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Brenda Milner

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Headshot of Brenda Milner with circle cropping

«ĚýJe reste très curieuse, vous savez. De tout.Ěý»

Brenda Milner, pionnière de la recherche sur le cerveau humain, est la plus illustre neuropsychologue du Canada. Celle que beaucoup considèrent comme une fondatrice du domaine de la neuropsychologie clinique et des neurosciences cognitives est professeure titulaire de la Chaire Dorothy J. Killam Ă  l’Institut et hĂ´pital neurologiques de MontrĂ©al (le Neuro) et professeure au DĂ©partement de neurologie et neurochirurgie. Ses travaux ont rĂ©volutionnĂ© notre comprĂ©hension de la façon dont les structures du cerveau gèrent diffĂ©rentes fonctions d’apprentissage, de la mĂ©moire et du langage. Elle a reçu nombre de prestigieux prix et distinctions. Son parcours professionnel hors du commun s’étend sur plus de 70Ěýans – dont 60 au sein de la communautĂ© du Neuro et de McGill, oĂą elle a dirigĂ© le Laboratoire de recherche en neuropsychologie et a enseignĂ© au DĂ©partement de neurologie et neurochirurgie.

Les premières années

Brenda (Langford) Milner naĂ®t Ă  Manchester, en Angleterre le 15 juillet 1918. Son père Ă©tait critique musical et sa mère enseignait la musique. L’enfant curieuse et intellectuellement prĂ©coce a dès six ans une bonne maĂ®trise de l’allemand et apprend le français de sa mère.Ěý En 1936, elle s’inscrit Ă  l’UniversitĂ© de Cambridge en mathĂ©matiques et comprend vite «Ěýque je ne m’y illustrerais jamaisĚý». Tout en restant sensible au raisonnement et Ă  la sophistication des mathĂ©matiques, elle opte pour la psychologie et aura la rĂ©flexion suivanteĚý: «ĚýN’hĂ©sitez pas Ă  changer de carrière lorsqu’elle ne convient pas. Je pourrais ĂŞtre une mĂ©diocre prof de math au secondaire aujourd’huiĚý». Le DĂ©partement de psychologie Ă  Cambridge Ă©tait fortement orientĂ© vers la physiologie et partageait des espaces de travail avec le rĂ©putĂ© physiologiste Lord Edgar Adrian. C’est durant ses Ă©tudes sous la supervision du docteur Oliver Zangwill Ă  Cambridge que Brenda Milner apprend la valeur d’étudier les lĂ©sions au cerveau et la possibilitĂ© d’examiner des troubles cognitifs afin de mieux comprendre le fonctionnement du cerveau normal.

A young Brenda Milner
Madame Milner entreprend une maîtrise en psychologie expérimentale à Cambridge, qui deviendra un projet au profit de l’effort de guerre britannique en 1939. Au lieu de poursuivre sa recherche initiale sur les réactions à un traitement erroné de l’information sensorielle, elle intègre une équipe qui s’intéresse à distinguer par des tests d’aptitude des pilotes d’avions de chasse et d’avions de bombardement. Durant la Deuxième Guerre mondiale, elle travaille au ministère des Approvisionnements de la Grande-Bretagne, où elle rencontre son futur mari, Peter Milner. Pendant qu’elle effectue sa maîtrise à Cambridge, en 1944, ils partent pour le Canada, où Peter, un ingénieur électricien – devenu plus tard un neuropsychologue – a été invité à travailler avec des physiciens en recherche atomique. Une fois à Montréal, Madame Milner entre à l’Institut de psychologie de l’Université de Montréal, où elle enseignera pendant sept ans.

