De récents changements dans la prestation des services de santé se sont traduits par le passage d’une approche axée sur la médecine ou sur le clinicien à une approche axée sur le client ou sur le patient. L’époque où le clinicien était « l’expert » qui dictait au client ce qu’il devait faire arrive à sa fin. Les personnes aux prises avec des troubles de la communication, ainsi que leurs familles, s’attendent de plus en plus à travailler en partenariat avec les professionnels de la santé auxquels ils font appel. Cette modification du type de relation qui unit les fournisseurs de soins de santé à leurs clients a des répercussions sur la formation donnée aux orthophonistes. Les étudiants en orthophonie doivent toujours apprendre comment « exercer l’orthophonie », mais ils doivent également apprendre à collaborer avec les familles, avec d’autres orthophonistes et avec d’autres professionnels de la santé. C’est pourquoi des changements ont également eu lieu dans le domaine de la supervision clinique, c’ est-à -dire dans la relation superviseur-étudiant. Plutôt que d’évoluer dans une dynamique professeur-étudiant, on accorde une place prépondérante à l’ aspect collaboration.
Le partenariat de collaboration qui lie le formateur clinique et l’étudiant prépare ce dernier à devenir un professionnel autonome, puisqu’il est appelé très tôt à participer au raisonnement clinique et à la résolution de problèmes. L’étudiant assume également une plus grande responsabilité quant à son propre apprentissage, et on l’encourage de plus en plus à prendre part à tous les aspects de la gestion clinique ainsi que des autres tâches. L’ objectif visé : atteindre l’autonomie grâce à l’auto-analyse et à l’ autosupervision. L’ approche collaborative peut accroître le degré de satisfaction du formateur clinique, lorsqu’il constate les résultats des efforts investis dans ce partenariat. De plus – et surtout en présence d’un étudiant doué – les deux parties peuvent considérer que la relation en est une de collaboration entre pairs.
Dans le cadre d’un stage clinique où l’approche collaborative est appliquée au cheminement des étudiants, on s’attend d’eux qu’ils jouent un rôle plus actif en acceptant plus de responsabilités pendant le processus d’ apprentissage clinique. Il est fort probable que cela explique pourquoi le modèle d’ encadrement mutuel à deux pour un (où un formateur clinique encadre le stage de deux étudiants en même temps) se soit révélé un modèle d’ apprentissage coopératif très pertinent : les deux étudiants se fient en effet l’un à l’autre pour assurer leur progression commune sur le plan clinique pendant le processus d’apprentissage.
Ce changement de cap a également des conséquences sur le rôle du superviseur clinique : le rôle de superviseur implique maintenant aussi ceux de collaborateur et de facilitateur. Comme le terme « superviseur » évoque les rôles traditionnels du professeur et de l’étudiant, les termes « formateur clinique » et « formation clinique » refléteraient mieux la nouvelle dynamique. Néanmoins, cela ne signifie pas que la « supervision » n’entre plus dans la mission du formateur clinique, ni que ce mot sous-entend forcément une relation inégale. Les termes « superviseur » et « supervision » demeurent donc dans l’ usage.
Pour en savoir plus sur l’approche collaborative à l’intention des formateurs cliniques, utilisez le lien suivant : Clinical Training Manual