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La précarité énergétique au Canada

Un enjeu de santé et d’équité méconnu
Mère et fille collées l'une à l'autre à cause du froid.
±ĘłÜ˛ú±ôľ±Ă©: 20 February 2024

Selon une équipe de recherche de l’Université McGill, un ménage canadien sur cinq serait en situation de précarité énergétique, c’est-à-dire qu’il n’a pas accès (pour des raisons financières ou autres) aux ressources énergétiques nécessaires à ses besoins quotidiens, à une vie décente et au maintien d’une température saine pendant toute l’année dans son logement. Il y aurait plus de Canadiennes et de Canadiens touchés par la précarité énergétique que par l’insécurité alimentaire.

La précarité énergétique, facteur prédictif de problèmes de santé

«Des recherches antérieures avaient déjà établi un lien entre une température intérieure basse et l’aggravation de certaines maladies chroniques; la précarité énergétique est donc une situation préoccupante », explique Mylène Riva, titulaire de la Chaire de recherche du Canada en logement, communauté et santé, professeure agrégée au Département de géographie et auteure principale d’une étude publiée récemment dans le . « Dans une autre étude que nous menons dans une petite ville rurale canadienne, 8 % des participants nous ont dit avoir déjà vu leur souffle dans leur logement pendant l’hiver. »

L’équipe a constaté que les personnes en situation de précarité énergétique étaient plus susceptibles de déclarer une mauvaise santé générale et mentale que les personnes qui avaient les moyens financiers et techniques d’obtenir l’efficacité énergétique dont elles avaient besoin. On sait que ces facteurs sont de bons indicateurs de taux de maladie plus élevés, et de risques accrus d’hospitalisation et de mortalité.

La précarité énergétique touche davantage les milieux ruraux

La recherche montre également qu’au Canada, la précarité énergétique touche davantage les zones rurales, où la population est souvent plus âgée, les ménages plus nombreux et l’insécurité financière plus grande.

« Par exemple, nous avons constaté que dans une petite ville de Nouvelle-Écosse, où environ 40 % de la population est en situation de précarité énergétique, un ménage sur trois avait déclaré devoir réduire son budget d’épicerie pour payer ses factures de services publics », ajoute Laurianne Debanné, doctorante en géographie de la santé à l’Université McGill, qui , depuis trois ans.

Les programmes d’efficacité énergétique canadiens peu efficaces contre l’insécurité énergétique

L’équipe de recherche fait remarquer que les politiques et les programmes axés sur la transition énergétique – comme les programmes d’efficacité énergétique dans le secteur de l’habitation – sont en général plus accessibles aux propriétaires qu’aux locataires. En outre, ils risquent de créer ou d’exacerber des inégalités sociosanitaires si les avantages qu’ils procurent ne sont pas distribués équitablement dans la population.

« Les ménages en situation de précarité énergétique sont désavantagés dans le processus de transition énergétique. Pour prévenir et réduire cette précarité, et accroître la sécurité énergétique partout au pays, les programmes et les politiques doivent porter sur les principaux facteurs de précarité, notamment les conditions de logement et l’efficacité énergétique des habitations, un revenu faible et les coûts énergétiques assumés par les contribuables et les utilisateurs », précise Mylène Riva.

« Étant donné la forte proportion de ménages canadiens en situation de précarité énergétique, et les répercussions constatées sur la santé de la population, les résultats de notre étude donnent de solides arguments en faveur d’une prise en considération de la précarité énergétique dans la mise en place d’une transition énergétique juste vers une résilience climatique au Canada. »


L’étude s’appuie sur des données autodéclarées tirées de l’Enquête canadienne sur le logement de 2018, et sur un échantillon pondéré représentant 14 millions de ménages canadiens en zones rurales et urbaines.

ł˘â€™a°ůłŮľ±ł¦±ô±đ « », par Mylène Riva et coll., a Ă©tĂ© publiĂ© dans le Canadian Journal of Public Health.

doi.org/10.17269/s41997-023-00741-0



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