Julien Green
(1900-1998)
Dossier
Le roman selon Julien Green
« Se perdre dans la forêt obscure » : l'art du roman selon Julien Green, par Pierre-Emmanuel Roy, 12 mars 2020 |
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Quand le critique John Charpentier écrivait, dans le Mercure de France du 15 mai 1929, que Julien Green était « le plus beau tempérament romanesque de sa génération [1] », il entendait complimenter le don d'invention du jeune écrivain. Ce mot peut toutefois être pris dans un sens plus large, car ce tempérament de romancier se manifeste de façon singulière non seulement dans les fictions de Green, mais aussi dans son oeuvre critique. Les entretiens et articles qu'il a publiés au long de sa carrière, ainsi que son vaste Journal (1919-1998), fourmillent de réflexions originales sur cette forme littéraire à laquelle il doit son renom. Les idées de Julien Green sur l'art romanesque ne présentent pas toutes un égal intérêt. Sa vision de l'histoire du roman, par exemple, manque d'ampleur, et semble parfois inexistante. En 1927, Green déclare tout net « ne [pas croire] à l'évolution du roman [2] ». Il ajoute, en guise de précision, que Tristan et Iseult ne diffère pas substantiellement de la production romanesque contemporaine : comme À la Recherche du temps perdudzJean-Christophe, cette oeuvre constitue en effet « l'étude d'un caractère, du développement de ce caractère ou d'une passion dans un récit en prose entrecoupé de dialogues [3] ». Rien ne change. De la même manière, Green tient pour non avenue la soi-disant « crise du roman [4] », qui a défrayé la chronique littéraire dans les années 1920. Nul besoin, selon lui, de s'inquiéter pour l'avenir de cette forme, dont la souplesse suffit à garantir la pérennité [5]. Plus tard dans sa carrière, certes, constatant de profondes transformations dans le monde littéraire, Green aura l'impression d'appartenir à une époque révolue. Il déplorera la « médiocrité extrême » sévissant dans les lettres (25 août 1954 [6]) et se demandera enfin si le XIXe siècle « ne mourra vraiment qu'avec ceux qui sont nés aux environs de 1900 » (10 août 1971). Ses propos sur le roman, bref, ne sont pas sans dimension historique; mais de là ne vient pas leur principal intérêt. Les considérations de Julien Green sur la finalité du roman sont également minces et peu nombreuses. À quoi sert le roman? À rien, répond d'abord Julien Green dans une conférence de 1950, en ajoutant toutefois que le roman peut profiter à l'écrivain et au lecteur, par la lumière qu'il jette sur la condition humaine [7]. Green ne s'étend pas sur cette question. Il ne semble guère préoccupé, à vrai dire, de justifier son art, au contraire de son contemporain Georges Duhamel, dont l'oeuvre traduit une constante préoccupation de faire valoir – selon ses termes – le « mandat » social du romancier [8]. Pour Green, la question importante n'est pas ce que le roman doit accomplir, ni quels changements il a subi au cours de son histoire : l'écrivain s'intéresse plutôt à ce qui constitue la nature profonde du roman, c'est-à-dire aux éléments qui entrent nécessairement dans la composition d'un roman authentique.Chez Green, ces réflexions n'aboutissent pas à une recette d'écriture [9]. Il ne cessera jamais de répéter que la création romanesque procède à coups de surprises, qu'elle n'a pas la clarté d'une opération algébrique. Le romancier, selon lui, doit « savoir se perdre dans la forêt obscure » (22 avril 1932). Mais malgré cette incertitude inhérente à la création romanesque, Green estime que certaines conditions, certains phénomènes sous-tendent nécessairement l'art du romancier. Ce sont ces considérations qui forment la part substantielle et originale de sa conception du roman. Dans les prochaines pages, je tenterai donc de rassembler et d'organiser l'essentiel de ce que Green a écrit sur son art, afin de mettre en lumière sa vision du roman. Beaucoup de chercheurs se sont intéressés à l'oeuvre romanesque de Green et ont tenté d'en dégager les marques distinctives [10]; pour ma part, je me limiterai à son oeuvre critique, corpus assez riche pour être traité indépendamment.On verra d'abord quelles qualités, d'après Julien Green, un romancier digne de ce nom doit réunir, puis par quels procédés il crée son oeuvre. Enfin, je me pencherai sur la question du langage, qui représente, aux yeux de Green, un problème capital pour tout écrivain. Le romancier. À lire Julien Green, on s'aperçoit bien