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Au Québec, le diabète de type 1 chez l'enfant serait diagnostiqué tardivement

Une étude révèle une augmentation du nombre d'enfants avec une complication grave du diabète au moment du diagnostic
±Ê³Ü²ú±ô¾±Ã©: 14 May 2019

Elwyn était un bébé de 13 mois qui paraissait en pleine santé lorsqu’elle a commencé à boire de l’eau dans la baignoire. Elle avait de plus en plus soif et exigeait de plus en plus souvent d’être allaitée, et ses couches devenaient plus lourdes. Ses parents n’y voyaient là que des signes de croissance. Toutefois, ils ont un jour remarqué que leur fille était anormalement faible et ils se sont précipités à l’urgence. Elwyn a reçu un diagnostic de diabète de type 1; elle avait déjà développé une complication potentiellement mortelle de cette maladie : l’acidocétose diabétique. Elle a immédiatement été transférée à l’unité de soins intensifs, où elle a été soignée pendant plusieurs jours. Maintenant âgée de deux ans, Elwyn se porte bien mais elle est encore en rétablissement.

Malheureusement, il est courant de poser un diagnostic tardif du diabète de type 1 et de constater simultanément des complications graves de cette maladie. Selon une nouvelle étude menée par une équipe de l’Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill (IR-CUSM), au Québec, plus de 25 % des enfants qui reçoivent un diagnostic de diabète de type 1 sont déjà atteints d’acidocétose diabétique. Selon les résultats de cette étude, publiée aujourd’hui dans CMAJ Open, cette proportion augmente de 2 % par année depuis 2001.

« Tant les parents que le personnel de l’école ou le personnel médical ne reconnaissent pas suffisamment tôt les symptômes du diabète de type 1, explique l’auteure principale de l’étude, la Dre Meranda Nakhla, pédiatre endocrinologue à l’Hôpital de Montréal pour enfants du CUSM et chercheuse du Programme en santé de l'enfant et en développement humain (SEDH) de l’IR-CUSM. Une simple analyse de sang visant à déterminer le taux de sucre suffit à diagnostiquer un diabète de type 1 chez un enfant qui présente les symptômes de cette maladie, comme le besoin fréquent d’uriner, une soif anormale, la perte de poids, un manque d’énergie et le fait d’avoir toujours faim. »

Le diabète de type 1 est l’une des maladies chroniques les plus fréquentes chez l’enfant et touche environ 4 000 jeunes au Québec. Cette maladie se manifeste lorsque le pancréas cesse de produire de l’insuline ̶ hormone importante qui aide l’organisme à contrôler le taux de sucre dans le sang. L’acidocétose diabétique est une complication grave du diabète, se développant lorsque le corps produit des niveaux élevés d’acides dans le sang, qui deviennent toxiques.

« L’acidocétose diabétique est une complication du diabète de type 1 que l’on peut prévenir. Si on diagnostique tôt la maladie, on peut injecter de l’insuline à l’enfant, prévenant ainsi le développement de l’acidocétose diabétique » ajoute, la Dre Nakhla, qui est aussi professeure adjointe de pédiatrie à l’Université McGill.

Les chercheurs se sont penchés sur les tendances liées à l’acidocétose diabétique; ils ont analysé les données fournies par l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ), qui portaient essentiellement sur le diagnostic du diabète de type 1 chez des patients ayant entre 1 an et 17 ans, au cours de la période comprise entre 2001 et 2014. Ils ont identifié un total de 5 741 nouveaux cas de diabète chez des enfants et chez des adolescents. Dans l’ensemble, 1 471 enfants étaient déjà atteints d’acidocétose diabétique au moment de leur diagnostic de diabète de type 1 (avec une plus grande prévalence chez les 5 à 11 ans). Les chercheurs ont également étudié différents facteurs, comme l’âge auquel les patients avaient reçu le diagnostic de diabète, le sexe biologique, le statut socioéconomique et le fait qu’ils vivaient ou non en milieu rural.

« Nous n’avons pas encore réussi à statuer sur les causes exactes de l’augmentation du nombre de cas d’acidocétose diabétique au Québec, explique la première auteure de l’étude, la Dre Marie-Ève Robinson, pédiatre endocrinologue, qui terminait sa formation en endocrinologie pédiatrique à l’Hôpital de Montréal pour enfants au moment de l’étude. Il est possible qu’un accès restreint aux services de santé de première ligne explique en partie cette augmentation, particulièrement chez les enfants vivant à l’extérieur des grandes villes. »

« Nos résultats démontrent qu’il est nécessaire d’agir et de mener, au Québec et dans les autres provinces canadiennes, des campagnes de sensibilisation aux symptômes du diabète de type 1 destinées au grand public et aux omnipraticiens; ce type de campagnes n’existe pas en ce moment au Québec », conclut la Dre Nakhla.
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Photos

Photo 1: Dr. Meranda Nakhla

Photo 2: Dr. Marie-Ève Robinson

À propos de l’étude:

Les coauteurs de l’étude sont Marie-Ève Robinson, M.D., M.Sc., Patricia Li, M.D., M.Sc., Elham Rahme, Ph. D., Marc Simard, M.Sc., Isabelle Larocque M.Sc., Meranda M. Nakhla, M.D., M.Sc.,

CMAJ Open 2019. DOI:10.9778/cmajo.20190047

Ces travaux de recherche ont été rendus possibles grâce à une subvention du Fonds de la recherche en santé du Québec (FRQS).

Contact avec les médias

Julie Robert, Communications
Centre universitaire de santé McGill
tel: (514) 971-4747
julie.robert [at] muhc.mcgill.ca

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