Une sonde à fibre optique conçue en collaboration avec des chercheurs du Neuro peut réduire le risque de récidive postchirurgicale du cancer du cerveau.
Ce dispositif portatif de la taille d’un stylo, appelé «sonde à spectroscopie de Raman», peut distinguer les cellules cancéreuses des cellules saines en mesurant l’intensité avec laquelle elles réfléchissent la lumière. Il peut détecter les cellules cancéreuses pendant l’intervention chirurgicale avec une précision frôlant les 100%.
Conçue en 2015, la sonde a par la suite été perfectionnée et comporte maintenant d’autres technologies optiques qui la rendent plus précise et plus sensible. Elle peut donc détecter les cellules cérébrales cancéreuses primitives, mais également les cellules provenant de tumeurs siégeant ailleurs dans l’organisme et qui ont migré vers le cerveau pour y former des métastases.
Le processus, qui repose sur l’optique et l’informatique, exige moins de 10secondes et permet aux neurochirurgiens de cibler les cellules malignes pour ensuite les retirer sans avoir à envoyer des échantillons de tissus au laboratoire et à patienter au moins 30minutes avant de recevoir les résultats des analyses.
«La réduction du nombre de cellules cancéreuses ou l’élimination complète de ces dernières pendant l’intervention chirurgicale représente une étape cruciale du traitement du cancer, mais ces cellules sont difficiles à déceler en cours d’intervention», affirme le DrKevinPetrecca, chef du Service de neurochirurgie au Neuro, qui a participé à la conception de la sonde.
«La sonde doit reposer sur une technologie extrêmement précise, car les chirurgiens détermineront si les tissus renferment des cellules cancéreuses ou non en se fondant sur les renseignements fournis par cette dernière», souligne le DrPetrecca. «Ce dispositif a le grand avantage d’être utilisable dans une grande diversité de contextes, car il peut détecter efficacement des cellules cancéreuses du cerveau, des poumons, du côlon et de la peau.»
FrédéricLeblond, professeur agrégé de génie physique à Polytechnique Montréal, a conçu la sonde en collaboration avec le DrPetrecca. Les études réalisées jusqu’à maintenant lui permettent de croire «qu’avec cet outil, la détection des cellules cancéreuses ne connaîtra aucune limite».
«Il est évident que nous pourrons utiliser cette sonde pour le traitement de plusieurs types de cancer», affirme-t-il, et elle pourra même servir à déterminer la présence de métastases locales dans les cas de cancer du poumon, du côlon, de la prostate et du sein.
«Un plus grand nombre de patients pourront ainsi recevoir un meilleur diagnostic et des traitements plus efficaces, et être exposés à un risque moindre de récidive.»
Selon le PrLeblond, on pourrait également intégrer la sonde, sous une autre forme, à d’autres dispositifs afin d’accroître la précision de ces derniers, notamment les aiguilles à biopsie, les robots chirurgicaux utilisés pour extraire des tumeurs par laparoscopie ou par cœliochirurgie ainsi que les coloscopes.
En 2015, KevinPetrecca et FrédéricLeblond ont fondé une entreprise, ODS Medical, vouée à la commercialisation de la sonde. L’entreprise montréalaise a soumis une demande d’homologation à la Food and Drug Administration des États-Unis, dans l’espoir que son dispositif d’avant-garde soit adopté par les chirurgiens-oncologues d’autres hôpitaux d’ici quelques années.
En 2017, la sonde à spectroscopie de Raman s’est vu décerner le prix de la Découverte scientifique de l’année remis par le magazine Québec Science.
Ěý