Incidence des différences culturelles sur les réactions à la COVID-19
C’est en Europe que la population connaît le moins la COVID-19 et se soucie le moins du coronavirus, tandis que la population américaine est celle qui observe le moins les consignes sanitaires. Voilà ce que révèle une étude sur les différences culturelles au chapitre des connaissances et des attitudes à l’égard de la COVID-19. Cette étude nous apprend aussi qu’au début de la pandémie, les populations du Moyen-Orient et d’Asie étaient les plus conscientes de la COVID-19; celle du Moyen-Orient était également la plus inquiète face au coronavirus.
Publiée dans l’, l’étude a été dirigée par une équipe internationale de chercheurs dont faisait partie Zakir Uddin, ancien boursier postdoctoral dans le laboratoire du Pr Timothy Wideman à l’Université McGill.
Entretien avec Zakir Uddin
Quel était l’objet de votre recherche?
Au début de la pandémie, nous nous sommes intéressés aux différences culturelles dans les réactions à la COVID-19, plus précisément les craintes, les connaissances, les attitudes et les façons de faire. Ainsi, en avril 2020, nous avons sondé 1 296 participants provenant de huit pays répartis sur cinq continents. Nous voulions savoir si l’âge, le genre, le niveau d’éducation et la situation professionnelle influaient sur les connaissances relatives au coronavirus.
Qu’avez-vous découvert?
Voici les constats que nous avons faits en début de pandémie :
- C’est en Europe que la population connaissait le moins la COVID-19 et se souciait le moins du coronavirus, tandis que la population américaine était celle qui observait le moins les consignes sanitaires.
- Au Moyen-Orient et en Asie, par contre, la population était bien au fait de la COVID-19.
- Par ailleurs, c’est au Moyen-Orient que la population redoutait le plus le coronavirus, davantage qu’en Europe, en Afrique et en Amérique du Nord.
Ces craintes pourraient s’expliquer par certaines particularités culturelles de la région et par la couverture de la pandémie dans les actualités. Cependant, nous n’avons pas observé de lien entre les connaissances et la peur, c’est-à -dire que les craintes n’étaient pas fonction des connaissances du répondant sur la COVID-19. Fait intéressant, les femmes en savaient généralement plus sur cette maladie, en particulier en Océanie, en Afrique, au Moyen-Orient, en Europe et en Asie du Sud. En Amérique du Nord, cependant, les hommes connaissaient la COVID-19 mieux que les femmes. Comme on pouvait s’y attendre, les répondants détenteurs d’un diplôme de cycle supérieur étaient mieux renseignés que les autres sur cette maladie infectieuse, surtout en Asie du Sud et en Océanie. Ces constats concordent avec ceux d’autres études ayant mis en lumière la méconnaissance de la COVID-19 dans les populations n’ayant pas de diplôme universitaire.
En quoi ces résultats sont-ils importants ou intéressants?
La COVID-19 a fait plus de morts aux États-Unis et en Europe que dans les autres régions étudiées. Il y a lieu de croire qu’en renseignant mieux la population sur la COVID-19 dès le début, on aurait pu alléger le bilan des victimes. La prise en charge efficace d’une pandémie passe par la lutte contre la propagation de l’infection, laquelle exige la collaboration de la population. Or, comme l’ont montré des études sur d’autres maladies infectieuses, notamment la grippe H1N1, l’information favorise l’adoption de mesures préventives et de comportements prudents sur le plan tant individuel que collectif. Nous avons constaté que malgré la gravité de la pandémie en Europe, seulement 35,5 % de la population portait le masque là -bas. C’est là un taux nettement inférieur au taux général de port du masque, soit 78,1 %. Le port du masque était considérablement moins fréquent en Amérique du Nord également.
Quels sont vos conseils?
En santé publique, on doit tenir compte des particularités culturelles et régionales pour communiquer efficacement. En outre, pour renseigner la population sur la COVID-19 et atténuer les craintes, on pourrait l’inciter à l’optimisme et l’encourager à faire preuve de prudence, ce qui, souhaitons-le, pourrait réduire le taux d’infection.
³¢'é³Ù³Ü»å±ð L’article « Knowledge, Attitude, Practice, and Fear of COVID‑19: an Online‑Based Cross‑cultural Study », par Mohammad Ali, Zakir Uddin, Palash Chandra Banik, Fatma A. Hegazy, Shamita Zaman, Abu Saleh Mohammed Ambia, Md. Kaoser Bin Siddique, Rezoana Islam, Fatema Khanam, Sayed Mohammad Bahalul, Md Ahiduzzaman Sharker, Akram Hossain et Gias U. Ahsan, a été publié dans l’. DOI : |
L’Université McGill
Fondée en 1821 à Montréal, au Québec, l’Université McGill figure au premier rang des universités canadiennes offrant des programmes de médecine et de doctorat. Année après année, elle se classe parmi les meilleures universités au Canada et dans le monde. Établissement d’enseignement supérieur renommé partout dans le monde, l’Université McGill exerce ses activités de recherche dans trois campus, 11 facultés et 13 écoles professionnelles; elle compte 300 programmes d’études et au-delà de 40 000 étudiants, dont plus de 10 200 aux cycles supérieurs. Elle accueille des étudiants originaires de plus de 150 pays, ses 12 800 étudiants internationaux représentant 31 % de sa population étudiante. Au-delà de la moitié des étudiants de l’Université McGill ont une langue maternelle autre que l’anglais, et environ 19 % sont francophones.