Depuis quelques années, McGill multiplie les initiatives vertes. Ces efforts commencent à porter leurs fruits et à inspirer les membres de sa communauté. En début de semaine, l’Université a été reconnue, pour une deuxième année consécutive, comme l’un des . Fin mars, elle a reçu la certification Communauté bleue d’Eau Secours et, deux semaines plus tard, elle a emboîté le pas à la Ville de Montréal avec son programme d’achats de crédits carbone éducatifs pour les déplacements aériens. François Miller, directeur du développement durable de l’Université, a accepté de rencontrer McGill dans la ville afin de faire le point sur la stratégie verte de l’établissement.
Qu’est-ce qui motive l’élan vert de l’Université et les nombreuses initiatives durables qui se mettent en place à McGill?
Il y a deux ans, l’Université McGill a adopté son Plan d’action sur le climat et le développement durable qui devrait nous permettre d’atteindre la cote Platine en développement durable. Nous avons récemment publié un rapport d’étape qui indique qu’environ 70 % des 22 mesures proposées dans notre plan ont été mises en œuvre. Les engagements qu’il reste à réaliser sont un peu plus complexes, mais nous sommes persuadés de pouvoir mettre en place la majorité des mesures avant 2020. La publication du Sustainable Travel and Mobility Guide, guide de gestion durable des déplacements pour la communauté mcgilloise qui présente l’empreinte carbone de nos choix individuels en matière de déplacements, a été l’une des premières mesures adoptées. C’est un outil qui est très utile pour faire des choix éclairés et durables en matière de transport.
McGill a récemment reçu la certification Communauté bleue de l’organisme Eau Secours. Quelle est la raison de cette reconnaissance?
Il y a un mouvement international qui tend vers l’élimination du plastique, et nous voulions y contribuer à notre manière. Depuis un an, nous multiplions les efforts visant à la fois à réduire la présence d’eau embouteillée sur nos campus et à augmenter l’accès à l’eau potable fournie par la Ville. D’ici le mois de mai, la vente de bouteilles d’eau en plastique à usage unique sera éliminée, ce qui devrait mener à une réduction annuelle de 85 000 bouteilles d’eau consommées à McGill. Pour éviter autant que possible le recours aux bouteilles de plastique lors de grands événements organisés à l’Université, notamment lors de la rentrée, nous avons aussi fait l’achat d’une machine distributrice d’eau potable pour l’extérieur. Une trentaine de fontaines ont aussi été installées dans les bâtiments du campus, et des autocollants en forme de gouttes d’eau ont été posés au sol pour que les gens puissent facilement les repérer. Il est aussi possible d’acheter une bouteille réutilisable bon marché dans du campus. Ce sont là quelques-uns des efforts que nous avons déployés, et c’est ce qui explique cette reconnaissance d’Eau Secours. À ma connaissance, nous sommes la première université canadienne à recevoir cette désignation et j’en suis très fier.
Une institution de la taille de l’Université a une empreinte carbone relativement importante. Comment McGill peut-elle réduire ses émissions de gaz à effet de serre (GES)?
McGill s’est fixé l’objectif ambitieux d’atteindre la carboneutralité d’ici 2040. En 2017, l’Université émettait annuellement 56 000 tonnes de GES, notamment à cause de ses bâtiments, de sa flotte de véhicules, des fermes du campus Macdonald et des déplacements aériens et quotidiens effectués par le personnel. Tout d’abord, c’est important de prendre des mesures qui ont un véritable impact et qui mènent à de réelles réductions d’émissions. Le gouvernement fédéral a récemment octroyé 1,8 million de dollars à l’Université pour l’installation d’échangeurs thermiques et pour la conversion à l’électricité d’une partie du système de chauffage au gaz du centre-ville ainsi que des appareils de chauffage au mazout de la Réserve naturelle Gault. Nous devrions ainsi pouvoir réduire nos émissions annuelles de près de 10 000 tonnes de GES, soit l’équivalent des émissions générées par la consommation énergétique annuelle de 2 300 foyers canadiens. Tout cela entraînera une réduction de l’ordre de 18 % : un très bon début pour atteindre la carboneutralité.
Mis à part l’augmentation de l’efficacité énergétique du parc immobilier, qui est responsable de 60 % des émissions de GES de l’Université, comment peut-on arriver à réduire davantage l’empreinte carbone de McGill?
Une fois les mesures de réduction de GES en place, la deuxième priorité est de maximiser notre potentiel de séquestration du carbone. Une étudiante à la maîtrise, Isabella Boushev, mesure en ce moment le potentiel de séquestration de carbone de nos propriétés et des différentes mesures que nous pouvons prendre pour le maximiser. Par exemple, la forêt de la Réserve naturelle Gault pourrait représenter un important puit de carbone pour l’Université. C’est également le cas des sols des fermes du campus Macdonald, et il existe différentes façons de gérer les champs agricoles afin de maximiser leur potentiel de séquestration. Lorsque cet inventaire sera terminé, nous aurons une bien meilleure idée de notre potentiel de séquestration de carbone et des différentes mesures que nous pouvons prendre pour le maximiser.
Ces mesures suffiront-elles à atteindre la carboneutralité?
Nous allons tenter par tous les moyens de réduire au maximum notre empreinte carbone. Malheureusement, certaines émissions, comme celles qui sont reliées aux déplacements en avion, sont presque inévitables. C’est là qu’entrent en jeu notre programme d’achat de crédits compensatoires, comme celui qui se fera de concert avec celui de la Ville de Montréal. À McGill, environ 8 000 tonnes de CO2 sont émises annuellement par les déplacements aériens du personnel et du corps professoral. D’ici l’an prochain, nous commencerons à acheter des crédits pour atténuer une partie des émissions générées par ces déplacements. Ces crédits sont intéressants puisque l’argent sert ensuite à financer des projets de séquestration du carbone, de réduction de GES ou à renforcer la sensibilisation aux enjeux des changements climatiques.