Aux membres de la communauté mcgilloise,Ìý
Aujourd’hui, le gouvernement du Québec a fait connaître ses nouvelles mesures concernant les droits de scolarité et le financement des universités.Ìý
- Les universités de langue anglaise devront veiller à ce que 80 % de leurs étudiantes et étudiants provenant de l’extérieur du Québec aient atteint le niveau 5 (intermédiaire) de compétence en français au moment de l’obtention de leur diplôme de premier cycle. Cette mesure s’appliquera aux cohortes étudiantes qui entreprendront leur formation à compter de l’automne 2025.
- Les droits de scolarité des étudiantes et étudiants canadiens de l’extérieur du Québec nouvellement inscrits à un programme de premier cycle ou de maîtrise professionnelle seront portés à 12 000 $ (une augmentation de 33 % par rapport aux droits exigés en ce moment). Cette mesure s’appliquera aux cohortes qui entreprendront leur programme d’études à compter de l’automne 2024. Les étudiantes et étudiants actuels disposent de cinq ans pour terminer leur programme suivant le modèle de tarification en vigueur.
De même, le gouvernement a réaffirmé son intention de récupérer une part importante des droits de scolarité des étudiantes et étudiants internationaux dès l’automne 2024.Ìý
Malheureusement, ces nouvelles mesures auront vraisemblablement un effet encore plus dévastateur sur l’Université McGill que celles qui avaient été rendues publiques il y a deux mois. Ces mesures sont incohérentes. J’ai pressé le premier ministre François Legault de revenir sur sa décision et de retourner à la case départ.Ìý
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Répercussions sur le recrutementÌý
L’annonce d’aujourd’hui aura une double incidence sur nos efforts de recrutement : les étudiantes et étudiants des autres provinces canadiennes paieront les droits de scolarité les plus élevés au pays pour la plupart des programmes, et les étudiantes et étudiants non francophones de l’extérieur du Québec devront investir davantage en temps et en argent pour obtenir leur diplôme en raison des nouvelles exigences linguistiques.Ìý
L’Université McGill appuie la promotion du français et a proposé des solutions concrètes pour aider les étudiantes et étudiants non francophones à s’intégrer à la main-d’œuvre et à la société québécoises après l’obtention de leur diplôme. Seulement, il nous apparaît totalement irréaliste d’espérer que 80 % de l’effectif étudiant de l’extérieur du Québec ait atteint un niveau intermédiaire de maîtrise du français au moment de l’obtention du diplôme de premier cycle.ÌýÌý
Nombre d’étudiantes et d’étudiants sont attirés par la richesse et l’unicité de la culture québécoise, et mettent toute leur énergie à apprendre le français pour pouvoir se bâtir une vie ici après la fin de leurs études. Or, une étudiante ou un étudiant qui n’a aucune connaissance du français aura besoin de l’équivalent d’une session complète de cours en moyenne pour acquérir une maîtrise intermédiaire de la langue. Se voyant dans l’obligation de prolonger leur formation d’une session pour obtenir leur diplôme, une majorité d’étudiantes et d’étudiants choisiront tout simplement de faire leur formation ailleurs.Ìý
Les nouveaux droits de scolarité de 12 000 $ exigés des Canadiennes et Canadiens hors Québec seront deux fois plus élevés que ceux qu’exigent l’Université de Toronto et l’Université de la Colombie-Britannique pour la plupart des programmes.Ìý
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Répercussions financièresÌý
Le gouvernement ne reconsidérera pas la ponction sur les droits de scolarité des étudiantes et étudiants internationaux initialement annoncée le 13 octobre.Ìý
Au départ, nous avions estimé que les répercussions financières découlant de cette ponction et de la chute attendue des inscriptions attribuable à l’augmentation des droits de scolarité de la population étudiante canadienne de l’extérieur du Québec totaliseraient de 42 à 94 millions de dollars par année pour l’Université. Or, les nouvelles exigences concernant la maîtrise du français annoncées aujourd’hui pourraient freiner considérablement les inscriptions, accentuant du coup les conséquences financières de ces mesures.Ìý
En fin de compte, nous ne pourrons quantifier les conséquences pleines et entières de ces mesures sur nos finances que lorsque nous connaîtrons le nombre d’inscriptions. Nous devons toutefois nous préparer à affronter des temps extrêmement difficiles.Ìý