vite que son discours sur le roman s'accompagne, le plus souvent, d'un discours sur le romancier. Au sujet d'une oeuvre de Tolstoï,éܰپDz, il remarque : « il y avait derrière toutes ces phrases un homme qui ne mentait pas [11] ». Un passage du Lys dans la vallée, écrit-il dans son Journal, « est si faux, si manifestement inventé, et en même temps si vrai, car on sent que le garçon, c'est l'auteur » (13 février 1934). De même, ses essais sur Emily Brontë (1926) et Nathaniel Hawthorne (1928) présentent une forte orientation biographique, qui n'est pas sans rappeler les Trois Maîtres de Stefan Zweig ou Les Confessions sans pénitence de Georges Duhamel. C'est que, dans l'esprit de Julien Green, l'auteur est inséparable de son oeuvre. En effet, le romancier porte en lui-même la source de toutes ses histoires. Son rôle, nous dit Green, est de fouiller son « inconscient [12] » pour en tirer la matière de son oeuvre. C'est cette démarche qui distingue le bon romancier du mauvais. Le second, « faux explorateur », se contente de suivre le chemin battu des conventions littéraires; tandis que le premier, en se plongeant à l'intérieur de lui-même, accomplit un acte de « courage [13] » qui donne à ses écrits une résonance profonde et sincère. Cette « descente vers les régions inférieures [14] » a d'ailleurs des retombées salvatrices : en explorant les replis de sa psyché, et en les mettant au jour, le romancier éprouve une forme de libération. Green va jusqu'à affirmer : « Les seuls livres qui comptent sont ceux dont on peut dire que l'auteur serait mort étouffé s'il ne les avait pas écrits » (5 mai 1956) [15]. Cette exploration de l'inconscient, toutefois, n'a rien d'un examen pointilleux et scientifique. Ce que prône Julien Green n'est pas un naturalisme appliqué à la vie intérieure. Au contraire, c'est grâce à un « don [16] » rare et fugitif que le véritable romancier parvient à sonder les tréfonds de son âme. Il est, comme le protagoniste d'un roman de Green, un « visionnaire [17] », c'est-à-dire qu'il sait se placer dans un « état second [18] » qui lui donne accès à son inconscient. Là, des images s'imposent à son esprit avec une telle vivacité, une telle précision, qu'elles en prennent « l'autorité particulière à un souvenir [19] ». Mais certains auraient beau posséder ce don de vision, ils n'en seraient pas plus avancés. La source du roman, comme on l'a vu, réside dans l'inconscient de l'écrivain. Pour donner lieu à la création romanesque, ajoute cependant Julien Green, cette source doit absolument être corrompue, c'est-à-dire peuplée de cauchemars et de turpitudes, de « monstres [20] » et de « désirs [21] ». Cette théorie, Julien Green la professe à bien des reprises : « le talent du romancier plonge ses racines dans le péché » (29 mars 1948), « ôtez le péché et vous ôtez l'oeuvre » (3 mai 1954), « un roman est fait de péché comme une table est faite de bois » (27 octobre 1955), « avec quoi un roman est-il fait, sinon avec du mal? » (29 mars 1957). Un roman dont l'origine serait pure ne contiendrait aucun conflit, aucun mystère, ne susciterait aucune découverte; ce serait un amas de « prudentes platitudes » (1er février 1945), et non un roman. La quiétude, pour Green, est un état d'âme stérile : « On n'a jamais vu de saint écrire un roman » (21 mai 1948). À lire ces phrases, on comprend non seulement pourquoi les romans de Green sont d'une noirceur si notoire [22], mais aussi pourquoi l'écrivain préconise explicitement, dans son Journal, une littérature sans bons sentiments :
Cette question du rapport entre roman et péché ne semble devenir brûlante, pour Julien Green, qu'à partir des années 1940. Une formule de Mauriac [23] fait sur lui une vive impression et le mène à un constat qu'il réaffirmera souvent par la suite :
Une telle déclaration peut étonner de la part de n'importe quel croyant, mais elle est particulièrement frappante sous la plume de Julien Green. Enfant, celui-ci exprimait à ses parents son souhait d'« être » un jour saint François d'Assise [24]. Le 23 juin 1938, il confiait le même désir à son Journal, en y ajoutant une nuance de regret : « J'aurais voulu être un saint, c'est tout. » À l'époque où il écrit cette phrase, rien ne laisse supposer que Green a pris conscience de la contradiction fondamentale entre son aspiration à la pureté morale et son état de romancier. Mais dans les années 1940, il reconnaît enfin la nature peccamineuse de la création romanesque, et va même jusqu'à l'embrasser :
