Cancer de la peau : pourquoi les hommes sont génétiquement plus à risque
Avec l’été qui approche et les restrictions dues à la COVID-19 qui s’allègent, nous sommes tous impatients de sortir pour profiter au maximum du soleil. Une nouvelle étude de l’Université McGill nous rappelle cependant pourquoi il faut faire preuve de prudence, en particulier chez les hommes.
Dans cette étude dirigée par le professeur Ian Watson au CRCG et publiée dans Nature Cancer, les chercheurs ont identifié trois gènes avec des mutations particulières sur le chromosome X. Les femmes ont deux chromosomes X tandis que les hommes ont un chromosome X et un Y. « Sur les trois gènes significativement mutés que nous avons trouvés sur le chromosome X, un seul gène avait un type spécifique de mutation que l’on a trouvé uniquement chez les hommes », note le Pr Watson.
Les femmes peuvent développer d’autres types de mutations dans le gène en question, mais puisqu’elles ont deux chromosomes X, une des deux copies peut servir de sauvegarde si l’autre est mutée. Les hommes n’ayant qu’une copie du chromosome X, une seule mutation suffit pour complètement désactiver le gène.
« Ces mutations pourraient contribuer à expliquer pourquoi l’incidence du mélanome est plus élevée chez les hommes, et pourquoi leur taux de survie est plus faible », commente Rached Alkallas, doctorant à l’Université McGill et co-premier auteur de l’étude.
Changements génétiques et rayons UV
L’un des facteurs de risque les plus importants pour le mélanome est le rayonnement ultraviolet (UV), qu’il provienne du soleil ou des lampes de bronzage artificiel. En mettant en lumière des changements génétiques spécifiques causés par l’exposition aux UV, les progrès des techniques de séquençage de l’ADN ont donné aux chercheurs la possibilité de mieux comprendre les causes sous-jacentes des différences sexuelles dans le mélanome.
Après avoir analysé des mutations génétiques dans plus d’un millier de cas de mélanome, les chercheurs ont pu apporter un éclairage nouveau sur ce mystérieux biais sexuel.
« Nous poursuivons nos recherches dans cette direction, notamment pour comprendre comment ces mutations affectent la biologie du mélanome et déterminer si elles ont une incidence sur la réponse à l’immunothérapie », explique Mathieu Lajoie, Ph. D., associé de recherche au laboratoire Watson et co-premier auteur de l’étude.
Un traitement personnalisé plus efficace à l’horizon
« L’immunothérapie a changé la vie de nombreux patients atteints de mélanome », explique le Pr Watson au sujet de cette forme de traitement qui réactive le système immunitaire d’un patient atteint de cancer pour se débarrasser des cellules cancéreuses. « Malheureusement, un grand nombre de patients ne répondent toujours pas à ce traitement et nous travaillons avec nos collaborateurs pour comprendre où se situent les problèmes afin de mieux les appréhender. »
En plus des différences entre les sexes sur le plan des taux d’incidence et de survie, des données commencent à émerger qui suggèrent qu’hommes et femmes pourraient également avoir des taux de réponse différents à l’immunothérapie.
Le Pr Watson étudie si les différentes mutations qu’il a découvertes chez les hommes et les femmes pourraient aider à en expliquer la raison. L’approfondissement de nos connaissances sur la génétique des divers sous-types de mélanomes pourrait également fortement contribuer à développer des traitements personnalisés, permettant aux patients de recevoir les thérapies les plus susceptibles de soigner leur cancer spécifique.
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L'article « » par R. Alkallas, M. Lajoie, I. Watson, et al, a été publié dans Nature Cancer. Doi: 10.1038/s43018-020-0077-8
L’Université McGill
Fondée en 1821 à Montréal, au Québec, l’Université McGill figure au premier rang des universités canadiennes offrant des programmes de médecine et de doctorat. Année après année, elle se classe parmi les meilleures universités au Canada et dans le monde. Établissement d’enseignement supérieur renommé partout dans le monde, l’Université McGill exerce ses activités de recherche dans deux campus, 11 facultés et 13 écoles professionnelles; elle compte 300 programmes d’études et au-delà de 40 000 étudiants, dont plus de 10 200 aux cycles supérieurs. Elle accueille des étudiants originaires de plus de 150 pays, ses 12 800 étudiants internationaux représentant 31 % de sa population étudiante. Au-delà de la moitié des étudiants de l’Université McGill ont une langue maternelle autre que l’anglais, et environ 19 % sont francophones.