s’y prend pour détoxiquer l’une des composantes de Synercid, la quinupristine. Mais ce qui importe surtout, c’est que ce mécanisme suggère comment améliorer Synercid de façon à lui conserver son efficacité face à une bactérie résistante disposant de Vgb. »
Si les chercheurs ont choisi Synercid pour leur étude, c’est que ce médicament, qui a fait l’objet d’une approbation accélérée par la Food and Drug Administration en 1999, est conçu précisément pour traiter les infections causées par des bactéries résistantes.
Le professeur Berghuis, dont le laboratoire a mené l’étude de concert avec des collègues de l’Université McMaster, affirme que les chercheurs se consacreront dorénavant à mettre au point un substitut à la quinupristine dans Synercid. En outre, ils poursuivront les essais sur d’autres médicaments pour vérifier si la même modification ne pourrait pas diminuer la résistance des bactéries, du moins à court terme.
« Un petit nombre de médicaments gardent leur efficacité face à des bactéries résistantes – et Synercid est l’un des plus récents –, mais les bactéries ont beaucoup de ressources », explique le professeur Berghuis. « Ce que nous avons pu observer n’est qu’un des nombreux trucs dont elles disposent pour organiser leur résistance. Mais en tenant bon, nous maintiendrons notre avance. »
Cette recherche a été subventionnée par les Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC) et par le Programme des chaires de recherche du Canada.
Information sur Internet (en anglais) :