L'invention romanesque. Le vrai romancier, comme on l'a vu, présente deux traits essentiels : il est un pécheur et un visionnaire. Ce fait comporte plusieurs implications pour l'acte créateur.D'abord, si le romancier est témoin d'une vision, et que son rôle consiste à rapporter ce qu'il a vu, il faut en déduire qu'il ne crée pas son oeuvre à coups de choix délibérés. Le terme d'« invention », que j'ai employé plus haut, soulève ainsi quelques difficultés. Julien Green l'utilise tout au long de sa carrière, et très fréquemment dans les années 1920 et 1930 [25]. Mais dans certains passages du Journal, lui donnant le sens de « fabrication », il le récuse, le jugeant impropre à rendre la vraie nature de son art. « Le romancier n'invente rien, il devine », écrit-il par exemple, le 5 février 1933. Le 29 octobre 1949, son propos se fait plus explicite :
Ainsi, le rôle du romancier ne consiste pas à fabriquer des récits – cela reviendrait à « mentir [27] ». Il doit plutôt décrire ce qu'il voit; non pas dans le monde sensible, à l'instar de Flaubert [28] ou des naturalistes [29], mais en son for intérieur, où s'élabore une réalité tout aussi véritable que la réalité objective.Être visionnaire, en effet, ce n'est pas seulement voir, c'est aussi croire à ce que l'on voit. Green prétend qu'un « vrai créateur », comme Balzac ou Dickens, est un être « naïf [30] ». Il n'appartient pas à cette espèce d'hommes « trop intelligents, trop malins [31] » pour croire à leurs propres récits et en éprouver de fortes émotions. Ces auteurs blasés laissent le lecteur froid. En revanche, si l'écrivain est convaincu de la réalité de son histoire et de ses personnages, sa foi se communique au lecteur. Voilà ce qui donne toute sa force à l'oeuvre d'un grand romancier comme Tolstoï. Green dit, par exemple, de La Mort d'Ivan Ilitch : « On y croit parce que l'auteur y a cru » (24 novembre 1932).éܰپDz suscite chez lui, plusieurs années plus tard, un commentaire analogue : « l'émotion est si vraie chez l'auteur qu'elle se reproduit telle quelle chez le lecteur » (3 mars 1948). La naïveté est un bien fragile. Si, pour assouvir sa curiosité, le romancier examine de trop près le processus créateur, il dissipe la brume qui entoure son art, et devient ainsi un de ces auteurs incrédules dont la France offre hélas tant d'exemples [32]. Comme le répète souvent Julien Green, « plus un romancier a de sens critique et moins il est apte à croire ce qu'il raconte [33]. » Il faut bien saisir l'importance de cet enjeu. La naïveté de l'écrivain, selon Green, n'ajoute pas seulement à la valeur du roman; elle est un des traits essentiels de tout roman véritable : « Si un romancier ne croit pas ce qu'il raconte, il doit faire un autre métier [34]. » À lire de tels propos, on serait tenté de croire que Julien Green force le trait. Un romancier peut-il vraiment croire, dans la plus forte acception du mot, au fruit de son imagination? Or de nombreux passages du Journal et des essais de Green révèlent dans quelle mesure celui-ci présente la création du romancier, et surtout chacun de ses personnages, comme une entité autonome et tangible. Le romancier, lit-on en effet, a pour « but », non pas de créer des « automates », mais de « donner le jour à des êtres humains [35] ». L'expression est saisissante, et Green en tire les conclusions qui s'imposent. Ainsi, il est impensable, pour tout « vrai romancier [36] », de revenir sur les actions de ses personnages, ou de modifier après coup la substance de leurs paroles. Ces actions et ces paroles émanent après tout d'« êtres humains »; elles appartiennent au domaine de la réalité plutôt qu'à celui de la fiction. Si la vision est précise – et elle ne l'est pas toujours [37] – l'écrivain se sait donc en présence d'une vérité objective, et par conséquent inflexible. Pour reprendre les termes de Julien Green :
