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Difficulté d’accès aux soins de santé pour les personnes à faible revenu atteintes du VIH/sida

Une étude québécoise s’échelonnant sur 20 ans révèle que les inégalités socioéconomiques influencent l’accès au traitement du sida, malgré l’universalité des soins de santé
±ĘłÜ˛ú±ôľ±Ă©: 19 April 2018

Les QuĂ©bĂ©cois ne seraient pas tous Ă©gaux quant Ă  l’accès au traitement antirĂ©troviral pour le VIH/sida, rĂ©vèle une Ă©tude rĂ©trospective menĂ©e par une Ă©quipe de l’Institut de recherche du Centre universitaire de santĂ© McGill (IRCUSM) en collaboration avec des cliniques et des centres hospitaliers universitaires Ă  MontrĂ©al. Les chercheurs ont observĂ© que les personnes infectĂ©es par le VIH qui dĂ©pendent de l’aide sociale ou d’autres programmes de sĂ©curitĂ© du revenu ne bĂ©nĂ©ficiaient pas d’un accès prĂ©coce au traitement antirĂ©troviral, vraisemblablement Ă  cause de leur statut socioĂ©conomique faible.Ěý

MalgrĂ© l’universalitĂ© des soins de santĂ© au QuĂ©bec, les personnes Ă  faible revenu luttent pour avoir un accès prĂ©coce au traitement antirĂ©troviral dont elles ont besoin, comme l’indique l’étude publiĂ©e dans le Journal of the International AIDS Society. Le traitement antirĂ©troviral prĂ©coce joue un rĂ´le clĂ© dans la rĂ©duction du nombre de problèmes de santĂ© liĂ©s ou non au sida, qu’il s’agisse de maladies cardiovasculaires, de troubles rĂ©naux, de troubles hĂ©patiques, de troubles neurocognitifs ou de cancer chez les personnes atteintes du VIH. De plus, le traitement prĂ©coce rĂ©duit grandement le risque de transmission du VIH.Ěý

« Les résultats de notre étude démontrent la nécessité de prendre en considération les facteurs socioéconomiques pour mieux maîtriser l’épidémie du VIH au Canada. Il est possible que les personnes vulnérables sur le plan économique courent un plus grand risque de complications parce qu’elles ont accès plus tardivement au traitement antirétroviral », déclare l’auteur principal de l’étude, le Dr Jean-Pierre Routy, scientifique au sein du Programme en maladies infectieuses et immunité en santé mondiale à l’IR-CUSM et hématologue au service des Maladies virales chroniques du CUSM.

De 1996 Ă  2015, l’équipe de chercheurs dirigĂ©e par le Dr Routy s’est penchĂ©e sur le cas de 549 patients au dĂ©but de leur infection. Les chercheurs ont conclu que les participants Ă  l’étude dĂ©pendant d’une forme de sĂ©curitĂ© du revenu, comme l’aide sociale ou l’assurance-emploi, n’avaient pas eu nĂ©cessairement accès au traitement antirĂ©troviral prĂ©coce. En fait, les travailleurs Ă©taient deux fois et demie plus susceptibles de commencer un traitement antirĂ©troviral prĂ©coce que le groupe de patients dĂ©pendant d’une forme de sĂ©curitĂ© du revenu.Ěý

Cet accès tardif au traitement nuit Ă  la lutte contre le VIH au QuĂ©bec, car malgrĂ© l’universalitĂ© des soins de santĂ© et de l’assurance-mĂ©dicaments, les soins semblent inĂ©quitables.Ěý

« Les personnes sans emploi qui dĂ©pendent d’un soutien du revenu ont tous les jours des dĂ©cisions difficiles Ă  prendre quant Ă  l’utilisation de leurs ressources limitĂ©es. L’existence de besoins concurrents peut se traduire par une moins grande capacitĂ© Ă  s’engager dans un traitement et Ă  assumer les dĂ©penses qui y sont liĂ©es. Cette population a besoin d’aide », ajoute le Dr Routy, qui est aussi professeur Ă  la division d’hĂ©matologie du DĂ©partement de mĂ©decine de la FacultĂ© de mĂ©decine de l’UniversitĂ© McGill.Ěý

