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L’importance des populations « limitrophes » pour la ČúŸ±ŽÇ»ćŸ±±č±đ°ùČőŸ±łÙĂ©

La protection des vĂ©gĂ©taux Ă  l’extrĂ©mitĂ© septentrionale de leur aire de rĂ©partition pourrait aider certaines espĂšces Ă  survivre aux changements climatiques
±ÊłÜČú±ôŸ±Ă©: 17 December 2018

Plus des deux tiers de la ČúŸ±ŽÇ»ćŸ±±č±đ°ùČőŸ±łÙĂ© du Canada sont constituĂ©s d’espĂšces occupant la limite septentrionale de leur aire de rĂ©partition. Or, les biologistes se sont longuement demandĂ© combien d’efforts devraient ĂȘtre dĂ©ployĂ©s dans la conservation des populations vĂ©gĂ©tales qui s’y trouvent. Argument en faveur de leur protection : ces vĂ©gĂ©taux seraient particuliĂšrement bien adaptĂ©s, au fur et Ă  mesure que le climat se rĂ©chauffe, pour assurer le dĂ©placement de l’aire de rĂ©partition de leur espĂšce vers le nord.

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Les Ă©cologistes de l’évolution Anna Hargreaves, de l’UniversitĂ© McGill, et Chris Eckert, de l’UniversitĂ© Queens, se sont penchĂ©s sur la question par l’étude d’une petite plante Ă  fleurs, le rhinanthe crĂȘte-de-coq (Rhinanthus minor). « Ce n’est pas la plus jolie plante qui soit », reconnaĂźt la Pre Hargreaves, « Mais elle est fantastique sur le plan expĂ©rimental; oĂč que nous plantions les graines en automne, un an plus tard, le rhinanthe aura achevĂ© son cycle de vie. Nous pouvons ainsi vĂ©rifier si les plantes sont adaptĂ©es Ă  leur altitude d’origine et si elles pourraient survivre Ă  une altitude plus Ă©levĂ©e. Une Ă©tude semblable sera plus difficile Ă  rĂ©aliser chez une espĂšce animale! »

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Dans le cadre d’une Ă©tude menĂ©e durant trois ans sur 1 200 mĂštres de dĂ©nivelĂ© dans les montagnes Rocheuses de l’Alberta, les chercheurs ont transplantĂ© plus de vingt mille graines Ă  diverses altitudes afin de vĂ©rifier si les plantes qui poussent le plus haut en montagne sont les mieux adaptĂ©es pour coloniser des zones situĂ©es Ă  des altitudes supĂ©rieures. En outre, dans le but d’examiner si un climat estival frais empĂȘche certaines espĂšces de pousser Ă  des altitudes plus Ă©levĂ©es, les scientifiques ont rĂ©chauffĂ© l’air autour de certaines plantes expĂ©rimentales au moyen de cĂŽnes de plastique installĂ©s en guise de mini-serres.

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Les rĂ©sultats de cette Ă©tude, rĂ©cemment publiĂ©s dans la revue Ecology Letters, rĂ©vĂšlent qu’un climat estival frais limite l’aire de rĂ©partition du rhinanthe crĂȘte-de-coq, l’empĂȘchant de pousser Ă  des altitudes plus Ă©levĂ©es. Les individus de cette espĂšce qui poussent Ă  la limite supĂ©rieure de l’aire de rĂ©partition se sont adaptĂ©s aux Ă©tĂ©s en milieu alpin en florissant plus tĂŽt, produisant ainsi des graines Ă  des hauteurs oĂč les plantes provenant d’altitudes infĂ©rieures ne parviennent pas.