Bien entendu, cette vision des choses exclut d'office tout plan préalable : le romancier risquerait, par ce procédé pourtant répandu, de figer ses personnages dans un pose artificielle, leur ôtant ainsi jusqu'à l'apparence de vérité [39]. Pour Green, l'action s'élabore en cours de route et elle est « l'oeuvre des personnages » (27 mars 1941), c'est-à-dire de l'inconscient [40]. « Je n'ai jamais pu faire vivre un plan », écrit-il dans son Journal le 13 novembre 1948. Green reconnaît que certains grands romanciers ne sont pas de son avis. Flaubert, par exemple, à qui il voue pourtant une profonde admiration, a déterminé d'avance l'action de Madame Bovary et de L'Éducation sentimentale, au lieu de la laisser s'élaborer naturellement. Ces grandes oeuvres forment toutefois des exceptions : « il faut être Flaubert pour cela » (5 février 1933). De même que la méthode du plan détaillé convient mal à la création romanesque, de même le romancier doit éviter à tout prix les « modèles courants [41] », qui risquent également d'adultérer sa vision et de faire de ses personnages des pantins, plutôt que des êtres de chair et de sang. Le romancier se méfie de toute influence [42]. Il doit sans cesse lutter contre les attentes du public, les conventions romanesques, et même les « clichés qu'il s'est fabriqués lui-même et qui le dispensent de réfléchir » (25 février 1933). Seule sa vision doit présider à l'écriture.Bref, le romancier se livre tout entier à son inconscient. Ses personnages sont les acteurs, lui le « spectateur [43] ». Ils entrent en action, lui passe de surprise en « surprise [44] ». Comme le dit Green dans une conférence des années 1940, c'est dans l'« obscurité [45] » que le romancier crée son oeuvre. Green parle souvent de ses personnages dans des termes qui mettent en relief leur vitalité et leur indépendance. Le romancier, écrit-il, est « entraîn[é] [46] », « bousculé [47] » par ses créatures, il est « pipé » par ces êtres « qui en savent plus long que lui » (7 octobre 1944). Essaie-t-il de les tenir en bride? Ses efforts sont en vain : « Il est certain que je n'ai jamais fait un plan que mes personnages ne l'aient mis en piècesfoulé aux pieds [48] » (29 décembre 1947). La création romanesque, à en croire Julien Green, est un phénomène dont le romancier n'est pas maître; il l'amorce, certes, mais elle procède malgré lui. Balloté de part et d'autre par ses personnages, il se contente d'observer et de rapporter leurs actions. Si écrire un roman, c'est se laisser entraîner, on ne s'étonnera pas que Julien Green ait une prédilection pour les oeuvres d'art – visuelles [49] aussi bien que littéraires [50] – qui semblent créées d'un premier mouvement. À l'inverse, tout ce qui sent l'apprêt éveille sa suspicion. Le vrai romancier, selon Green, est un témoin fidèle; il se garde de frelater sa vision, de « mentir », quitte à tolérer certaines imperfections dans la composition du récit. Green va même jusqu'à prétendre qu'« une certaine gaucherie est la marque des oeuvres sincères » (24 juin 1932). L'« entraînement » auquel s'abandonne le romancier suppose aussi un certain rythme qu'on retrouve effectivement dans les fictions de Green, et que celui-ci préconise. Le roman, pour Green, doit respirer la force, l'élan, la vigueur : « Il faudrait qu'à chaque page on eût l'impression d'une irrésistible poussée intérieure » (20 juillet 1949). L'écrivain parle avec admiration des Diaboliques de Barbey d'Aurevilly : « Le ton, l'inspiration religieuse, la rage, la verve, l'insolence, l'impatience, l'adjectif en coup de poing, tout y est » (5 mars 1952). Chez Villiers de L'Isle-Adam, ce sont les mêmes qualités qu'il vante : « […] le fignolage de la phrase violente, l'effet subit, la fin qui vous coupe le souffle, les phrases en capitales, la verve. Grand plaisir » (28 mars 1952). Une formule lapidaire, dans son Journal, résume bien sa pensée : « ce qui est beau n'est jamais lent » (24 octobre 1971). L'obstacle de la langue. À lire le Journal, on ne peut qu'être frappé par les difficultés qu'éprouve Julien Green à écrire ses romans. Le 23 septembre 1932, il se décharge le coeur : « J'ai des moments de doute qui me ravagent de tristesse. Il y a vraiment trop loin de ce que j'écris à ce que j'aurais voulu écrire. » Le 8 septembre 1938, on perçoit les mêmes accents de lassitude : « Les mots qu'il faut mettre en rang comme de vieux chiens savants, fatigués des tours qu'on exige de leur bonne volonté... » Le 6 février 1970, il dit avoir vécu « une journée de découragement » à relire les épreuves de Si j'étais vous… Pour illustrer sa peine, Green va même jusqu'à évoquer une fois, à demi-mots, la figure de Sisyphe : « J'en suis à la page 177. Ce roman [É貹], je le vois comme une masse qu'il faut sans cesse arrêter à mi-chemin d'une pente, redresser, empêcher qu'elle ne glisse et ne dévie... » (12 août 1931). Si écrire un roman consiste à se laisser « entraîner » par des personnages autonomes, d'où viennent ce labeur et cette affliction? Il faut noter, avant tout, que l'acte de vision peut être laborieux, et