La carrière en composition du pianiste et compositeur Chris Goddard fut initialement motivée par le désir de mieux comprendre la musique. Après avoir commencé le piano à l’âge de sept ans et participé à nombre de chœurs pour garçons, il commença à explorer avidement la musique, et étudia éventuellement la composition et la théorie musicale à l’École de musique Schulich de l’Université McGill. C’est à ce moment que sa curiosité fut piquée de plus belle et, comme il le dit, son « destin fut scellé »: il devait devenir compositeur.
Au niveau de l’écriture, Chris explique qu’il est très flexible en termes d’instrumentation, et qu’il préfère avoir ses compositions jouées par d’autres musiciens. Il va sans dire que ces deux attributs vont de pair avec le format du Concours Graham Sommer. « Habituellement, je suis motivé par toutes les opportunités que je rencontre, peu importe s’il s’agit d’une instrumentation familière ou nouvelle », explique-t-il. « Ces jours-ci, j’ai une légère tendance à m’éloigner des pièces pour instruments solos, probablement à cause de mon affinité pour la polyphonie. Ceci étant dit, je vais sûrement m’éloigner de cette position ».
« C’est une expérience étrange et éclairante que de jouer ma propre musique, mais je trouve cela beaucoup plus satisfaisant d’écouter à l’extérieur de l’interprétation et à travers la collaboration, avec d’autres, autour d’une partition. J’ai appris que si une interprétation de ma musique ne colle pas à mes attentes, cela résulte sûrement d’une erreur dans la notation plutôt que de l’exécution de la pièce. Les réactions des interprètes sont donc très importantes. Je comprends le besoin, parmi certains de mes collègues compositeurs ou interprètes, d’être les ambassadeurs de leur propre travail, mais ceci n’est pas une nécessité dans une musique comme celle que j’écris; c’est assez référentiel, ou “synthétique” ».
Quand il ressort d’anciennes compositions, Chris décrit son évolution en tant que compositeur comme étant très graduelle. « Il n’y a jamais eu de rupture d’une œuvre à l’autre, malgré les circonstances, qui elles changeaient assez drastiquement. À cause de ceci, peut-être, je vois déjà la majorité de mon œuvre comme étant assez juvénile, et aujourd’hui seulement quelques-unes d’entre elles me tiennent à cœur. Pendant ma formation, je me sentais souvent à l’écart de l’esthétique de composition de mes collègues, avec ses résidus du minimalisme et du spectralisme ou je ne sais quoi, surtout à cause de mes inclinaisons pour une ligne de basse active. Mais je crois que c’était une tension très positive… pour une raison inconnue, aujourd’hui je me sens un peu plus comme un participant, et moins comme un marginal ».
« Dans mes œuvres plus récentes, j’ai expérimenté avec une espèce de réappropriation de la triade consonante en l’utilisant dans un langage non tonal; une approche qui a récemment atteint son point culminant dans une œuvre de musique de chambre. Le quintette pour piano [pour le Concours Graham Sommer] va capturer une parcelle de concept, mais je commence déjà à bouger dans une autre direction. Grand merci, je n’ai aucune idée où cela va me mener! Pour l’instant, je tente — à chaque nouvelle pièce (même si je ne les réalise pas) — d’améliorer mes habiletés d’écriture, tout simplement; d’accroître l’étendue des techniques et des sons à ma portée, d’aiguiser mon oreille aux couleurs des instruments, d’augmenter mon endurance créative. Habituellement, cela produit des résultats assez intéressants ».
En plus d’être finaliste pour le Concours Graham Sommer, les prochains mois sont remplis d’événements pour Chris. Cet automne, il défend sa thèse de doctorat à l’École Schulich, il se marie à peu près à ce moment, et en janvier le  crée une de ses pièces à Toronto.