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Les expĂ©riences ont Ă©galement mis en lumiĂšre un rĂ©sultat Ă©tonnant : Sur une montagne environnante, une population d’individus situĂ©e Ă  l’extrĂȘme limite supĂ©rieure de l’aire de rĂ©partition de l’espĂšce a surclassĂ© l’ensemble des autres populations poussant en milieu naturel et sur les lots chauffĂ©s artificiellement, tant Ă  la limite supĂ©rieure de l’aire de rĂ©partition qu’au-dessus de celle-ci. Or, si cette population est Ă  ce point favorisĂ©e sur le plan gĂ©nĂ©tique, pourquoi ses « super-gĂšnes » ne se sont-ils pas propagĂ©s Ă  d’autres populations poussant Ă  des altitudes Ă©levĂ©es, Ă  peine Ă  un kilomĂštre de lĂ ? Les chercheurs croient qu’il s’agit d’un exemple de gĂ©notypes supĂ©rieurs qui demeurent confinĂ©s Ă  une population isolĂ©e Ă  la limite de l’aire de rĂ©partition de l’espĂšce. Si tel est le cas, la facilitation du flux gĂ©nĂ©tique entre les populations limitrophes pourrait aider l’espĂšce Ă  s’adapter aux changements environnementaux.

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À l’instar de la plupart des recherches expĂ©rimentales intensives, cette Ă©tude a portĂ© sur une seule espĂšce. « Nos rĂ©sultats sont importants, non pas parce qu’ils permettent de prĂ©voir comment d’autres espĂšces rĂ©agiront, mais bien parce qu’ils sont les premiers Ă  rĂ©vĂ©ler des modĂšles imprĂ©vus, dont nous, biologistes, devrions commencer Ă  tenir compte », affirme la Pre Hargreaves.

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Au cours de ces trois annĂ©es de travail en montagne, les chercheurs ont aussi vĂ©cu des moments mĂ©morables. Un jour, l’équipe a Ă©tĂ© forcĂ©e de grimper en vitesse sur un pylĂŽne de tĂ©lĂ©siĂšge pour Ă©chapper Ă  un grizzly venu se rĂ©galer de petits fruits. À une autre occasion, ils ont dĂ» pelleter la neige recouvrant le sol afin de planter les graines sur leurs derniers lots en altitude de la saison, avant de redescendre en toboggan vers leur vĂ©hicule juste avant la tombĂ©e de la nuit.

Cela dit, en cette Ă©poque oĂč la recherche, mĂȘme en Ă©cologie, s’appuie de plus en plus sur de l’équipement de laboratoire de pointe et sur des modĂšles informatiques, cette Ă©tude en montagne dĂ©montre que, parfois, il n’y a rien de mieux que de travailler les mains dans la terre.

« Cette Ă©tude montre qu’une expĂ©rience sur le terrain soigneusement conçue et ne nĂ©cessitant pas de matĂ©riel coĂ»teux, mais plutĂŽt de la vision, de la crĂ©ativitĂ© et des milliers d’heures-personnes, demeure un moyen utile, voire indispensable, de rĂ©aliser d’importances avancĂ©es », mentionne la Pre Hargreaves. « Pour bien comprendre la nature, il faut la frĂ©quenter. »


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LĂ©gende : le rĂ©chauffement artificiel permet au rhinanthe crĂȘte-de-coq de fleurir Ă  des altitudes beaucoup plus Ă©levĂ©es que son aire de rĂ©partition actuelle.

LĂ©gende : l’utilisation de chambres de rĂ©chauffement a permis de dĂ©montrer que la fraĂźcheur du climat empĂȘche le rhinanthe crĂȘte-de-coq de pousser en milieu alpin.

LĂ©gende : la Pre Anna Hargreaves dĂ©vale une pente enneigĂ©e pour regagner le vĂ©hicule de l’équipe de recherche; des conditions hivernales hĂątives Ă©taient venues prĂšs de mettre fin Ă  la saison de travail sur le terrain.

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L’article « Local adaptation primes cold‐edge populations for range expansion but not warming‐induced range shifts », par et , a Ă©tĂ© publiĂ© dans la revue Ecology Letters et est accessible Ă  .

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Pour communiquer directement avec la chercheuse : anna.hargreaves [at] mcgill.ca

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