« Cette Ă©tude est très importante, car elle dĂ©montre que des personnes retardent le dĂ©but de leur traitement ou le cessent pour des raisons financières, mettant ainsi leur santĂ© en danger », renchĂ©rit le Dr RĂ©jean Thomas, un des coauteurs de l’étude et le prĂ©sident-directeur gĂ©nĂ©ral et fondateur de la clinique mĂ©dicale l'Actuel. « Il s’agit d’un enjeu de santĂ© publique très prĂ©occupant, car on sait depuis plusieurs annĂ©es qu’une personne sĂ©ropositive sous trithĂ©rapie ayant une charge virale indĂ©tectable ne peut pas transmettre le VIH. »Ěý

Et d’ajouter, « dans une clinique spĂ©cialisĂ©e comme l’Actuel, plus de 90 % des patients diagnostiquĂ©s commencent un traitement très tĂ´t après le diagnostic, alors que cette proportion s’élevait Ă  30 % il y a 10 ans.»Ěý

« L’incidence des types de centres de soins sur le début d’un traitement précoce est l’une des conclusions intéressantes de l’étude à laquelle nous ne nous attendions pas », explique l’auteur principal de l’étude, le Dr Vikram Mehraj, boursier de recherches postdoctorales du Programme en maladies infectieuses et immunité en santé mondiale à l’IRCUSM. « Nous croyons que cette conclusion peut en partie s’expliquer par le fait que les patients plus malades ont davantage recours aux services des urgences des centres hospitaliers universitaires ».

Le Dr Rejean Thomas rappelle que contrairement Ă  la France ou Ă  la Colombie Britannique, par exemple, le traitement antirĂ©troviral pour les personnes atteintes du VIH n’est toujours pas entièrement gratuit au QuĂ©bec (coĂ»t annuel de 28 000 $ Ă  36 000 $). Et d’ajouter : « Si nous voulons Ă©radiquer le VIH d’ici 2030, conformĂ©ment aux objectifs de l’entente d’ONUSIDA signĂ©e par la Ville de MontrĂ©al le 1er dĂ©cembre 2017, il faut sĂ©rieusement rĂ©flĂ©chir Ă  cette option! »Ěý

À propos de l’étude
L’étude citée ci-dessus a bénéficié des subventions suivantes : Fonds de recherche du Québec- Santé (FRQS) : Réseau Sida/Maladies infectieuses et thérapie cellulaire; Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC; subventions 103230 et 154051 - Programme ouvert de subventions de fonctionnement (MOP); Réseau canadien pour les essais VIH des IRSC (CTN; subvention CTN 257); Fondation canadienne de recherche sur le SIDA (CANFAR; subvention 02-512); Consortium canadien de recherche sur la guérison du VIH (subvention HIG-133050 accordée par les IRSC, en partenariat avec CANFAR).
Mehraj V. et coll., Journal of the International AIDS Society 2018, 21:e25034
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Vikram Mehraj1,2, Joseph Cox1,2,3, Bertrand Lebouche1,2,4, Cecilia Costiniuk1,2, Wei Cao1,2,5, Taisheng Li5, Rosalie Ponte1,2, Rejean Thomas6, Jason Szabo1,6, Jean-Guy Baril7, Benoit Trottier7, Pierre Côté7, Roger LeBlanc8, Julie Bruneau9, Cécile Tremblay9,10, Jean-Pierre Routy1,2,11 and for the Montreal Primary HIV-Infection Study Group*


À propos de l’Institut de recherche du CUSM
L’Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill (IR-CUSM) est un centre de recherche de réputation mondiale dans le domaine des sciences biomédicales et de la santé. Établi à Montréal, au Canada, l’Institut, qui est affilié à la faculté de médecine de l’Université McGill, est l’organe de recherche du Centre universitaire de santé McGill (CUSM) – dont le mandat consiste à se concentrer sur les soins complexes au sein de sa communauté. L’IR-CUSM compte plus de 420 chercheurs et près de 1 200 étudiants et stagiaires qui se consacrent à divers secteurs de la recherche fondamentale, de la recherche clinique et de la recherche en santé évaluative aux sites Glen et à l’Hôpital général de Montréal du CUSM. Ses installations de recherche offrent un environnement multidisciplinaire dynamique qui favorise la collaboration entre chercheurs et tire profit des découvertes destinées à améliorer la santé des patients tout au long de leur vie. L’IR-CUSM est soutenu en partie par le Fonds de recherche du Québec – Santé (FRQS).


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