Retard du Québec : pour une nouvelle Révolution tranquille
Des stratégies avant-gardistes sont réclamées pour assurer la compétitivité au sein de la société du savoir
Lors d'une allocution prononcée aujourd'hui devant les membres de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, la principale et vice-chancelière de l'Université McGill, la Pre Heather Munroe-Blum, a indiqué que le Québec doit se doter de stratégies concrètes en matière d’éducation, de recherche et d'innovation, et fixer les objectifs qui y sont rattachés, afin d'assurer la compétitivité et la prospérité au sein de l'économie du savoir.
« Nous devons nous doter d'urgence d'un nouveau plan qui soit propice à la prospérité et au développement social, et dont la portée sera aussi importante que l'a été la Révolution tranquille, à la suite du plan mis en œuvre par Jean Lesage et René Lévesque », a souligné la principale Munroe-Blum.
« Les signes indiquant que les progrès accomplis au cours des 30 dernières années sont à risque se manifestent déjà . Sur le plan économique, le Québec est beaucoup plus fragile que le reste du Canada et que les États-Unis. En regard des avancées remarquables qu'il a accomplies dans les secteurs de l'éducation, de la recherche et de l'industrie, au cours de la Révolution tranquille et des années 1980, l'on constate que peu à peu, le Québec perd du terrain. Les investissements consentis en éducation, en recherche et en innovation n'ont pas suffi à affronter la concurrence. Par conséquent, l'habileté du Québec à recruter les meilleurs employés qui soient et à créer les conditions favorables à l'investissement au sein de la société du savoir se détériore », a mentionné la Pre Munroe-Blum.
« Le Québec est arrivé à un moment de décision économique et démographique. Malgré tous les progrès que nous avons réalisés, nous sommes aujourd'hui en période de stagnation », a-t-elle ajouté.
Dans son allocution, la principale Munroe-Blum a souligné les nombreux avantages du Québec et de Montréal, notamment dans le secteur universitaire; des avantages qui sont le fruit d'investissements passés, consentis par le Québec en éducation et en recherche. Le Québec est solidement ancré dans les secteurs pharmaceutique, biotechnologique, de l'aérospatiale, des télécommunications, de la technologie de l'information et des logiciels, de même que de l'industrie de la création. Le Québec possède un avantage unique, celui d'être reconnu comme une société fermement engagée à soutenir ses valeurs et ses responsabilités sociales.
Cependant, alors que les autres villes et pays progressent, le Québec perd du terrain. Année après année, les investissements consentis par le Québec à la recherche universitaire diminuent, et ce, dans l'ensemble des secteurs. En contrepartie, Toronto, Edmonton et Boston investissent massivement en recherche et redoublent d'ardeur pour recruter les meilleurs. Pour la première fois au cours de l'histoire récente du Québec, 13 universités québécoises ont connu l'an dernier un déclin à l'égard de leurs réalisations en recherche. Elles ont affiché le pire classement au Canada. Après avoir connu une croissance ininterrompue pendant plusieurs années, le taux de diplomation universitaire québécois a glissé à 27 pour cent depuis 2001.
La principale a également mentionné que le Québec faisait à l'occasion montre d'une propension inouïe à minimiser la force de ses atouts concurrentiels. Alors que Montréal se targue de livrer bataille à Boston à titre de l'une des deux principales villes nord‑américaines relativement au nombre d'étudiants universitaires par habitant, nous considérons comme un désavantage ce dont Boston et d'autres grandes villes mondiales se réjouissent, soit le fait de posséder deux facultés de médecine.
« Nous sommes devenus si habitués à faire de la petite politique et à des commentaires blessants et rétrogrades que, depuis plus de dix ans, les Montréalais sont privés d'hôpitaux universitaires à la fine pointe. Ces hôpitaux sont nécessaires pour répondre à nos besoins en santé, pour générer le savoir, la technologie et l'innovation, et pour fournir les services desquels dépend toute ville moderne. Notre inaction à créer les grands hôpitaux universitaires dont l'ensemble des Québécois bénéficiera de façon unique est un scandale. Aucun d'entre nous ne devrait le tolérer », a souligné Mme Munroe-Blum.
La principale Munroe-Blum a ajouté que le Québec et Montréal doivent s'attacher dès maintenant à rehausser la productivité, à renforcer les grappes économiques régionales par le biais de politiques en faveur de l'éducation et de l'innovation, et à déployer des partenariats stratégiques entre les divers secteurs afin d'attirer et de fidéliser la prochaine génération de Québécois, de positionner Montréal comme une ville de calibre mondial et de faire du Québec un endroit de choix où souhaiteront investir et s'établir des gens des quatre coins du monde.
La Pre Munroe-Blum a précisé que sur le plan universitaire, le Québec doit viser encore plus haut et s'inscrire dans une perspective internationale. Il doit établir des objectifs ainsi qu'un échéancier spécifiques relativement à la participation universitaire et à la diplomation au premier cycle et aux cycles supérieurs.
« Pour aller de l'avant, nous devons entreprendre la prochaine étape de développement qui consiste à réaliser, pour la génération qui nous succédera, le rêve de la Révolution tranquille du Québec. Le monde ne ralentit pas; il accélère. Et nous ne pouvons nous permettre de le laisser nous dépasser », a-t-elle conclu.
À propos de McGill
Fondée en 1821, McGill est la principale université canadienne à forte intensité de recherche. L'Université compte 21 facultés et écoles professionnelles qui offrent plus de 300 programmes, du baccalauréat au doctorat. Environ 24 000 étudiants de 1er cycle et plus de 7 000 étudiants de 2e et 3e cycles sont inscrits à l'un de ses deux campus situés à Montréal, au Canada. McGill est l'une des deux seules universités canadiennes à faire partie de l'Association américaine des universités. Pour obtenir de plus amples renseignements, veuillez visiter le francais.mcgill.ca.
"For a New Quiet Revolution/Pour une nouvelle Révolution tranquille"
(discours prononcé à la Chambre de commerce du Montréal métropolitain)
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