même impossible, quand les images ne se présentent pas à l'écrivain avec toute la netteté souhaitable. Ce problème a souvent entravé Julien Green, qui dit avoir tour à tout perdu et retrouvé, au fil des ans, le « don du romancier [51] » : « J'écris mes romans quand je me sens poussé à le faire, et quand je ne vois rien, comme maintenant, depuis des semaines, je souffre, mais je n'écris pas » (12 octobre 1959). Mais un autre obstacle s'avère encore plus imposant : la langue. La vision a beau être prégnante, les défauts de ce moyen d'expression sont tels que le romancier peine à la coucher par écrit. Julien Green nie avec force la maxime de Boileau : « Ce que l'on conçoit bien s'énonce clairement / Et les mots pour le dire arrivent aisément [52] »; et il affirme pour sa part : « Quand ma pensée bondit, ma parole trébuche » (18 juin 1941). Cette difficulté n'est pas d'ordre personnel. Selon Julien Green, la langue pose deux difficultés majeures auxquelles tout romancier doit faire face. D'abord, elle est traîtresse. Green écrit que certaines phrases lui paraissent « suspectes parce que trop bien venues » (15 août 1944). Il se dit méfiant du « piège des mots, [du] déterminisme créé par les phrases qui appellent d'autres phrases » (26 mars 1944). En effet, si le vrai romancier se laisse entraîner par ses personnages, il doit, en revanche, résister sans cesse à la pente où les mots menacent de le faire glisser. Autrement, il tombe dans la facilité, dans la formule toute faite, et il dénature sa vision. Un développement, dans le Journal, rend bien cette idée : Les mots, quelquefois, s'assemblent comme d'eux-mêmes et forment des images qui peuvent avoir un certain air de vérité auquel le mauvais écrivain et le lecteur inattentif se laissent prendre.La vérité de vision demande un effort beaucoup plus rude, une espèce de don de soi (22 octobre 1931) [53].Mais, même si l'écrivain exerce une constate vigilance à l'égard de la langue, celle-ci s'avère trop lourde et rigide pour exprimer fidèlement sa vision. Ce triste constat revient souvent dans l'oeuvre de Julien Green : « J'essaie d'écrire, mais j'ai l'impression curieuse que les mots me haïssent et que je les assemble de force » (23 septembre 1932); « La langue et la plume sont toujours en retard sur l'esprit » (4 juillet 1943). Un instrument aussi imparfait doit bien sûr n'être employé qu'avec la plus grande retenue. Il faut en limiter les dégâts. Ainsi, Green juge qu'il faut mettre la langue entièrement au service de la matière, de sorte qu'elle s'interpose le moins possible entre celle-ci et le lecteur. Il s'agit d'«humilier le style et [de] faire en sorte que le sujet se défende tout seul [54] ».Plus concrètement, ce principe consiste à rechercher par-dessus tout la simplicité et la précision des termes [55], de manière à conférer aux phrases toute la légèreté d'un « souffle » (6 août 1931). La langue du romancier ne doit surtout pas sentir la contrainte. Un style trop recherché présente une multitude de petits obstacles qui retiennent le lecteur et l'empêchent de se laisser transporter par le récit. Julien Green n'a que du dédain pour « les livres où les mots donnent l'impression d'avoir été tirés du cerveau de l'auteur, un à un, comme les sous d'un porte-monnaie d'avare » (15 janvier 1929) [56]. Certains écrivains, comme Rousseau et Duguet, atteignent parfois l'idéal de Green. Leur style, « fluide, rapide et facile », « pur et coulant [57] », ne fait pas obstacle. D'autres auteurs célèbres n'ont pas la main aussi heureuse. Flaubert, par exemple :
Sur la question du style, Julien Green semble évoluer quelque peu dans les années 1950. Il écrit, dans son Journal : « Jadis, j'admirais cela [l'idée d'un style qui n'attire pas l'attention] plus qu'aujourd'hui. Il me faut un style dont la pureté me soit sensible à tout moment et je ne veux pas d'un style invisible [59] » (28 novembre 1955). Toutefois, cette évolution ne paraît guère substantielle. C'est à la même époque, je le rappelle, que Green vante le style « facile » et « coulant » de Rousseau et de Duguet, qui permet au lecteur de s'immerger dans le sujet. Et le rôle primordial de la langue, pour lui, demeure le même : serrer d'aussi près que possible la vision du romancier. Une langue qui remplit ces conditions est transparente, mais elle n'est pas invisible, car sa fidélité à la vision sous-jacente a, en elle-même, une valeur esthétique. « La beauté, c'est la précision, l'exactitude des termes » (17 septembre 1956) [60]. De même que la langue doit se faire aussi transparente que possible, ainsi elle doit peindre au premier degré la vision du romancier, sans s'élever dans l'analyse et l'abstraction. Ce principe explique une réserve qu'émet Julien Green à l'égard de la littérature classique : le français du temps de Montaigne, écrit-il, « n'avait pas cette tendance vers l'abstrait qu'elle doit au XVIIe siècle et qui l'a, je crois, dénaturée » (20 septembre 1950) [61]. On comprend aussi pourquoi Green reproche à bien des romanciers leur recours aux explications psychologiques, qui sollicitent l'entendement du lecteur au lieu de livrer directement un objet à son regard. Ces développements abstraits « encombrent » le récit (4 mai 1931), un peu comme de « très gros meubles » laissés en plan par l'écrivain, et que le lecteur est forcé de « déménager » pour y voir clair (12 mars 1949). Pour conclure ce tour d'horizon, il reste à souligner l'unité du discours de Julien Green. Dans son Journal, celui-ci observe chez bien des écrivains une tendance à gommer leurs palinodies pour donner à leur oeuvre un semblant de cohérence. Green n'est pas le moindrement tenté par ce genre de coquetterie. « J'ai varié, je varierai encore », déclare-t-il franchement, le 5 février 1939. Sans ignorer les évolutions qui se font jour dans son oeuvre critique – notamment sur la part de péché dans la création romanesque –, il faut néanmoins reconnaître que Green a tenu des propos largement cohérents sur son art. Certains éléments en ressortent avec une force particulière et apparaissent comme des constantes. 1) Au moyen de son don de vision, le romancier explore les profondeurs de son âme pécheresse; là, il découvre la matière de son oeuvre. 2) Le romancier ne crée pas son oeuvre délibérément : il doit observer, dans le théâtre de son inconscient, des personnages doués d'une vie autonome, et se laisser conduire par eux de surprise en surprise. 3) Le romancier doit peindre fidèlement cette vision, mais le seul instrument dont il dispose, le langage, tend à la déformer. Pour remédier à cette défaillance, il écrit dans une langue simple, précise, concrète, qui forme un écran aussi transparent que possible entre la vision et le lecteur. Ces observations font apparaître à quel point le romancier, tel que le conçoit Julien Green, est une figure singulière. En plus de réunir des dons exceptionnels, il est prêt à scruter l'âme humaine dans ses zones les plus sordides, à voisiner avec le péché, à se laisser rudoyer par ses personnages, à lutter contre la langue récalcitrante; bref, à s'infliger une multitude de peines pour accomplir et relater fidèlement son sombre voyage. Dans de pareilles circonstances, comment se trouve-t-il des gens pour prendre la plume? La réponse à cette question demeure floue. Dans l'obscurité quant à sa propre condition, le romancier suit tout simplement un mouvement intérieur. Il s'imagine, sans bien comprendre pourquoi, qu'il « n'est créé que pour créer lui-même », et que « ce serait même un très grand péché que de ne pas écrire » (20 février 1945). Notes (Voir, plus bas, les références complètes) : [1] J. Charpentier, « Revue de la Quinzaine. Les Romans », p. 170. Bibliographie : Journal de Julien Green (dans l'ordre chronologique) :
Autres oeuvres de Julien Green :
Entretiens avec Julien Green :
Autres sources :
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Bibliographie
Ouvrages cités |
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On trouvera ci-dessous, dans l'ordre chronologique, un florilège de citations mettant en lumière la conception du roman de Julien Green. |
GREEN, Julien. « La seconde mort de Lord Byron », dans Œuvres complètes I, Jacques Petit (éd.), Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1972, p. 1007-1009. DIVERS.« Appendice II. Documents » dans Julien Green,Œuvres complètes I, Jacques Petit (éd.), Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1972, p. 1019-1032. GREEN, Julien.Les Années faciles (1926-1934), dans Œuvres complètes IV, Jacques Petit (éd.), Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1975, p. 3-354. GREEN, Julien. « Comment j'ai écrit Le Visionnaire », dans Œuvres complètes II, Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1973, p. 1389-1392. GREEN, Julien. « Un commentaire inédit », dans Œuvres complètes II, Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1973, p. 1429-1431. DIVERS. « Appendice IV. Documents », dans Julien Green,Œuvres complètes II, Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1973, p. 1156-1158. GREEN, Julien.Derniers Beaux Jours (1935-1939), dans Œuvres complètes IV, Jacques Petit (éd.), Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1975, p. 355-516. GREEN, Julien.