Experte: La crise du verglas, 25 ans plus tard
Le lundi 5 janvier 1998, les premières gouttes de pluie verglaçante tombent sur le Québec. Cinq jours plus tard, la province se transforme en enfer de glace. Quelque 3,5 millions de Québécois sont privés de courant – certains le seront pendant plus d’un mois. Au terme de cette tempête historique, 30 personnes auront perdu la vie. ()Ìý
Voici une experte qui peut s’exprimer à ce sujet: Â
, professeure titulaire (retraitée), Département de psychiatrie Â
« Cette semaine marque le 25e anniversaire de la crise du verglas au Québec et l'anniversaire du début du Projet Verglas, la première étude sur les femmes enceintes durant une catastrophe naturelle qui a évalué le niveau de stress des mères et a ensuite suivi le développement de leurs enfants pendant près de deux décennies. L'équipe de recherche a trouvé des associations significatives entre les difficultés rencontrées par les femmes lors de la tempête de verglas (comme le nombre de jours sans électricité) et le développement physique des enfants : leur risque d'obésité, de diabète, d'allergies et d'asthme, ainsi que des mesures de l'épigénétique. Voici quelques résultats récents :  Â
Les effets de la gravité du stress maternel (tel quepar exemple, le nombre de jours sans électricité) sur le développement cérébral et le comportement de leurs enfants sont encore évidents à l'âge de 19 ans.   Â
Il existe des associations faibles, mais significatives entre la gravité du stress maternel dû aux catastrophes naturelles et le développement de l'enfant.  Â
Les analyses de plusieurs années de données de la RAMQ n'ont révélé aucun effet majeur de l'exposition à la tempête de verglas au Québec pendant la grossesse sur le développement des enfants de la population de la Montérégie ; il semble qu'il faille déterminer l'expérience et les réactions de chaque femme à la tempête de verglas pour constater ces effets.   Â
Au fil des ans, je me suis demandé comment informer les femmes des effets du stress maternel prénatal sans les stresser davantage. Récemment, mon équipe a enquêté sur le niveau de connaissances des femmes en âge de procréer et leur a attribué la note "B", mais a également constaté qu'environ 65 % d'entre elles auraient souhaité en savoir plus sur le sujet lors de leur dernière grossesse. » Â
Suzanne King est professeure titulaire (retraitée) au Département de psychiatrie, ainsi que chercheuse principale au Centre de recherche Douglas. Ses travaux actuels portent sur cinq études longitudinales prospectives portant sur des enfants qui ont été exposés au stress maternel in utero à la suite d'une catastrophe naturelle : la tempête de verglas au Québec en 1998, les inondations de l'Iowa en 2008 et les inondations du Queensland en Australie en 2011; les incendies de forêt de 2016 à Fort McMurray ; et les inondations à Houston à la suite de l'ouragan Harvey en 2017. Elle participe également à deux études sur le stress prénatal dans le contexte de la COVID-19 au Canada et en Australie.Â
suzanne.king [at] mcgill.ca (anglais, français)ÌýÂ