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Entretien avec Jean-Pierre Farmer, nouveau vice-principal adjoint et vice-doyen exécutif (Santé et affaires médicales) de la Faculté

En janvier, Jean-Pierre Farmer, MDCM, est devenu vice-principal adjoint et vice-doyen exĂ©cutif (SantĂ© et affaires mĂ©dicales), succĂ©dant Ă  Samuel Benaroya, MDCM. Le Dr Farmer, expert et innovateur de renom en neurochirurgie pĂ©diatrique, reconnu comme enseignant et mentor, fondateur et premier directeur du DĂ©partement de chirurgie pĂ©diatrique, nous parle de ses prioritĂ©s dans son nouveau rĂ´le et du travail d’équipe qui lui permet de concilier des responsabilitĂ©s cliniques et administratives exigeantes. Ěý

Vous ĂŞtes en poste depuis peu; avez-vous eu le temps de dĂ©terminer les prioritĂ©s qui vous guideront dans vos nouvelles fonctions? Ěý

Certainement! Il y a en fait deux grandes prioritĂ©s. Premièrement, nous devons nous assurer que les stagiaires et les membres du corps enseignant en milieu clinique puissent s’adresser aux patients en français. Ce principe est enchâssĂ© dans la nouvelle loi 96; nous souhaitons donc que tous soient entièrement bilingues, pour pouvoir communiquer avec les patients et les familles francophones ou anglophones dans la langue de leur choix. C’est une prioritĂ© pour nous puisque l’enseignement Ă  McGill se fait traditionnellement en anglais, Ă  l’exception du Campus Outaouais, oĂą la langue d’enseignement est le français. Ěý

L’autre dossier prioritaire est l’augmentation des admissions en mĂ©decine qu’a annoncĂ©e le gouvernement après les dernières Ă©lections. L’effectif Ă©tudiant total que le gouvernement souhaite ajouter en 2024 Ă©quivaut Ă  crĂ©er une cinquième facultĂ© de mĂ©decine au QuĂ©bec – mais sans crĂ©er de nouvelle Ă©cole. Les nouvelles places seront rĂ©parties entre les quatre facultĂ©s existantes, ce qui reprĂ©sente beaucoup de personnes additionnelles Ă  former. Ěý

Quels sont les dĂ©fis que vous entrevoyez dans ces deux dossiers prioritaires? Ěý

Les dĂ©fis sont d’ordre logistique. Du cĂ´tĂ© de la langue, nous pouvons exiger le bilinguisme Ă  l’admission aux Ă©tudes de mĂ©decine, mais c’est un peu plus difficile quand les gens arrivent de l’étranger pour faire leur rĂ©sidence ou leur fellowship sans avoir de connaissance prĂ©alable du français. Nous travaillons fort pour nous assurer que des ressources sont en place pour eux avant de commencer leur formation, très bientĂ´t.Ěý

Quant Ă  l’augmentation de la taille des cohortes, ça ne se fait pas en claquant des doigts. Il ne suffit pas d’augmenter la capacitĂ© des salles de classe – le programme comprend aussi de nombreuses sĂ©ances d’enseignement en petits groupes et de l’apprentissage sur le terrain, en milieu clinique. Il nous faut plus d’espaces d’apprentissage, plus de milieux de stage clinique et, surtout, plus de ressources humaines. Nous ne pouvons pas demander Ă  nos enseignantes et enseignants actuels d’en faire plus, ils font dĂ©jĂ  le maximum. Nous devons augmenter nos effectifs enseignants pour former nos Ă©tudiants et Ă©tudiantes et les aider Ă  devenir d’excellents mĂ©decins, selon les normes prĂ©vues par les organismes d’agrĂ©ment.ĚýĚý

Est-ce un dĂ©fi de succĂ©der Ă  Sam Benaroya, qui en a fait autant Ă  ce poste? Ěý