En 1950, elle reprend ses Ă©tudes Ă  l’UniversitĂ© McGill au DĂ©partement de psychologie. Sous la direction de Donald Hebb, elle explore les effets intellectuels de lĂ©sions au lobe temporal chez les humains, et reçoit un doctorat en 1952. Le professeur Hebb lui obtient un poste permanent en recherche avec le docteur Wilder Penfield au Neuro pour Ă©tudier des patients Ă©pileptiques. Elle dĂ©cide de poursuivre ces travaux, malgrĂ© la mise en garde que lui adresse le professeur Hebb, selon qui une psychologue ne durerait pas longtemps au sein d’un institut neurologique. Elle racontera que dès le dĂ©but de ses travaux Ă  l’INM «Ěýj’ai tout de suite su que je voulais m’y investir Ă  fond, quelles que soient les difficultĂ©s pratiques.Ěý»Ěý Ce sont ces travaux au Neuro qui forgent sa rĂ©putation et qui amènent le neurochirurgien William Beecher Scoville, de Hartford, au Connecticut, Ă  l’inviter Ă  venir y Ă©tudier un patient dĂ©signĂ© par ses initiales, H.M.

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Le patient H.M.

Henry Molaison, patient HM, pictured in 1950's
Henry Molaison.

La contribution considérable de Madame Milner à la compréhension scientifique de la structure du cerveau humain est en grande partie attribuable aux études à long terme, rigoureuses et méthodiques, qu’elle a réalisées auprès de patients avant et après des résections au cerveau bien documentées. En 1955, elle rencontre Henry Molaison, le fameux H.M., un homme de 29 ans du Connecticut qui a subi une ablation expérimentale de parties du cerveau afin de soulager ses crises aiguës d’épilepsie. Si le résultat est concluant, l’opération a des effets fâcheux; il restera incapable d’inscrire dans sa mémoire à long terme de nouveaux événements. Dès que son attention était distraite, Henry n’arrivait pas à se souvenir d’événements précédents. Durant les plus de 30 ans qu’ont duré leurs contacts, Molaison n’a jamais retenu le nom de la professeure Milner.

Les expĂ©riences minutieuses de madame Milner avec Molaison lui ont permis d’observer que s’il ne se rappelait pas avoir appris des tâches prĂ©cises, il arrivait Ă  amĂ©liorer leur exĂ©cution, montrant ainsi que sa mĂ©moire procĂ©durale Ă©tait intacte. Il se souvenait de la façon d’effectuer certains exercices de dessin, bien qu’il n’ait aucun souvenir de les avoir appris; c’est lĂ  une dĂ©monstration convaincante que la mĂ©moire rĂ©trospective est distincte des autres fonctions de la mĂ©moire. «ĚýConstater que H.M. avait appris la tâche Ă  la perfection, mais sans avoir conscience de l’avoir dĂ©jĂ  rĂ©alisĂ©e a Ă©tĂ© une illustration fascinante de dissociation. VoilĂ  un moment extraordinaire dans ma vieĚý», confie-t-elle. Le concept de multiples systèmes de mĂ©moire Ă©tait sans prĂ©cĂ©dent Ă  l’époque et a suscitĂ© un grand nombre de recherches Ă  l’échelle internationale.

L’étude du cas de Molaison par Brenda Milner constitue un des premiers exemples de recherche en neurosciences cognitives, avant mĂŞme que le domaine soit Ă©tabli. L’un des objectifs importants des neurosciences cognitives est d’associer structures et fonctions cĂ©rĂ©brales, comme l’a fait la professeure Milner en montrant le rĂ´le clĂ© des lobes temporaux du cerveau dans la mĂ©moire.Ěý L’article de 1957 (Scoville and Milner, 1957), concernant les rĂ©sultats de ses travaux sur la mĂ©moire, est l’une des publications les plus citĂ©es en neurosciences.

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Autres activités de recherche

La consécration de l’importance des travaux de la professeure Milner avec les patients des docteurs Penfield et William Scoville a inauguré une nouvelle ère de neuropsychologie à l’INM. Theodore Rasmussen, conscient des nuances des tests psychométriques, a commencé à coordonner la tenue de ses opérations avec la disponibilité de la professeure Milner, afin de lui accorder assez de temps pour étudier soigneusement ses patients avant et après leur opération. Au cours des années suivantes, Milner a réalisé plusieurs études influentes en identifiant les régions du cerveau qui interviennent dans le langage, le bilinguisme et la mémoire spatiale. On lui doit le recours à l’amytal sodique pour inactiver temporairement des parties du cerveau de façon à évaluer les processus de la mémoire d’un patient avant une intervention chirurgicale. Aujourd’hui, la méthode est couramment utilisée de par le monde.