« Le métier de romancier », dans Œuvres complètes III, Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1973, p. 1414-1430. GREEN, Julien.Devant la porte sombre (1940-1942), dans Œuvres complètes IV, Jacques Petit (éd.), Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1975, p. 517-698. GREEN, Julien.L'Œil de l'ouragan (1943-1945), dans Œuvres complètes IV, Jacques Petit (éd.), Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1975, p. 699-884. GREEN, Julien.« La philosophie de l'escalier », dans Œuvres complètes II, Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1973, p. 1146-1148. GREEN, Julien.« Avant-propos », dans Œuvres complètes II, Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1973, p. 1526-1527. GREEN, Julien. « La honte », dans Œuvres complètes II, Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1973, p. 1156-1158. GREEN, Julien.Le Revenant (1946-1950), dans Œuvres complètes IV, Jacques Petit (éd.), Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1975, p. 885-1148. GREEN, Julien.« Genèse du roman », dans Œuvres complètes III, Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1973, p. 1458-1473. DIVERS.« Appendice V. Documents », dans Julien Green,Œuvres complètes III, Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1973, p. 1503-1528. GREEN, Julien.Le Miroir intérieur (1950-1954), dans Œuvres complètes IV, Jacques Petit (éd.), Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1975, p. 1149-1381. GREEN, Julien.Le Bel Aujourd'hui [Début] (1955), dans Œuvres complètes IV, Jacques Petit (éd.), Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1975, p. 1383-1471. GREEN, Julien.Le Bel Aujourd'hui [Suite] (1956-1957), dans Œuvres complètes V, Jacques Petit (éd.), Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1977, p. 3-121. GREEN, Julien.Vers l'invisible (1958-1966), dans Œuvres complètes V, Jacques Petit (éd.), Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1977, p. 123-415. GREEN, Julien.Ce qui reste de jour (1966-1972), dans Œuvres complètes V, Jacques Petit (éd.), Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1977, p. 417-644. GREEN, Julien.La Bouteille à la mer (1972-1976), dans Œuvres complètes VI, Xavier Galmiche, Giovanni Lucera, Gilles Siouffi et Damien Vorreux (éd.), Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1990, p. 23-291. GREEN, Julien.La Terre est si belle… (1976-1978), dans Œuvres complètes VI, Xavier Galmiche, Giovanni Lucera, Gilles Siouffi et Damien Vorreux (éd.), Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1990, p. 293-523. GREEN, Julien.La Lumière du monde (1978-1981), dans Œuvres complètes VI, Xavier Galmiche, Giovanni Lucera, Gilles Siouffi et Damien Vorreux (éd.), Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1990, p. 525-778. LANNES, Sophie.« La passion du bonheur », dans Julien Green,Œuvres complètes VI, Xavier Galmiche, Giovanni Lucera, Gilles Siouffi et Damien Vorreux (éd.), Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1990, p. 1523-1539. GREEN, Julien.L'Avenir n'est à personne (1990-1992), Paris, Fayard, 1993. VANNINI, Philippe. « Julien Green : l'histoire d'un sudiste », dans Julien Green,Œuvres complètes VII, Michèle Raclot et Giovanni Lucera, (éd.), Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1994, p. 1716-1727. |
Citations
GREEN, Julien. « La seconde mort de Lord Byron », dans Œuvres complètes I, Jacques Petit (éd.), Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1972, p. 1007-1009. |
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Texte paru en 1924. |
DIVERS.« Appendice II. Documents » dans Julien Green,Œuvres complètes I, Jacques Petit (éd.), Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1972, p. 1019-1032. |
Ci-dessous, des extraits d'entretiens publiés de 1927 à 1930. |
GREEN, Julien.Les Années faciles (1926-1934), dans Œuvres complètes IV, Jacques Petit (éd.), Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1975, p. 3-354. |
13 avril 1926 |
GREEN, Julien. « Comment j'ai écrit Le Visionnaire », dans Œuvres complètes II, Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1973, p. 1389-1392. |
Texte paru en 1933. |