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Répercussions sur le Québec
Comme les étudiantes et étudiants de l’extérieur du Québec seront moins nombreux à fréquenter nos universités, l’économie montréalaise ne tardera pas à s’en ressentir. En effet, les dépenses de cet effectif étudiant en nourriture, en divertissement et en vêtements, notamment, profiteront à des entreprises de l’extérieur du Québec. Ces politiques fort discutables auront aussi pour effet de priver les employeurs du Québec de travailleurs qualifiés, alors qu’ils font déjà face à une importante pénurie de main-d’œuvre. En affaiblissant le réseau universitaire et la filière de recherche, les mesures gouvernementales porteront atteinte à notre capacité d’innover.Ìý
La réputation du Québec à l’échelle internationale s’en trouvera entachée – si ce n’est déjà fait.Ìý
Par ces mesures, le gouvernement espérait augmenter ses revenus en récupérant une partie des droits de scolarité des étudiantes et étudiants internationaux, mais il se retrouve lui-même pénalisé. La nouvelle cible en matière de francisation aura un effet dissuasif tel sur la population étudiante internationale que la majeure partie des sommes que le gouvernement espère récupérer ne se matérialiseront pas. Voilà qui illustre l’incohérence de ces mesures.ÌýÌý
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Prochaines étapesÌý
Un groupe de travail, présidé par Christopher Manfredi, provost et vice-recteur principal aux études, examine actuellement diverses options afin de garantir notre stabilité financière. Cependant, étant donné que les salaires constituent notre plus important poste budgétaire, le Pr Manfredi a déjà décrété un gel de l’embauche dans le but de réduire nos effectifs par attrition, plutôt que d’éliminer des postes actuellement pourvus. Il conviera la communauté mcgilloise à une assemblée générale sur le budget, avant de soumettre le budget de l’exercice financier 2025 au Conseil des gouverneurs de l’Université.Ìý
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Étudiantes et étudiants actuelsÌý
Aux étudiantes et étudiants actuels qui s’inquiéteraient, je tiens à rappeler que ni l’augmentation des droits de scolarité de la clientèle canadienne hors Québec ni les nouvelles exigences linguistiques ne s’appliquent dans leur cas. Et je peux aussi garantir à notre future clientèle que nous ferons tout en notre pouvoir pour que l’Université McGill demeure accessible, grâce à notre programme de bourses et d’aide financière, le meilleur au pays.Ìý
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Notre étoile ne pâlira pasÌý
Depuis deux mois, nous sommes plongés dans l’incertitude. Cela dit, je me rassure en pensant aux générations successives de McGillois et de McGilloises qui ont bâti cette université une pierre à la fois, une réalisation à la fois. L’Université McGill – l’une des plus grandes du monde – est le fruit de cette persévérance et de cet effort collectif, déployé sur deux siècles d’histoire.ÌýÌý
Chaque université a sa propre personnalité. McGill est un lieu de rencontre et d’échanges pour tous les peuples du monde, et ce trait fait partie intégrante de son identité. Nous sommes un carrefour vers lequel convergent les grands esprits du Québec, du Canada et d’ailleurs pour apprendre, s’épanouir, innover et faire ainsi du tout qu’est l’Université McGill beaucoup plus que la somme de ses parties, soit les personnes qui le composent.Ìý
Cet esprit rassembleur fait partie de notre ADN.ÌýÌý
Actuellement, nous sommes frappés au cÅ“ur même de notre identité, et je vous donne ma parole que nous lutterons avec détermination contre ces mesures destructrices. Cette menace extraordinaire appelle une riposte tout aussi extraordinaire. C’est pourquoi je m’engage, fort du mandat que m’a octroyé le Conseil des gouverneurs à sa réunion de novembre, à explorer toutes les avenues qui s’offrent à nous pour perpétuer la tradition d’excellence de l’Université McGill et lui donner les moyens de mener à bien sa mission.Ìý
Nous traverserons certes une zone de turbulences et pourrions devoir envisager des solutions inédites. Mais notre étoile ne pâlira pas.Ìý
Bien cordialement,Ìý
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Deep SainiÌý
Recteur et vice-chancelierÌý
Université McGill