Éruptions explosives : les secrets des supervolcans meurtriers
Des scientifiques de McGill et de l’U. C.-B élucident le processus qui peut convertir des éruptions ordinaires en cataclysmes mondiaux
Des chercheurs de l’Université McGill et de l’Université de la Colombie-Britannique ont simulé dans un laboratoire le processus qui peut transformer des volcans ordinaires en éruption en ce qu’on appelle des « supervolcans », dont l’impact peut être dévastateur à l’échelle mondiale.
L’étude a été menée par Ben Kennedy, Ph. D., et Mark Jellinek, Ph. D., du Département des sciences de la Terre et des océans de l’Université de la Colombie-Britannique, et John Stix, Ph. D., directeur du Département des sciences de la Terre et des planètes de l’Université McGill. Leurs résultats ont été publiés le 25 mai dans la revue Nature Geoscience.
À l’aide de modèles volcaniques faits de plexiglas remplis de sirop de maïs, les chercheurs ont simulé le comportement possible du magma dans le réservoir magmatique du volcan si le dôme du réservoir s’effondrait pendant l’éruption.
« Les blocs du dôme qui tombent dans le réservoir agitent le magma. Cela entraîne de nombreux effets complexes de débit qui pourraient donner lieu à ces super-éruptions », explique le Pr Stix.
« Il n’existe présentement aucune façon de prédire l’éruption d’un supervolcan », a dit le M. Kennedy, un boursier postdoctoral à l’U. C.-B. « Mais cette nouvelle information fournit pour la première fois des indications qui pourraient se révéler utiles pour l’établissement de cartes de risques de survenue de telles éruptions. »
L’éruption du mont Tambora en Indonésie en 1815 – seul phénomène supervolcanique de l’histoire moderne – a été dix fois plus puissante que celle du Krakatoa et plus de cent fois plus puissante que celle du Vésuve ou du mont St. Helens. Elle a provoqué la mort de plus de 100 000 personnes seulement en Indonésie et a projeté une colonne de cendre s’élevant à quelque 70 kilomètres dans l’atmosphère. Ses répercussions dramatiques sur le climat terrestre ont amené les gens à désigner 1816 « l’année sans été ».
« Et il ne s’agissait que d’un petit supervolcan », souligne le Pr Stix. « Un gros supervolcan pourrait engendrer l’équivalent d’un hiver nucléaire mondial. Il sèmerait la dévastation sur plusieurs centaines de kilomètres près de l’éruption et les récoltes seraient déficitaires à l’échelle mondiale en raison de la pluie de cendres et, fait encore plus important, du refroidissement rapide du climat. »
Il existe des sites supervolcaniques potentiels partout sur la planète, dont le plus connu est situé sous le parc national Yellowstone, au Wyoming. Celui-ci a fourni le cadre du documentaire romancé Supervolcano, présenté par les chaînes de télévision Discovery et BBC en 2005, où l'on a imaginé qu'une éruption entraînerait l'effondrement quasi total de l’économie mondiale.