GREEN, Julien. « Un commentaire inédit », dans Œuvres complètes II, Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1973, p. 1429-1431. |
Texte daté du 27 décembre 1935. |
DIVERS. « Appendice IV. Documents », dans Julien Green,Œuvres complètes II, Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1973, p. 1156-1158. |
Ci-dessous, des extraits d'entretiens publiés de 1931 à 1947. |
GREEN, Julien.Derniers Beaux Jours (1935-1939), dans Œuvres complètes IV, Jacques Petit (éd.), Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1975, p. 355-516. |
28 février 1935 |
GREEN, Julien. « Le métier de romancier », dans Œuvres complètes III, Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1973, p. 1414-1430. |
Conférence datant probablement de 1941. |
GREEN, Julien.Devant la porte sombre (1940-1942), dans Œuvres complètes IV, Jacques Petit (éd.), Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1975, p. 517-698. |
25 juillet 1940 |
GREEN, Julien.L'Œil de l'ouragan (1943-1945), dans Œuvres complètes IV, Jacques Petit (éd.), Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1975, p. 699-884. |
24 janvier 1943 |
GREEN, Julien. « La philosophie de l'escalier », dans Œuvres complètes II, Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1973, p. 1146-1148. |
Article paru en 1946. |
GREEN, Julien.« Avant-propos », dans Œuvres complètes II, Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1973, p. 1526-1527. |
Cet « Avant-propos » a paru dans la première édition de Si j'étais vous… (1947). |
GREEN, Julien. « La honte », dans Œuvres complètes II, Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1973, p. 1156-1158. |
Texte non daté. |
GREEN, Julien.Le Revenant (1946-1950), dans Œuvres complètes IV, Jacques Petit (éd.), Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1975, p. 885-1148. |
15 juillet 1946 |
GREEN, Julien.« Genèse du roman », dans Œuvres complètes III, Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1973, p. 1458-1473. |
Conférence prononcée en 1950. |
DIVERS.« Appendice V. Documents », dans Julien Green,Œuvres complètes III, Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1973, p. 1503-1528. |
Ci-dessous, des extraits d'entretiens publiés de 1949 à 1971. |
GREEN, Julien.Le Miroir intérieur (1950-1954), dans Œuvres complètes IV, Jacques Petit (éd.), Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1975, p. 1149-1381. |
24 ou 25 mai 1950 |
GREEN, Julien.Le Bel Aujourd'hui [Début] (1955), dans Œuvres complètes IV, Jacques Petit (éd.), Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1975, p. 1383-1471. |
11 mars 1955 |
GREEN, Julien.Le Bel Aujourd'hui [Suite] (1956-1957), dans Œuvres complètes V, Jacques Petit (éd.), Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1977, p. 3-121. |
5 mai 1956 |
GREEN, Julien. Vers l'invisible (1958-1966), dans Œuvres complètes V, Jacques Petit (éd.), Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1977, p. 123-415. |
12 octobre 1959 |
GREEN, Julien.Ce qui reste de jour (1966-1972), dans Œuvres complètes V, Jacques Petit (éd.), Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1977, p. 417-644. |
1er juillet 1967 |
GREEN, Julien.La Bouteille à la mer (1972-1976), dans Œuvres complètes VI, Xavier Galmiche, Giovanni Lucera, Gilles Siouffi et Damien Vorreux (éd.), Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1990, p. 23-291. |
10 janvier 1974 |
GREEN, Julien.La Terre est si belle… (1976-1978), dans Œuvres complètes VI, Xavier Galmiche, Giovanni Lucera, Gilles Siouffi et Damien Vorreux (éd.), Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1990, p. 293-523. |
10 juin 1976 |
GREEN, Julien.La Lumière du monde (1978-1981), dans Œuvres complètes VI, Xavier Galmiche, Giovanni Lucera, Gilles Siouffi et Damien Vorreux (éd.), Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1990, p. 525-778. |
7 janvier 1981 |
LANNES, Sophie.« La passion du bonheur », dans Julien Green,Œuvres complètes VI, Xavier Galmiche, Giovanni Lucera, Gilles Siouffi et Damien Vorreux (éd.), Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1990, p. 1523-1539. |
Entretien de 1982. Propos rapportés par Sophie Lannes. |
GREEN, Julien.L'Avenir n'est à personne (1990-1992), Paris, Fayard, 1993. |
1er juillet 1991 |
VANNINI, Philippe. « Julien Green : l'histoire d'un sudiste », dans Julien Green,Œuvres complètes VII, Michèle Raclot et Giovanni Lucera, (éd.), Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1994, p. 1716-1727. |
Entretien de 1989. Propos rapportés par Philippe Vannini. |