L'Éducation des étudiantes dans des collèges professionnels en Inde
Quel est l’impact sur les femmes des nouveaux programmes de libéralisation économique dans les pays du tiers monde? Le débat fait rage sur l’incidence positive et négative probable des nouveaux programmes de libéralisation économique dans plusieurs pays du tiers monde sur les rapports hommes-femmes. Quelles sont les conséquences de ces politiques sur la vie et l’éducation des femmes? Il y a trois ans, le professeur Ratna Ghosh, doyenne de la faculté des sciences de l’éducation de l’Université McGill, a mené un projet de recherche subventionné par la Fondation Spencer pour étudier les conséquences sur le plan social et économique d’une telle restructuration macro-économique pour les femmes en Inde. Selon le professeur Ghosh, les résultats préliminaires de sa recherche en 1996 autorisent deux conclusions provisoires : 1. les politiques de libéralisation économique ont largement profité aux groupes privilégiés; et 2. le groupe social qui profite le plus des collèges professionnels privés est constitué de jeunes filles et jeunes femmes des classes moyennes.
L’enrichissement de l’enseignement professionnel des jeunes femmes des nouvelles classes moyennes en Inde augmente-t-il leur niveau de confiance chez elles et au travail? La multiplication des possibilités se traduit-elle par une modification de leurs valeurs au sein de la famille et au travail? Dans l’affirmative, quelles sont leurs nouvelles attitudes visant à prendre des décisions indépendantes sur leur propre existence, surtout à l’égard de la vie professionnelle et du mariage, en particulier du régime de dot? Telles sont certaines des questions qu’abordera le professeur Ghosh dans le cadre de son nouveau projet de recherche subventionné par le CRSHC (1999-2002) -- "The Impact of Private Professional College Education on Young Women and Their Attitudes towards Marriage and Work in India".
En dépit du fait que l’Inde se situe à l’avant-garde des pays du tiers monde au chapitre d’une législation progressiste qui garantit les droits des femmes, les structures patriarcales et culturelles qui encouragent leur subordination prévalent toujours. Cette étude fournira des données qualitatives sur l’incidence de l’enseignement professionnel sur l’existence des femmes. Les études sur l’impact de l’enseignement supérieur ne remettent pas en question les relations hommes-femmes dans la société; pas plus que le renforcement de l’éducation des femmes ne garantit leur habilitation vu qu’elles n’exercent aucun contrôle sur l’argent qu’elles gagnent dans une société patriarcale. Il n’en reste pas moins que des qualifications professionnelles peuvent contribuer à une plus grande confiance en soi et à une certaine indépendance. C’est pourquoi l’axe de ce projet est d’étudier la possibilité d’une redistribution équitable des pouvoirs dans la société.
Le professeur Ghosh espère que cette étude, qui portera généralement sur les liens qui existent entre l’éducation et la société, sera utile à plusieurs égards. L’étude rev&êcirc;t d’ailleurs une importance particulière au vu de la mondialisation et des tensions inhérentes qui sous-tendent l’opposition entre la continuité et le changement. Selon le professeur Ghosh, l’étude "fournira plus précisément un cadre pour l’étude de l’éducation des femmes dans les sociétés patriarcales; elle tentera de démontrer qu’il existe un lien entre la formation professionnelle et l’épanouissement économique et social des jeunes femmes; elle tentera enfin de déterminer si les femmes acquièrent, grâce à cette formation et ces nouvelles possibilités économiques, l’assurance dont elles ont besoin pour remettre en question les structures patriarcales."