Progrès importants dans la mise au point de véhicules d'administration de médicaments
Un chercheur de McGill travaille à l’élaboration d’un dispositif d’administration de médicaments à trois voies.
Les professeurs Adi Eisenberg de l’Université McGill et Dennis Discher de l’Université de Pennsylvanie signent ensemble un article du numéro du 9 août de la revue Science dans lequel ils décrivent les progrès considérables réalisés dans leurs travaux de synthèse en laboratoire de vésicules et d’autres types d’agrégats microscopiques susceptibles d’améliorer l’administration des médicaments.
Les vésicules sont des sphères creuses si minuscules qu’il faudrait en aligner un millier côte à côte pour obtenir une enfilade d’une longueur équivalente à l’épaisseur d’un cheveu humain. Assemblées à partir de chaînes polymères synthétiques, ces particules microscopiques comportent une fine « peau » hydrophobe (résistante à l’eau) de laquelle émanent des cils, expansions hydrophiles (attirées par l’eau) semblables à des poils. Des particules semblables, les liposomes, peuvent également être élaborées à partir de phospholipides naturels de petite taille.
La plupart des dispositifs polymères étudiés à ce jour permettent surtout l’administration de médicaments insolubles dans l’eau. Les vésicules présentent un intérêt nouveau, car elles peuvent être employées pour introduire des substances hydrophiles dans l’organisme. « Les copolymères séquencés sont des véhicules beaucoup plus robustes que les liposomes », explique Adi Eisenberg. Récemment, ses collègues et lui ont démontré qu’il était possible de fixer deux substances différentes sur la vésicule, l’une sur la surface intérieure et l’autre sur la surface extérieure. On pourrait ainsi créer un dispositif d’administration à trois voies comportant une espèce de ciblage liée à la surface extérieure de la vésicule, un médicament soluble dans l’eau en suspension dans la cavité intérieure et des substances hydrofuges incorporées dans les parois. Ces vésicules à expansions pourraient servir à l’administration de composés médicinaux hydrosolubles et hydrophobes, leurs surfaces intérieures et extérieures accueillant différentes espèces de médicaments ou de groupes fonctionnels et permettant la libération des doses voulues de chaque type de composé.
La libération simultanée de différentes substances dans un contexte pharmaceutique demeure pour l’instant difficile à opérer. Il s’agit d’élaborer des vésicules polyvalentes pouvant servir de véhicules uniques et acheminer des médicaments vers les parties précises de l’organisme où ils doivent produire leur effet. Ce type de véhicule réduirait au minimum la toxicité et les effets indésirables des médicaments administrés.
Dans des articles antérieurs de la revue Science cités abondamment dans les ouvrages scientifiques, Adi Eisenberg et ses collègues ont également établi que les polymères séquencés sont capables d’autoassemblage, pouvant former diverses nanoagrégats dont des sphères, des bâtonnets, des plaquettes et des tubules. Des exemples de ces particules sont présentés dans la . Étant donné la variété de ces agrégats et la complexité de certains d’entre eux, on pourrait les utiliser dans une foule d’applications, notamment comme conducteurs en nanoélectronique.