Pour chauffer et climatiser ses installations, l’Université McGill consomme annuellement l’équivalent de la consommation de 13 000 ménages, ou encore, d’une ville de la taille de Sorel-Tracy (1,4 million gigajoules).
Il faut dire qu’avec 6,7 millions de pieds carrés, soit un peu moins de deux fois la superficie du parc Lafontaine, l’Université McGill est l’un des plus importants propriétaires fonciers sur l’île de Montréal. Elle doit aussi composer avec des défis particuliers.
« Ses bâtiments sont âgés — une trentaine d’entre eux ont été construits avant 1900 — et son volume de recherche est parmi les plus importants au Canada, souligne Denis Mondou, directeur de la Gestion des services d’utilité et de l’énergie de l’Université McGill. Or, les laboratoires sont énergivores. Chacun consomme l’équivalent de quatre ménages. »
Malgré une augmentation significative de la superficie de ses installations et de son nombre d’occupants au cours des 25 dernières années, l’Université a réussi à réduire ses émissions de gaz à effet de serre (GES) de sources de combustion stationnaire* — c’est-à -dire le chauffage, l’humidification, la stérilisation des laboratoires et des animaleries et l’eau chaude —  de 34 %. Dans son nouveau plan quinquennal, elle vise le double, une réduction de 64 % comparativement à 1990.
Depuis 2002, elle a réduit son intensité énergétique (la consommation par mètre carré) de 26 %. Sa cible d’ici cinq ans : 35 %.
Remplacement d’équipements vétustes
L’une des initiatives ayant contribué à l’atteinte de ces objectifs est la modernisation de son système de distribution d’énergie au campus Macdonald, à Sainte-Anne-de-Bellevue, lequel avait plus de cent ans.
« Avec les années, le campus s’est développé de plus en plus loin de la centrale et la distance entre la centrale et les utilisateurs entraînait des pertes d’énergie. Aussi, certains composants du réseau avaient atteint leur fin de vie utile. Les tunnels [qui servaient entre autres au transport de la vapeur], notamment, étaient dans un état critique », explique Jérôme Conraud, gestionnaire de l’énergie à McGill.
Le système de distribution de vapeur a été remplacé par un système à eau chaude, option moins énergivore qui permettra l’intégration éventuelle d’énergies renouvelables, comme la géothermie — le recours à l’énergie du sol — et l’énergie solaire. À lui seul, a permis de réduire l’intensité énergétique du campus Macdonald de 28 % et de 41 % ses émissions de GES, comparativement à 2002-2003 (en plus de permettre à l’Université d’économiser près d’un demi-million de dollars par année).
L’Université s’attaque maintenant à d’autres projets d’envergure. Cette année, elle procédera au remplacement complet des systèmes de chauffage, de ventilation et de climatisation dans six édifices. Elle souhaite également mettre en place des réseaux de récupération de la chaleur pour réduire la consommation du campus et ouvrir la voie à l’intégration d’énergies renouvelables dans un futur proche.
« En ce moment, par exemple, nous récupérons la chaleur de la principale salle de serveurs informatiques du campus pour alimenter les laboratoires de deux pavillons voisins, explique Denis Mondou. Nous étudions les façons de mettre en place un réseau de récupération de chaleur pour chaque secteur du campus du centre-ville. »
*Les sources de combustion stationnaire excluent des sources d’émissions telles que les véhicules, les produits chimiques, les réfrigérants, les engrais, le bétail et le transport aérien.