Une caméra de jeu au service du traitement de la SP
Une caméra détectrice de profondeur 3D se révèle efficace pour mesurer les troubles de la démarche
Un appareil très répandu dans les salons du monde entier semble être un moyen abordable et efficace d’évaluer les difficultés qu’éprouvent les personnes atteintes de sclérose en plaques (SP) à marcher.
La caméra détectrice de profondeur 3D Kinect de Microsoft est utilisée dans les activités vidéo interactives telles que le tennis et la danse. Elle peut être associée à une console de jeu Xbox ou à un ordinateur Windows.
Une équipe de l’Université McGill a testé si la Kinect pouvait détecter les différences de démarche entre des personnes atteintes de SP et des sujets en santé. Les chercheurs étaient dirigés par le boursier postdoctoral Farnood Gholami, sous la supervision de Jozsef Kövecses du Département de génie mécanique et du Centre de recherche sur les machines intelligentes, et ils ont collaboré avec Daria Trojan, physiatre au Département de neurologie et neurochirurgie qui travaille à l’Institut et hôpital neurologiques de Montréal.
Dans la pratique clinique actuelle, le mouvement de marche de personnes atteintes de SP est en gĂ©nĂ©ral Ă©valuĂ© par leur mĂ©decin, et des Ă©valuations subjectives peuvent fausser les rĂ©sultatsĚý: deux cliniciens peuvent Ă©valuer le mĂŞme patient de façon diffĂ©rente. Le recours Ă une camĂ©ra qui dĂ©tecte le mouvement et Ă des algorithmes informatiques qui quantifient les profils de dĂ©marche des patients peut diminuer le potentiel d’erreur humaine.
Gholami a captĂ© au moyen de la Kinect le mouvement de 10 personnes atteintes de SP et de 10Ěýsujets d’un groupe tĂ©moin de mĂŞmes âges et sexes. Les anomalies de la dĂ©marche des personnes atteintes de SP avaient auparavant Ă©tĂ© Ă©valuĂ©es Ă l’aide de la mĂ©thode clinique classique.
En s’appuyant sur les données, l’équipe a mis au point des algorithmes qui quantifient les caractéristiques de démarche des personnes atteintes de SP et des sujets en santé. Les chercheurs ont constaté que les caractéristiques de démarche mesurées avec la caméra Kinect et analysées avec les algorithmes mis au point étaient reproductibles lorsqu’elles étaient évaluées au moment d’une consultation et étaient différentes entre les personnes atteintes de SP et les sujets en santé. De plus, les caractéristiques de démarche des personnes atteintes de SP obtenues au moyen de l’algorithme ont été corrélées avec des mesures cliniques de démarche. Qui plus est, les algorithmes pouvaient définir de façon mathématique les caractéristiques de démarche de sujets atteints de SP à différents stades de gravité, et déterminer avec précision le degré d’anomalie de la démarche.
C’est au doctorat que Gholami s’est intéressé à la technologie de capture du mouvement à des fins cliniques, mais l’équipement d’alors était très coûteux, difficile à utiliser et non portatif, ce qui nuisait à son usage clinique répandu. La caméra Kinect est un appareil abordable dont la précision semble convenir à la tâche.
«ĚýCet outil pourrait aider le clinicien Ă diagnostiquer plus prĂ©cisĂ©ment la pathologie de la dĂ©marche, et pourrait aussi servir Ă voir si la mĂ©dication prescrite est efficace ou non pour la dĂ©marche d’un patient. Le cadre de rĂ©fĂ©rence que nous avons mis au point pourrait sans doute ĂŞtre utile pour d’autres maladies engendrant des anomalies de la dĂ©marche, par exemple la maladie de Parkinson.Ěý»
Selon Trojan, l’appareil pourrait aider «ĚýĂ Ă©valuer les effets thĂ©rapeutiques de certaines interventions, telles que la rĂ©adaptation ou la mĂ©dication, ainsi qu’à documenter la progression de la SP Ă la lumière de la dĂ©tĂ©rioration de la dĂ©marche. Il pourrait aussi se rĂ©vĂ©ler utile comme une mesure dans les essais cliniques.Ěý»
La prochaine étape, selon Gholami, est de réaliser une étude avec un plus grand groupe de sujets atteints de SP, y compris une évaluation dans un laboratoire d’analyse de la démarche, au moyen d’une version plus récente de la caméra Kinect qui promet une précision accrue.
Les travaux ont été menés en collaboration avec Behnood Gholami chez AreteX Systems Inc., à Hoboken au New Jersey, et Wassim M. Haddad du Georgia Institute of Technology, à Atlanta en Géorgie.
L’article intĂ©gral sur les conclusions de la recherche a paru dans le le 21Ěýjuillet 2016. La recherche a Ă©tĂ© soutenue financièrement par le Conseil de recherches en sciences naturelles et en gĂ©nie.
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