L’expansion de l’Internet modifie les mouvements de migration
L’expansion de l’Internet façonne les mouvements de migration de manière profonde. Une dirigée par l’Université McGill dans plus de 150 pays établit un lien entre la pénétration de l’Internet et les intentions et les comportements de migration, donnant ainsi à penser que la connectivité numérique joue un rôle clé dans les décisions relatives à la migration et soutient activement le processus de migration.
Les pays comptant un pourcentage élevé d’utilisateurs d’Internet ont tendance à avoir plus de citoyens disposés à émigrer. Sur le plan individuel, le lien entre l’utilisation d’Internet et l’intention de migrer est plus fort chez les femmes et les gens ayant un faible niveau de scolarité. Selon l’équipe internationale de chercheurs de l’Université McGill, de l’Université d’Oxford, de l’Université de Calabre et de l’Université Bocconi, on obtient les mêmes résultats lorsqu’on compare les migrants économiques et les migrants politiques.
« La révolution numérique déclenchée par l’avènement de l’Internet a transformé nos sociétés, nos économies et nos modes de vie. La migration ne fait pas exception », explique Luca Maria Pesando, coauteur de l’é³Ù³Ü»å±ð et professeur adjoint au Département de sociologie et au Centre de recherche sur la dynamique des populations de l’Université McGill.
Dans le cadre de l’é³Ù³Ü»å±ð publiée dans , les chercheurs ont examiné l’utilisation d’Internet et les routes de migration à l’aide de données provenant de la Banque mondiale, de l’Union internationale des télécommunications, de l’indice mondial de paix, du Baromètre arabe et du sondage mondial Gallup, un sondage international mené auprès de citoyens de 160 pays.
Leurs conclusions mettent en évidence l’importance de l’Internet comme canal d’information pour les migrants qui quittent leur pays en quête d’une vie meilleure. Contrairement aux migrants politiques, qui peuvent être poussés, par exemple, par la soudaine escalade d’un conflit civil, les migrants économiques prennent des décisions plus susceptibles de profiter de l’accès à l’information que fournit l’Internet et d’être influencées par le désir de connaître un avenir plus prometteur dans le pays de destination.
« Non seulement l’Internet nous donne accès à plus d’information, mais il nous permet aussi, grâce aux médias sociaux, de nous comparer facilement avec d’autres personnes vivant dans d’autres pays – souvent plus riches », fait remarquer le Pr Pesando.
Étude de cas en Italie
Lorsque les chercheurs ont étudié les données sur la migration en Italie – un pays qui a connu une hausse importante de l’afflux de migrants au cours des vingt dernières années – ils ont constaté une forte corrélation entre l’utilisation d’Internet dans le pays d’origine des migrants et la présence de personnes issues de ce pays dans le registre de la population italienne l’année suivante. En suivant les migrants, dont les demandeurs d’asile et les réfugiés qui passaient par le centre d’immigration Sant’Anna, en Calabre, les chercheurs ont également établi un lien entre les compétences numériques et la connaissance d’Internet des migrants et leur départ volontaire du centre pour trouver de meilleures perspectives économiques.
« Nos résultats contribuent au nombre grandissant de travaux de recherche sur la démographie numérique, dans le cadre desquels les données produites par l’Internet ou les chemins de navigation numériques sont utilisés pour étudier la migration et d’autres phénomènes démographiques, affirme le Pr Pesando. Nos travaux semblent indiquer que l’Internet ne sert pas seulement d’instrument pour l’observation des comportements de migration, mais soutient activement le processus de migration. »
En ce qui concerne les prochaines étapes, l’équipe de recherche, qui comprend Francesco Billari de l’Université Bocconi et Ridhi Kashyap et Valentina Rotondi de l’Université d’Oxford, étudiera les effets des technologies numériques et de la connectivité sur les progrès du développement social, de l’autonomisation des femmes à la santé reproductive, en passant par le bien-être des enfants d’une génération à l’autre.
L’é³Ù³Ü»å±ð
L’article « The Internetization of International Migration », par Luca Maria Pesando, Valentina Rotondi, Manuela Stranges, Ridhi Kashyap et Francesco C. Billari, a été publié dans Population and Development Review. L’é³Ù³Ü»å±ð a été financée par la subvention du Conseil européen de la recherche sur les discontinuités dans la formation des ménages et des familles.
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L’Université McGill
Fondée en 1821 à Montréal, au Québec, l’Université McGill figure au premier rang des universités canadiennes offrant des programmes de médecine et de doctorat. Année après année, elle se classe parmi les meilleures universités au Canada et dans le monde. Établissement d’enseignement supérieur renommé partout dans le monde, l’Université McGill exerce ses activités de recherche dans deux campus, 11 facultés et 13 écoles professionnelles; elle compte 300 programmes d’é³Ù³Ü»å±ðs et au-delà de 40 000 étudiants, dont plus de 10 200 aux cycles supérieurs. Elle accueille des étudiants originaires de plus de 150 pays, ses 12 800 étudiants internationaux représentant 31 % de sa population étudiante. Au-delà de la moitié des étudiants de l’Université McGill ont une langue maternelle autre que l’anglais, et environ 19 % sont francophones.