Si Gilles Vigneault a planté un chêne dans son champ, des scientifiques du Jardin botanique, de l’Université de Montréal et de l’Université McGill ont plutôt opté pour des saules. Vigneault demanderaitÌý: «ÌýPerdraient-ils leur temps?Ìý» Non, puisqu’ils ont ainsi démontré que la capacité de ces arbres à réhabiliter des sites contaminés repose sur des interactions complexes entre leurs racines, les champignons et les ²ú²¹³¦³Ùé°ù¾±±ð²õ du sol.
Pourquoi des saules plutôt que des chênes? C’est que ces arbres à croissance rapide sont réputés pour leur capacité à décontaminer des sols pollués par des résidus pétroliers ou des métaux lourds.
Grâce à un projet pilote lancé en 2011 sur des terrains pollués à Varennes, l’équipe de chercheurs a découvert que leur capacité à dégrader des polluants dans le sol serait le résultat d’interactions complexes entre différentes espèces (qui forment un réseau symbiotique avec les racines des saules) et certaines ²ú²¹³¦³Ùé°ù¾±±ð²õ. Les résultats de leur étude vient de paraître dans la revue Microbiome.
Un bel exemple d’entraide
En temps normal, les champignons qui recouvrent les racines des saules servent à acheminer des éléments nutritifs du sol dont l’arbre a besoin. En échange, l’arbre nourrit les champignons. Dans un sol contaminé, ces derniers sont incapables de survivre seuls, et c’est là qu’interviennent les ²ú²¹³¦³Ùé°ù¾±±ð²õ en formant un biofilm qui sert à les isoler des polluants. Les ²ú²¹³¦³Ùé°ù¾±±ð²õ mangent les polluants, tout en se chargeant d’acheminer les nutriments aux champignons.
Depuis qu’ils ont lancé leurs travaux à Varennes, en 2011, la Ville et l’arrondissement de Rivière-des-Prairies–Pointe-aux-Trembles ont approché les scientifiques afin de décontaminer d’autres sites industriels désaffectés, d’une superficie totale de 4 hectares, dans l’est de Montréal.
Selon Emmanuel Gonzalez, auteur principal de l’étude et spécialiste en bio-informatique au Centre canadien de génomique computationnelle de l’UniversitéÌýMcGill, cette technique simple permet de se réapproprier rapidement des terrains devenus inutilisables.
« Ce sont des arbres qui poussent très rapidement. Comme ils ont de nombreuses racines, ils une grande capacité de décontamination. Le site de Varennes était un terrain vague duquel émanaient de mauvaises odeurs et à proximité duquel il fallait absolument port un masque pour respirer. Un an plus tard, nous allions y mesurer les arbres et des oiseaux y avaient fait leur nid. C’est assez incroyable », dit-il.
Des arbres pour épurer des eaux usées
L’équipe a aussi lancé un projet pilote de phytofiltration afin de traiter des eaux usées à Saint-Roch-de-l’Achigan à l’aide de saules.
« C’est un concept intéressant pour les municipalités, parce que ces techniques réduisent significativement les coûts entraînés par la décontamination des sols ou l’épuration des eaux », explique pour sa part NicholasÌýBrereton, attaché de recherche à l’Institut de recherche en biologie végétale de l’Université de Montréal et auteur en chef de la nouvelle étude.
Grâce à un hectare de saules, le site de Saint-Roch-de-l’Achigan nettoie chaque année environ 5 millions de litres d’eaux usées. L’équipe de M.ÌýBrereton pense que cette capacité pourrait atteindre les 10 millions de litres.
Ìý
Ne ratez pas les dernières nouvelles de l'Université! Abonnez-vous à McGill dans la ville! |
Ìý
Ìý
Ìý