Brenda Milner, vers 1980
En 1989, la professeure Milner et son collègue, Michael Petrides, ont obtenu une importante subvention McDonnell-Pew afin d’établir un centre de neurosciences cognitives au Neuro, ce qui a favorisĂ© une relation Ă©troite entre l’unitĂ© de neuropsychologie et la toute nouvelle unitĂ© d’imagerie cĂ©rĂ©brale du Neuro.Ěý En 1990, elle a quittĂ© ses fonctions en tant que directrice de l’UnitĂ© de recherche en neuropsychologie/neurosciences cognitives du Neuro, afin de rĂ©aliser de la recherche Ă  titre de professeure Dorothy J. Killam de psychologie de l’UniversitĂ© McGill. Elle a Ă©galement encadrĂ© les Ă©tudes et les recherches de plus d’une douzaine d’étudiants des cycles supĂ©rieurs.

Ces vingt dernières annĂ©es, deux thèmes ont orientĂ© les recherches de Madame MilnerĚý: la façon dont le cerveau de personnes bilingues gère le langage, et la façon dont les structures du lobe temporal mĂ©dian du cerveau permettent Ă  la mĂ©moire de repĂ©rer des objets et de reconnaĂ®tre les caractĂ©ristiques d’un objet. De concert avec sa collègue, Denise Klein, elle a eu recours Ă  l’imagerie cĂ©rĂ©brale afin d’examiner si la performance dans une langue seconde fait intervenir les mĂŞmes substrats neuronaux que pour une langue première. D’autres de ses Ă©tudes ont rĂ©vĂ©lĂ© l’importance de la rĂ©gion hippocampique droite dans la mĂ©moire spatiale. Ses recherches ont aussi dĂ©montrĂ© comment le cortex frontal du cerveau place de rĂ©cents Ă©vĂ©nements en ordre temporel. Ces travaux permettent de mieux comprendre la relation entre les structures du langage et la prĂ©dominance de la main droite ou de la main gauche.

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Des fonctions publiques

Madame Milner a occupé une place de plus en plus éminente dans l’espace public, par les nombreuses interviews qu’elle a accordées à la télévision, à la radio, à des émissions baladodiffusées, aux journaux et à des magazines. Elle est devenue l’une des scientifiques les plus connues du Québec et du Canada, ici et à l’étranger, en partie à cause des reportages que consacrent les médias nationaux et internationaux à sa carrière et à ses recherches. Elle a été invitée à prononcer certaines des conférences les plus prestigieuses en science. Mentionnons notamment celle qui décrivait ses travaux novateurs sur la mémoire à l’occasion du Congrès mondial sur le cerveau, le comportement et les émotions tenu en 2014 à Montréal, et la Conférence initiale du gouverneur général à l’Université Queen’s, à Kingston, en 2005.

En 2007, l’illustre scientifique a créé, en faisant un don majeur, la Fondation Brenda Milner afin de soutenir des chercheurs postdoctoraux en neurosciences cognitives au Neuro. L’American Psychological Association (APA) a créé le Brenda A. Milner Award qui récompense le meilleur article en neurosciences du comportement rédigé par un récent titulaire d’un doctorat. Grâce à ces initiatives, le nom de la professeure Milner continuera de résonner dans la communauté neuroscientifique durant de nombreuses années.

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À découvrir

Une liste des prix et distinctions accordés à Brenda Milner

Une sélection de contenu multimédia au sujet de Brenda Milner

Le NeuroĚýMcGill

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Le Neuro (L'Institut-HĂ´pital neurologiqueĚýde MontrĂ©al) - un institut de recherche et d’enseignement bilingue de McGill, qui offre des soins de haut calibre aux patients - est la pierre angulaire de la Mission en neurosciences du Centre universitaire de santĂ© McGill. Nous sommes fiers d’être une institution Killam, soutenue par les fiducies Killam.

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