Oui, c’est un dĂ©fi! Il a accompli tant de choses au cours de ses mandats. Je suis très heureux qu’il soit encore lĂ , car je dĂ©couvre beaucoup de choses au fil du temps. Il a certainement Ă©tĂ© d’une grande aide pendant la transition. Nous avions dĂ©jĂ  travaillĂ© ensemble, quand j’étais vice-doyen Ă  la formation mĂ©dicale postdoctorale et aux affaires professionnelles, il y a 18 ans environ, et que Sam Ă©tait dĂ©jĂ  Ă  ce poste. J’étais allĂ© avec lui Ă  Gatineau pour voir s’il Ă©tait possible d’y offrir la formation en rĂ©sidence dans les spĂ©cialitĂ©s de base, comme la chirurgie, la psychiatrie, l’obstĂ©trique-gynĂ©cologie et la mĂ©decine interne, puisque dĂ©jĂ  Ă  l’époque, nous manquions de sites de formation. Tout ça me rappelle donc beaucoup de souvenirs. Évidemment, ces dossiers ont beaucoup Ă©voluĂ© depuis – Ă  l’époque, on ne parlait pas encore de crĂ©er un nouveau campus Ă  Gatineau, mais c’est maintenant chose faite, avec le Campus Outaouais. C’est entièrement dĂ» au travail de Sam, de Gilles Brousseau et de leurs Ă©quipes.Ěý

En quoi vos fonctions passĂ©es vous aident-elles dans votre rĂ´le actuel? Ěý

Certains pourraient se demander « Mais qu’est-ce qu’un neurochirurgien connaĂ®t Ă  la mĂ©decine de famille? » Mon expĂ©rience comme vice-doyen m’aide beaucoup. Je suis neurochirurgien pĂ©diatrique depuis 1990, mais j’ai aussi rĂ©alisĂ© des mandats administratifs au fil des ans – j’ai Ă©tĂ© directeur de programme, vice-doyen, chef du service de chirurgie pĂ©diatrique au CUSM, puis directeur du DĂ©partement de chirurgie pĂ©diatrique. Je remplace donc un poste administratif par un autre, tout en conservant quelques responsabilitĂ©s cliniques en neurochirurgie pĂ©diatrique. Ěý

Comment le cumul de fonctions se passe-t-il jusqu’à prĂ©sent? Ěý

C’était difficile au dĂ©but – il faut constamment changer de vitesse. Mais nous profitons en ce moment d’un effet secondaire de la pandĂ©mie : l’arrivĂ©e des outils virtuels comme Zoom et Teams, qui aident beaucoup. MĂŞme quand je suis Ă  McGill, je peux participer Ă  des rencontres virtuelles Ă  l’hĂ´pital, discuter de cas de patients et communiquer avec les Ă©quipes infirmières et administratives. Et quand je suis Ă  l’hĂ´pital, je peux assister Ă  des rĂ©unions Ă  la FacultĂ©. Je suis aussi Ă  un stade de ma carrière oĂą je peux ralentir un peu le rythme en chirurgie, sans arrĂŞter complètement. Pour y parvenir, j’ai la chance d’avoir d’excellents collègues qui prennent la relève. Notre travail ne se fait jamais seul et j’ai le privilège d’être entourĂ© d’équipes exceptionnelles, ici Ă  la FacultĂ©, et Ă  l’hĂ´pital Ă©galement. Ěý

Comme neurochirurgien pĂ©diatrique, vous vous dites motivĂ© par la possibilitĂ© d’amĂ©liorer la qualitĂ© de vie de vos patients et de faire avancer votre discipline. Quelles sont les amĂ©liorations que vous espĂ©rez instaurer durant votre mandat comme vice-principal adjoint et vice-doyen exĂ©cutif? Ěý

Le plus important pour moi, c’est d’arriver Ă  faire une diffĂ©rence en travaillant fort. Si on ne parvient pas Ă  le faire, il faut se demander si on est Ă  la bonne place. Hormis les prioritĂ©s que j’ai mentionnĂ©es plus tĂ´t, un autre enjeu me tient particulièrement Ă  cĹ“ur : il faut bien former les gens pour assurer une relève solide en soins cliniques, en enseignement et en recherche. Ěý

Le gouvernement, avec raison, a centrĂ© ses efforts sur la mĂ©decine de famille, pour que tous les QuĂ©bĂ©cois aient un mĂ©decin de famille. C’est le plus important, puisque c’est ainsi que les patients ont accès aux soins de santĂ©. Mais il faut aussi continuer Ă  former assez de spĂ©cialistes, d’autant que leur formation est encore plus longue. Il est essentiel de trouver un Ă©quilibre pour qu’aucun groupe ne soit oubliĂ© et pour pouvoir planifier la main-d’œuvre mĂ©dicale adĂ©quatement. J’espère pouvoir faire une diffĂ©rence lĂ  aussi. ĚýĚý

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